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Mondial 2022 : plusieurs supporteurs Qataris boudent le stade à la mi-temps

«Bien sûr qu’on s’en va, ils perdent» : la fête n’a pas duré longtemps chez les supporters du Qatar

La soirée d’ouverture du Mondial 2022 a vu le Qatar s’incliner deux buts à zéro face à l’Équateur. L’ambiance festive a rapidement laissé place à de l’abattement puis, carrément, à du désintérêt une fois le match mal embarqué.

Ilian a ses souvenirs encore bien en tête. Il y a quatre ans, en Russie, il faisait déjà ce job. Transporter les VIP du stade à leur moyen de locomotion. Un travail confortable qui lui permettait déjà de goûter au plus grand spectacle sportif de la planète. La mi-temps vient d’être sifflée ce dimanche soir au Al Bayt Stadium, une enceinte grandiose plantée en plein désert, mais à vue d’œil, la fête semble déjà finie. « On est d’accord, ça paraît fou ? » balance-t-il, en tournant sur lui-même. Devant lui, des dizaines de spectateurs se suivent, sac de goodies à la main, vers les sorties menant aux immenses parkings. Le Qatar est mené 2-0 par l’Équateur pour le match d’ouverture. Mais le résultat provisoire a déjà eu raison d’une partie de l’assistance.

Les frères Abdulhah ont 14 et 12 ans. Ils vivent dans la ville d’Al-Khor, où a été délocalisé l’un des huit stades du Mondial. Leur place, ils l’ont payée mais n’empêche. Ces deux-là ne sont pas dégoûtés, en colère ou quoi que ce soit d’autre. Ils sont juste blasés par la prestation des leurs joueurs, auteurs d’un premier acte, il est vrai, assez pénible. « Bien sûr qu’on s’en va, ils perdent. La dernière fois, ils avaient gagné 3-0. Là, ils prennent deux buts et des cartons jaunes », rigole le plus jeune.

Les Al-Annabi (« les Bordeaux »), novices à un tel niveau, ont eu énormément de mal à rentrer dans leur match. Comme si la ferveur suscitée par la cérémonie d’ouverture était trop difficile à assumer, la flamme impossible à entretenir, une fois la rencontre lancée.

« C’est un honneur pour nous de pouvoir accueillir un tel événement »

Ce n’est certainement pas ainsi que le pays hôte avait imaginé son début de compétition. La prestation sportive n’a rien d’infamante. Mais le décor – très policé et familial – a quelque peu perdu en splendeur au fil des minutes. Un mini-kop avait été installé au pied d’un des deux buts mais ce folklore n’a pas suffi à retenir une partie du public.

À l’image d’Amar, il y avait de la fierté dans les yeux de nombreux spectateurs au début de la soirée. Cette Palestinienne, née au Qatar, avait pris pour l’occasion des places pour ses trois filles. L’une d’elles, crampons au pied et maillot des Bleus sur les épaules, est ravie de pouvoir échanger quelques mots de français appris à l’école. « Ça va bien ? », articule-t-elle. « C’est un honneur pour nous de pouvoir accueillir un tel événement. On l’a préparé pendant longtemps alors je ne pouvais pas rater ça », se félicite la maman.

À côté d’elles, des Équatoriens viennent également de passer les portiques de sécurité. Quelques soucis d’embouteillage en voiture pour eux, mais « rien de bien dérangeant comparé à l’Amérique du Sud », tempère George, 22 ans. « On est très excités de passer ces dix jours ici ». Le clan équatorien aura donné un peu le ton aux abords du stade. Un îlot de chants et de clameur qui, par moments, a réussi à faire oublier le bourdonnement incessant du système d’air conditionné. Installées au dernier étage du stade, les turbines ne se voient pas mais s’entendent sur le parvis.

À l’intérieur, c’est tout l’inverse. Au sens propre comme au figuré, l’ambiance s’est rafraîchie tout au long de cette soirée 20 novembre 2022. Il est 20h59, le match se termine. 2-0, score final. Et les stands de restauration, finalement privés d’alcool au dernier moment, n’ont toujours pas vraiment trouvé preneurs sur le parvis. Mohamed n’est pas ici. Lui aussi s’est éclipsé à la pause. « C’est comme ça, c’est pas grave, commentait-il furtivement. Moi, j’étais venu pour la cérémonie ». À sa décharge, certains n’ont pas eu sa patience et ont quitté le stade dès la 31e minute de jeu et le deuxième but équatorien.
Libreopinionguinee avec Le Parisien

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