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DISCOURS DE CLÔTURE DU PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT, IBRAHIMA KASSORY FOFANA, LORS DU FORUM DU SECTEUR PRIVÉ POUR LA MISE EN ŒUVRE DU PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT DES ZONES SPÉCIALES DE TRANSFORMATION AGRICOLE (PD-ZSTA)

Conakry, le 23 Juillet 2019 –Mesdames et messieurs les membres du Gouvernement,

Mesdames et messieurs les représentants des partenaires techniques et financiers,

Mesdames et messieurs les représentants d’entreprises et d’organisations professionnelles du secteur privé,

Distingués invités, chers participants,

Mesdames et messieurs,

C’est avec un réel plaisir que je prends part à ce forum du secteur privé, consacré à la thématique des programmes de développement des zones spéciales de transformation agricole.

Je voudrais, tout d’abord, remercier les organisateurs de cet événement important, pour leur dévouement et leur professionnalisme, et, plus largement, pour leur détermination à apporter leur contribution au développement de notre pays et de notre continent.

Au terme de cette journée de forum, je voudrais adresser à tous et à chacun, au nom du Président de la République, le Professeur Alpha CONDÉ, nos sincères remerciements pour votre participation effective, et l’appui aux efforts de développement de la Guinée.

Votre présence et la qualité de vos échanges témoignent de la confiance que vous portez à l’action gouvernementale. Je tiens à saluer et remercier nos partenaires bilatéraux et multilatéraux de développement, en particulier la Banque africaine de développement, dont le soutien a permis de faire de l’organisation de cet événement une réussite.

Monsieur le Représentant résident de la BAD, mon cher Léandre BASSOLÉ, je vous saurais gré de transmettre à mon frère Adesina, Président du Groupe de la BAD, les remerciements de son grand frère le Président de la République de Guinée, ainsi que de tout le Gouvernement, pour tout le soutien que notre banque commune ne cesse d’apporter à notre pays.

Mesdames et messieurs,

On ne saurait assez souligner le rôle stratégique de l’agriculture dans le développement économique et social de l’Afrique. Le secteur agricole, en effet, est un levier économique cardinal pour un développement durable et inclusif du continent.

Il est ainsi parce que, en Guinée, comme ailleurs sur le continent, la très large majorité de nos populations vivent en milieu rural. Le secteur agricole occupe plus de 60% de la population active continentale. En Guinée, il s’agit même de 76% de cette population.

Cependant, les performances de notre secteur agricole demeurent limitées. La valeur ajoutée de l’agriculture à la création de richesse continentale stagne autour de 25% du Produit intérieur brut (PIB). Notre dépendance aux importations de produits alimentaires est encore forte, avec un déficit de la balance commerciale agricole d’environ 35 milliards de dollars. Selon les données de la FAO, plus de 232 millions d’africains sont encore en situation de sous-alimentation.

La faible productivité du secteur, notamment pour ce qui concerne la mécanisation et le recours aux engrais, est la principale explication à ce niveau de performance.

Peu de processus de transformation de la récolte, qui est pourtant le segment le plus rentable de la chaine de valeur agricole, a lieu sur place. Pour ne prendre qu’un exemple, la Côte d’Ivoire, qui représente à elle seule 69% des exportations mondiales de cacao, ne dispose de sa première usine de transformation de la fève de cacao en chocolat que depuis seulement 2015.

Les pertes de récolte, en raison des difficultés, pour les agriculteurs, d’accéder aux marchés de commercialisation, sont une autre explication. Selon la Banque mondiale, entre 10 et 40% de la production agricole africaine est perdue chaque année, du fait du manque d’infrastructures de stockage et de transport. C’est le cas des mangues, oranges et autres fruits et agrumes de la Basse Guinée.

Enfin, les difficultés d’accès au crédit, les incertitudes entourant la propriété́ juridique des terres, expliquent tout aussi les faibles performances de notre agriculture.

Mesdames et messieurs,

Distingués invités,

Notre secteur agricole présente pourtant de très nombreux atouts. L’Afrique dispose de 60% des terres arables non encore exploitées dans le monde, soit plus de 200 millions d’hectares, et n’utilise que seulement 2% de ses ressources en eau renouvelables, contre une moyenne de 5% au niveau mondial.

La Guinée, notre pays, dispose de plus de 6 millions d’hectares, dont seulement le tiers est en exploitation.

Nos populations, jeunes et urbaines, dont les préférences alimentaires évoluent, constituent un marché́ prometteur pour l’agro-business, estimé à 100 milliards de dollars par an à l’horizon 2025.

Selon les estimations du McKinsey Global Institute, les retombées économiques d’un développement de l’agriculture africaine seraient considérables, plus de 800 milliards de dollars par an d’ici 2025.

Aucun autre secteur économique sur le continent ne peut rivaliser avec le secteur agricole en termes de création d’emplois ou de richesse. Notre conviction est que le secteur agro-industriel est susceptible de constituer un vecteur puissant pour la transformation de notre système productif, en contribuant de manière effective à la réduction de la pauvreté. Plus que jamais, la question est de savoir comment intégrer les petites exploitations agricoles, qui constituent l’essentiel de notre secteur agricole, dans les chaînes de valeur.

Mesdames et messieurs,

Chers participants,

Les défis qui se posent ainsi à nos pays placent la question agricole au cœur de l’agenda économique et politique de notre continent. En effet, la plupart des défis actuels de l’Afrique sont en rapport avec la problématique agricole et la sécurité́ alimentaire :

comme l’a révèlé la crise alimentaire de 2008 et, plus récemment, la chute des prix des matières premières, nos économies ont une forte vulnérabilité́ aux fluctuations économiques internationales ;
la pression démographique, elle aussi, re-pose la question de la sécurité́ alimentaire ;
l’adaptation au changement climatique est un autre grand défi, considérant que l’agriculture est responsable de 14% des émissions de dioxyde de carbone.

La conscience de ces défis nous a conduit, nous, responsables politiques africains, à inscrire la question agricole au cœur de l’agenda économique et politique du continent.

À Malabo et Maputo, les chefs d’États et de Gouvernement de l’Union africaine ont pris des engagements forts en faveur de la transformation agricole du continent :

pour consacrer 10% de leurs dépenses budgétaires au secteur agricole ;
et pour favoriser une hausse de la productivité́ agricole de 6% par an ;

Mesdames et messieurs,

Distingués invités,

Ces engagements forts, que nos différents gouvernements s’efforcent de concrétiser, témoignent de la centralité acquise par la question agricole dans les perspectives de transformation de nos économies.

Les débats animés que vous avez eus aussi bien en plénière que durant la table ronde, de même que les échanges fructueux intervenus dans ces cadres, la revue des études sectorielles et thématiques vous ont permis de mieux cerner la problématique du développement durable à travers l’agro-industrie, afin de mieux définir les axes d’une politique conséquente et, surtout, de préconiser des actions à court, moyen et long terme pour sa mise en œuvre.

Je puis vous donner l’assurance que les observations et suggestions pertinentes, les recommandations formulées, seront traitées avec soin. Les engagements pris par le Gouvernement seront mis en œuvre dans des délais convenables.

Je voudrais, plus particulièrement, insister sur le rôle du secteur privé dans la transformation agricole de nos systèmes productifs. L’implication du secteur privé est indispensable pour la réussite des stratégies de transformation agricole, en particulier pour la mise en œuvre efficiente des programmes de développement des zones spéciales.

Il me faut saluer et rappeler ici l’action de la Banque africaine de développement, dont l’implication est ancienne dans le domaine del’agriculture. Entre 2006 et 2014, la BAD a conduit près de 200 opérations en rapport avec l’agriculture, pour un engagement financier de plus de 6 milliards de dollars.

Mais on ne saurait nier que c’est la nomination en 2015 de M. Akinwumi Adesina à la présidence de l’Institution qui a marqué un véritable tournant. Aujourd’hui plus qu’hier, la BAD réussit à convaincre que l’agriculture n’est pas seulement une activité́, c’est aussi, et peut-être surtout, un business.

La stratégie pour le développement de l’agriculture africaine, Feed Africa, Nourrir l’Afrique, impulse un changement de paradigme en vue :

d’atteindre une autosuffisance alimentaire dans les denrées les plus importantes ;
d’améliorer la chaîne de valeur dans la production destinée à l’exportation ;
d’assurer la sécurité́ alimentaire, en particulier au Sahel ;
et de tirer parti du potentiel de la savane guinéenne.

La BAD estime entre 315 et 400 milliards de dollars le niveau des investissements requis sur la période 2015-2025 pour pouvoir impacter significativement la vie de nos populations. Soit un niveau d’investissement annuel compris entre 32 et 40 milliards USD. La BAD y consacrera une enveloppe annuelle de 2.4 Mds USD$ au titre de sa participation au financement des investissements requis.

Ce niveau d’investissement n’est pas irréaliste. L’Asie de l’Est a été capable de sortir 400 millions d’individus de la pauvreté́ en l’espace de dix ans, en investissant massivement dans l’agriculture, tandis que les investissements dans le secteur agricole africain n’ont été que de 9 Mds USD$ en 2014.

Mesdames et messieurs,

Chers invités,

Vous l’aurez compris, une mobilisation du secteur privé est essentielle pour la réussite des programmes de développement des zones spéciales de transformation agricole.

Il s’agit, en premier lieu, d’assurer un meilleur accès au crédit. Les difficultés d’accès au crédit, en particulier pour les femmes, constituent un frein à l’ambition d’une transformation agricole. Dans sa très large majorité, notre secteur agricole africain est composé de petites exploitations, dont la taille et la rentabilité́ apparaissent étroites pour accéder plus facilement aux crédits. En 2015, par exemple, les crédits bancaires au secteur agricole ont été de 660 millions de dollars, soit seulement 4,8% du total des crédits bancaires accordés sur le continent (14 milliards de dollars).

Les pouvoirs publics ont incontestablement un rôle à jouer ici. Des instruments de crédit et d’assurance plus innovants émergent sur le continent, avec l’objectif d’apporter des solutions viables à l’accès au crédit, comme c’est le cas du dispositif NIRSAL, le Nigeria Incentive-Based Risk Sharing System for Agricultural Lending (NIRSAL), qui est un instrument de couverture du risque encouru par les établissements bancaires pour les prêts accordés au secteur agricole.

Dans ma déclaration de politique générale devant la Représentation Nationale, j’avais déjà indiqué que la Guinée devrait s’inspirer de ce mécanisme pour accompagner notre transformation agricole.

Mais le rôle qui incombe au secteur privé est encore plus important. Un consensus existe aujourd’hui, pour que la transformation envisagée du secteur agricole repose principalement sur le secteur privé, et ce d’autant plus que les marges budgétaires des différents États sont contraintes et contraignantes.

Une configuration optimale pourrait être la mise en place de cadres de renforcement des partenariats entre acteurs publics et privés pour assumer les efforts d’investissement requis, et tirer ainsi profit du potentiel agricole de l’Afrique et de ses retombées économiques. Le dispositif Grow Africa,une initiative du Forum économique mondial et de l’Union africaine, pourrait servir de plateforme pour des partenariats public-privé. Cette initiative qui a pour objectif de générer des partenariats entre les États africains et le secteur privé, est à même de mobiliser les ressources nécessaires au développement de l’agriculture.

Chers partenaires techniques et financiers,

Chers opérateurs du secteur privé,

Je sais que vos engagements seront tenus. Je tiens à vous assurer que le Gouvernement tout entier se tient à votre entière disposition pour l’attente des objectifs convenus.

J’adresse mes sincères remerciements à tous ces invités, nationaux et internationaux, exposants, conférenciers et participants, qui, malgré leurs contraintes diverses, ont accepté de se joindre à nous.

Les défis qui nous attendent sont de taille. Seule une collaboration étroite entre les pouvoirs publics, le secteur privé national et international et les partenaires techniques et financiers permettra de faire face aux enjeux et de relever les défis.

Distingués invités,

Excellences mesdames et messieurs,

C’est en invitant à la collaboration étroite des uns et des autres, que je déclare clos les travaux du Forum du Secteur Privé pour la mise en œuvre du Programme de développement des zones spéciales de transformation agricole.

Je vous remercie.

Transmis par la Cellule de Communication du Gouvernement

 

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