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Guinée : « Air Sénégal n’a pas respecté la procédure » dans le transport des corps selon les autorités guinéennes

Depuis plus de 72 heures, trois corps ”non déclarés” hantent sérieusement la liaison aérienne entre Conakry et Dakar. Un vol de la compagnie Air Sénégal a été interdit samedi dernier de débarquer des corps qu’il a transportés de Paris. Les autorités de Conakry ont poliment demandé à la compagnie sénégalaise de retourner avec les corps pour se soumettre à la procédure qui sied. Un argument que la compagnie a réfuté avec force lundi. Selon la presse sénégalaise, Air Sénégal s’est fendue d’un communiqué pour démentir les autorités guinéennes.

« L’affirmation selon laquelle ce vol aurait été opéré sans en déclarer l’objet est non seulement fausse mais également contraire aux règles élémentaires de sécurité du transport aérien. Le survol, l’atterrissage ainsi que le l’objet du vol cargo ont reçu les autorisations formelles et écrites des autorités d’aviation civile des trois pays concernés : la France, le Sénégal et la Guinée ; celle de l’Autorité Guinéenne de l’Aviation Civile vol cargo Dakar Conakry portant le numéro 0304/05/2020/Agac », dit la compagnie, citée par IGFM. Et d’ajouter : « de plus que l’ambassade de Guinée en France a délivré les laissez-passer mortuaires autorisant le transport des corps jusqu’à Conakry. De plus, le détail précis du chargement de l’avion a été transmis au préalable, à la société d’assistance en escale de l’aéroport de Conakry qui, à l’arrivée sur place, a refusé la prise en charge ». A ce niveau, il y a un hic.

Pour tirer au clair l’affaire, nos confrères de Mediaguinee est entré en contact avec l’ambassade de Guinée à Paris sur laquelle repose d’ailleurs la défense de la compagnie Air Sénégal. Celle-ci a avoué ne rien savoir de toute cette opération.

« Il ne revient pas à l’ambassade de dire à une compagnie comment elle doit se comporter. Ici, en France, nous recevons régulièrement des compatriotes en détresse qui parfois ont des corps. Nous les assistons. Nous faisons ce que nous devons faire, en fonction de la législation française. Depuis vendredi, on a appris tout ce bruit autour cette opération. Nous ici, tant qu’on n’a pas l’autorisation de Conakry, on ne peut rien décider. La preuve, récemment, un frère de l’ambassadeur Amara Camara a été enterré ici à Paris. Pourtant le souhait du défunt était d’être ramené en Guinée pour y être enterré auprès des siens. On ne savait pas qu’il y avait une telle opération. Le problème il est administratif. L’ambassade n’a pas outrepassé ses droits », se défend la chancellerie.

A l’aéroport de Conakry, les autorités restent fermes : Air Sénégal a violé la procédure de vol en période de pandémie.

Sur la foi des documents parcourus par Mediaguinee, il ressort clairement que les autorités de Conakry avaient bien prévenu Air Sénégal.

Un responsable de l’aéroport de Conakry nous indique qu’ils ont joint le responsable commercial de la compagnie Air Sénégal au téléphone. A défaut d’avoir le Chef d’Escale qui est à Dakar.

Selon nos sources, la compagnie a bien demandé une autorisation d’atterrir à l’AGAC de Conakry mais ”n’a pas fait de demande de traitement à la SOGEAC”.

“La compagnie a obtenu un permis qui nous a averti qu’un cargo standard arrivait ce jour sans que nous sachions (AGAC et SOGEAC) que des corps étaient à bord”, insistent nos sources.

Pour en avoir le cœur net, nous avons joint un autre haut responsable de l’aéroport international de Conakry qui, en français facile, a motivé la décision guinéenne.

 

« La Guinée a autorisé un vol cargo ordinaire. En période de pandémie, pour transporter des personnes ou des corps humains il faut bien une demande spéciale. Dans la demande, Air Sénégal ne l’a mentionné. Le corps en période de pandémie est considéré comme une marchandise dangereuse. Par conséquent, il faut une autorisation spéciale et un traitement spécifique. En Guinée, pour transporter des personnes ou des corps, il faut une autorisation des autorités supérieures. Les corps, ce sont l’ANSS et la Croix-Rouge qui doivent en principe les réceptionner. Comment comprenez-vous que ce jour, aucun d’eux n’était informé ? L’avion est venu avec un manifeste ordinaire et une LTA (lettre de transport aérien). Ils n’ont envoyé aucun document sanitaire. Le numéro qu’il ont mis dans leur communiqué est une autorisation d’un cargo ordinaire qui ne transporte que la marchandise, pas de corps humain. En tant que professionnels, ils savent pertinemment qu’en cette période, il faut une autorisation spéciale pour transporter les corps humains et les passagers. ».

Alors question : pourquoi Air Sénégal qui a des années d’expériences dans le transport a-t-elle brûlé toutes ces étapes pour atterrir à Conakry avec des corps non déclarés ?

Mediaguinee 

 

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