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RCA: Human Rights Watch accuse les paramilitaires russes de meurtres et tortures sur des civils

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch publie, ce mardi 3 mai, un rapport dénonçant des forces liées à la Russie, qui pourraient appartenir au groupe paramilitaire Wagner, d’avoir sommairement exécuté, torturé, battu des civils en février 2019 et novembre 2021 en Centrafrique.

Des « preuves convaincantes » démontrent que des paramilitaires russes soutenant le pouvoir en Centrafrique y ont commis « de graves abus » sur des civils, dont des meurtres et tortures, « en toute impunité » depuis 2019. C’est ce qu’estime Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié ce mardi 3 mai.

Pour Lewis Mudge, directeur Afrique centrale pour l’organisation, il n’y a pas de doute sur l’origine de ces hommes armés, même si leurs activités dans le pays restent encore très floues. « Les Centrafricains sont très capables de distinguer les forces étrangères d’un autre pays comme la France, par exemple, et les forces qui parlent russe, qui circulent avec des véhicules russes, qui portent les mêmes tenues que les soldats russes qui se trouvent à Bangui ou bien à Berengo », explique-t-il au micro de Sébastien Németh de RFI.

Preuves des gouvernements occidentaux et de l’ONU

Le rapport établit clairement un lien, en s’appuyant sur des « preuves » avancées par des gouvernements occidentaux et des experts de l’ONU, entre ces « forces russes » et Wagner, qui a, selon lui, « des liens manifestes avec le gouvernement russe ».

« Le crime le plus grave qu’on a documenté, c’était une exécution sommaire en masse, le 28 juillet 2021 au nord de la ville de Bossangoa en plein jour et contre des gens qui n’étaient pas armés. On a documenté une dizaine de morts, ça peut être un crime de guerre », estime Lewis Mudge.

« À part ça, on a documenté plusieurs cas de détention, des tortures faites à Alindao, dans la Basse-Kotto, dans un camp militaire qui était dirigé par les Russes, armés, en train de circuler avec les forces nationales. »

Sollicités par HRW sur les accusations du rapport, ni le gouvernement centrafricain, ni le ministère russe des Affaires étrangères n’ont donné suite, selon l’ONG. « On a posé des questions au gouvernement centrafricain et bien sûr le gouvernement russe, et jusqu’à maintenant nous n’avons pas leur réponse », poursuit-il. La Russie affirme systématiquement que les paramilitaires russes sont des « instructeurs militaires non armés » chargés d’entraîner les soldats centrafricains.

Une guerre civile qui a baissé d’intensité

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La Centrafrique, l’un pays des plus pauvres du monde, est le théâtre depuis 2013 d’une guerre civile très meurtrière au début, mais qui a considérablement baissé d’intensité depuis 2018. Le président Faustin-Archange Touadéra a toutefois appelé, fin 2020, Moscou à la rescousse d’une armée faible et démunie pour repousser une offensive rebelle qui menaçait Bangui et le régime.

Des centaines de paramilitaires russes, des « mercenaires » de la société privée de sécurité Wagner, selon l’ONU et des capitales occidentales, ont été envoyés en renfort de centaines d’autres qui soutenaient le régime déjà depuis 2018. Grâce à eux, les groupes armés, rebelles ou simples prédateurs, ont été repoussés d’une majorité des deux tiers du territoire qu’ils occupaient encore en 2020.

Mais l’ONU, l’Union européenne et des pays comme la France notamment, accusent les « mercenaires » de Wagner de commettre des crimes et exactions contre les civils, et le pouvoir de Faustin-Archange Touadéra de les laisser piller les ressources du pays en échange de leur soutien militaire.

(Et avec AFP)

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