Un migrant retourné témoigne : « les Algériens envoyaient leurs chiens pour nous mordre »
En marge de la célébration de la journée internationale des migrants hier, vendredi 19 décembre 2020, plusieurs migrants retournés ont accepté de témoigner sur leur mésaventure. C’est le cas de Mamadou Cellou Diallo, peintre, décorateur et calligraphe, rencontré par un journaliste de Guineematin.com, à Conakry. Après avoir survécu à l’enfer algérien, il est revenu à la case départ et s’est attelé à reconstruire sa vie.
C’est en 2008, année à laquelle son père est décédé, que la vie de Mamadou Cellou Diallo a basculé. Le jeune élève abandonne les études et commence à apprendre un métier. « C’est après le décès de mon papa en 2008 que j’ai décidé d’abandonner l’école pour me lancer dans la peinture et la décoration. Mais, vu que la situation de ma famille était compliquée et c’est mon jeune frère qui travaillait pour assister parfois ma pauvre mère, j’ai décidé de prendre la route de l’Europe. Ce, après tant d’encouragements de la part de mes amis qui me disaient que je pouvais réussir en Europe avec mon métier de peintre », explique-t-il.
En 2014, Mamadou Cellou Diallo quitte sa Guinée natale avec l’objectif de traverser la méditerranée pour se retrouver dans « l’eldorado » européen. Mais, son espoir ne tardera pas à être déçu. Dès qu’il a foulé le sol algérien, son cauchemar a commencé. « Quand nous sommes arrivés dans le désert là-bas, nous avons rencontré toute sorte de torture. Les Algériens envoyaient leurs chiens pour nous mordre, ils nous soutiraient aussi de l’argent et tout autre objet qu’ils trouvaient important.
J’ai même perdu deux de mes amis là-bas, ils ont succombé aux tortures qu’on nous infligeait. Moi, j’ai fait plus d’un an en prison. Finalement, les Algériens ont décidé un jour de faire sortir tous les noirs qui étaient détenus pour nous montrer la route qui mène à la frontière du Niger. Nous avons fait deux jours de marche pour arriver au Niger, complètement épuisés », se remémore notre interlocuteur.