Macka Baldé est le vice-président du parti politique dénommé Nouvelles Forces Démocratiques (NFD), Directeur général adjoint de l’Agence nationale du volontariat jeune (ANVJ) au ministère de la Jeunesse et Emploi-jeunes. Membre du conseil d’administration de l’agence nationale d’inclusion économique et sociale ANIES. Dans cette interview qu’il a bien voulu accorder à notre reporter, plusieurs sujets liés à l’actualité nationale ont été abordés. Notamment, la mission et les objectifs de l’Agence nationale du volontariat jeune ; les vraies raisons du départ des NFD de l’opposition républicaine, son regard sur l’échiquier politique actuel de la Guinée, mais aussi le choix du président Alpha Condé comme candidat du RPG et de ses partis alliés à la présidentielle. Lisez…

Le Standard : Votre parcours scolaire, universitaire…

Macka Baldé : Je suis diplômé de l’Université d’EFICOM en France. Je suis journaliste de profession. J’ai fait la communication et la science politique. Je suis aussi détenteur d’une licence en business management à l’institut Paul Bert de Paris.  Bien avant mon départ de la Guinée pour la France, j’ai étudié dans certains établissements du pays.

Vous avez bénéficié de la confiance du président Alpha Condé qui vous a nommé Directeur général adjoint de l’Agence nationale du volontariat jeune. Parlez-nous de la mission et des objectifs de cette Agence ?

L’Agence nationale du volontariat jeune est un EPA qui est logée au ministère de la Jeunesse et de l’Emploi-jeunes. C’est une agence qui aide les collectivités locales à travers le pays. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que souvent nous avons des déficits à l’intérieur du pays en ce qui concerne le nombre d’enseignants, de médecins, aides-soignants et sages-femmes. Même au niveau des préfectures, des mairies, nous avons ce problème qu’on appelle le problème de l’Etat civil. C’est-à-dire les personnes qui vont saisir l’acte de naissance des nouveau-nés. Nous avons aussi souvent les problèmes de protection de l’environnement à l’intérieur du pays. Donc, l’ANVJ recrute les jeunes, les forme et les déploie à l’intérieur du pays. Et même à Conakry, nous déployons nos volontaires. Mais, la grande majorité de nos volontaires sont déployés dans les collectivités locales, puisqu’ils sont dans le besoin plus que ceux qui sont dans la capitale. Souvent, vous avez des personnes qui sont mutées, mais qui n’y restent pas. Elles vont pour faire quelque temps et puis elles reviennent. Et ça, c’est un problème. Parce que si vous prenez par exemple une sous-préfecture qui n’a pas d’aide-soignant, des maitres pour pouvoir enseigner les enfants, souvent nous assistons à des cas où c’est les parents d’élèves qui cotisent pour payer les enseignants. Nous, au niveau de l’ANVJ, comme chaque année nous faisons une tournée nationale qu’on appelle la caravane nationale citoyenne, une fois que nous nous rendons dans les 33 préfectures, nous rencontrons la première autorité qui est le préfet, le maire, le gouverneur etc. Donc, avec eux, nous discutons des besoins que la population exprime. A travers ces besoins, nous prenons bonne note. Une fois au département, nous examinons la demande et nous orientons nos volontaires en fonction de ces demandes. Voila un peu le but de l’ANVJ. Le volontariat aujourd’hui est un levier de développement d’un pays. Nous sommes une structure qui est protégée par une loi votée à l’Assemblée nationale et par des décrets portant le statut, règlement intérieur et fonctionnement de l’ANVJ qui sont signés par le Chef de l’Etat. Donc, l’ANVJ se bat sur le terrain pour combler le manque d’enseignants, de médecins et dans d’autres secteurs.

Comment ces volontaires sont recrutés ?

Nous recrutons les volontaires à travers un concours que nous lançons. Une fois que le concours est lancé, ces volontaires déposent leurs candidatures au niveau local, chez le DPJ (Directeur Préfectoral de la Jeunesse) qui présélectionne les candidatures. Parce que chaque année, nous avons des objectifs à atteindre. Nous avons aussi un but. Par exemple, ceux qui sortent des universités et qui n’ont pas la chance d’avoir de stages, des fois, on les recrute pour leur donner la chance. Non seulement, ils auront un contrat, mais aussi une attestation ou un satisfecit. Parce que souvent on leur dit quand ils viennent chercher leur premier emploi qu’ils n’ont pas d’expérience. Et cette année, on nous a demandé 50, 100, 200 enseignants contrairement à l’année passée où, on nous a demandé 20, 30 enseignants. On nous a demandé aussi de prendre en compte le cas des aides-soignants et des médecins et d’autres corps. Et, nous examinons les demandes pour pouvoir nous situer.

Quels sont les défis qui s’imposent à votre Agence et qui doivent être relevés ?

Par exemple cette année 2020, nous avons un projet de recrutement de 4. 664 volontaires. Parce que le défi à relever, c’est d’aider les collectivités, ceux qui sont à l’intérieur. On a des volontaires dans les différentes communes de la capitale, mais le gros problème c’est à l’intérieur du pays. Faites un tour à l’intérieur du pays, vous constaterez qu’il y a un déficit de ressources humaines à relever un peu partout. Et, nous voulons être une structure qui déploie sur le plan national, être présente partout. Nous contribuons aussi à faire la sensibilisation à travers des caravanes nationales citoyennes qu’on organise chaque année, qui nous permettent d’aller rencontrer les populations à la base.  Donc, nous avons beaucoup de défis à relever, parce qu’il faut d’abord enseigner ce qu’on appelle l’esprit de volontariat.

Si on vous demandait de faire un résumé des acquis de votre Agence, qu’allez-vous dire à ceux qui auront la chance de lire cette interview ?

Aujourd’hui, le volontariat est beaucoup apprécié. Et, ce qui nous importe, c’est ce que la population locale pense de notre structure. On a beaucoup de satisfécits. La majeure partie des volontaires qu’on déploie reviennent avec des satisfécits décernés par les autorités et les citoyens de ces localités. Des fois quand leur contrat qui varie entre 6 mois à 2 ans prend fin, ça trouvera aussi qu’ils ont un emploi, parce qu’ils ont déjà suffisamment d’expérience, d’atout, pour pouvoir être sur le marché de l’emploi. Le volontariat, c’est aussi le but d’aider les jeunes à sortir de la précarité. Donc, nous donnons la chance aux jeunes de s’intégrer, d’avoir confiance en eux.

 Vous êtes un jeune engagé dans la politique depuis des années. Expliquez-nous comment vous y êtes arrivé ?

J’ai commencé par les ONG en Guinée vers les années 2000. J’étais membre-fondateur d’une association qu’on appelle la ‘’Jeunesse Royale’’ qui était implantée sur toute l’étendue du territoire national, même au sein des universités qui existaient à l’époque. Notamment à Kofi Annan, Gamal Abdel Nasser, Kankan, Faranah et Boké. Donc, depuis ça, bien que je fusse étudiant, j’ai eu le goût de la vie associative qui nous a ouvert l’esprit. C’est ainsi que nous avions dit que les ONG sont bonnes, mais nous pouvions aller au-delà des ONG. Donc, on s’est engagé à créer un parti politique qui s’appelle NSG (Nouvelle Société pour la Guinée). Bien que j’en étais l’initiateur, je n’ai pas accepté d’être président de ce parti, je suis resté comme porte-parole. Mais à un moment donné, j’ai vu que les jeunes avec lesquels j’évoluais à l’époque, on n’avait pas les mêmes objectifs ou les mêmes ambitions. Parce que certains devant le matériel, ils ne sont pas stables. Donc, moi, j’ai dit que je ne m’engage pas dans la politique pour gagner de l’argent tout de suite. D’abord le combat politique, c’est pour le bien-être des citoyens. Et, si tu t’engages sur ce chemin, parfois tu dois oublier les privilèges. Donc, comme ce n’était pas le cas chez eux, j’ai quitté ce parti. J’ai encore l’agrément de ce parti. Et, à travers Bah Oury et Dr Saliou Bella, je suis venu à l’UFDG où j’étais membre de la cellule de communication et chargé des affaires médiatiques en 2010. C’est en 2013 que j’ai quitté l’UFDG pour venir aux Nouvelles Forces Démocratiques (NFD) auprès de mon frère et ami Mouctar Diallo qui a un parcours exceptionnel. Avec lui, j’étais élu comme vice-président du parti. Et, depuis 2013 je mène le combat politique au sein des NFD.

Comment se portent les NFD après votre alliance avec le parti au pouvoir ? Parce que certains estiment que votre parti a perdu du poids sur le terrain même dans vos fiefs….

Les dernières élections législatives démontrent que les NFD se portent bien. Nous avons trois (3) députés. Nous sommes le seul parti en Guinée, à part le RPG, à avoir un député uninominal. Tous les autres partis n’ont eu que des députés sur la liste nationale. Donc, nous sommes la troisième force politique de la Guinée après le RPG, le parti d’El hadj Mamadou Sylla. Alors, c’est pour vous dire que le parti n’a pas perdu du poids, sinon il ne peut pas se retrouver troisième en Guinée, deuxième au niveau de la majorité présidentielle, au niveau de la CODECC. Ce poids-là est confirmé au niveau national, ce n’est pas ce que les gens racontent dans le quartier. Donc, c’est pour vous dire que le parti se porte à merveille.

Beaucoup de choses ont été dites depuis le départ des NFD de l’opposition républicaine. Dites-nous ce qui a réellement motivé ce départ ?

Nous avions décidé de quitter l’opposition républicaine, parce que cette opposition ne savait plus ce qu’elle devait faire. A un moment donné, nous avons dit que depuis 2010, l’élection d’Alpha Condé, nous continuons à manifester et nous avons eu beaucoup de morts. Donc, à un moment donné, il faut savoir changer de stratégies. C’est-à-dire que la politique des manifestations était préjudiciable pour nous les opposants à l’époque, pour le peuple et pour le gouvernement pour la simple raison que quand vous manifestez tous les temps à Conakry, les investisseurs qui voulaient venir quand le Professeur Alpha Condé était élu ne voulaient plus venir. Et, pourtant, c’est eux qui vont faciliter la croissance en Guinée. La création des emplois, tout passe par eux. Le premier employeur dans un pays, c’est le secteur privé. L’Etat n’emploie pas plus de 2% parce que c’est des fonctionnaires. A part ceux-ci, l’Etat n’emploie pas. Mais, il facilite, crée et sécurise les investisseurs dans le pays et crée la croissance. Donc, nous avions constaté que le pays était en train de dégringoler, le niveau de vie des guinéens était en train de baisser, il y avait des tueries, l’instabilité. Donc, à un moment donné, nous avons dit qu’il fallait qu’on change de stratégie. Comme nos collègues de l’opposition à l’époque n’ont pas compris, nous avons créé le FAD (Front pour Alternance Démocratique) qui regroupait Mouctar Diallo, Aboubacar Sylla, Jean Marc Telliano et d’autres. La création de ce front était comme un séisme au sein de l’opposition républicaine, parce que les gens disaient que c’était pour isoler Cellou Dalein. Je dis non ! Mais c’était de dire stop à toutes ces manifestations et morts d’hommes. C’est ainsi que nous avons accepté la main tendue du Président de la République. Nous avons accepté cette main tendue, c’est pour aider le gouvernement dans ses actions. Et, il nous a donné cette opportunité en confiant le ministère de la Jeunesse et de l’Emploi-jeunes à Mouctar Diallo qui fait des résultats aujourd’hui. C’est dans ce contexte que j’étais nommé aussi à ce poste pour participer à cette gouvernance. C’est pour vous dire que nous avons beaucoup retardé au sein de cette opposition, parce que ce n’était pas la première main tendue du Président Alpha Condé. Et, on est mieux utile ici que d’être dans les rues. Parce qu’ici, on aide les jeunes à s’épanouir.

Quel est votre regard sur l’échiquier politique guinéen de nos jours ?

C’est vrai qu’il y a beaucoup de mouvements fantômes, il y a des jeunes qui sortent un peu partout pour dire qu’ils sont présidents de partis politiques. Tout est normal, c’est la politique. Mais en ce moment, on peut dire que la politique guinéenne est pourrie. Parce que la majeure partie des gens ne font pas la politique par conviction. Et, nous, notre choix c’est les NFD, et même quand nous étions dans l’opposition, les choix du parti étaient toujours confirmés. Aujourd’hui, je conseillerai à l’opposition radicale de participer à cette élection du 18 octobre, parce que si elle ne participe pas, elle sera dans le désert pendant six ans encore. Le prochain mandat du Président Alpha Condé sera de six ans. Donc, si elle participe, elle sera toujours dans la vie politique, même si elle ne remporte pas.

Quel message avez-vous pour d’autres jeunes qui vont lire cette interview ?

Le conseil que je donne, d’abord les jeunes doivent s’engager politiquement. S’ils ne s’engagent pas, ceux qui s’engagent viendront dicter leur droit sur eux. Parce que la politique de la chaise vide n’a jamais payé. Et deuxièmement, quand vous regardez sur les réseaux sociaux les jeunes dire tel est médiocre, et pour le moment ce sont ces médiocres qui se feront des places. Parce que ceux qui se disent intellectuels ne font pas de la politique. Ils sont assis dans leur coin et ils refusent de s’engager politiquement. Et, si tu ne fais pas la politique, elle te fera. Parce que partout dans le monde, c’est le politique qui gouverne. Seul le politique qui donne les directives du pays. C’est lui qui permet à ce qu’il y ait la croissance, la sécurité. Et, sans le politique il n’y a pas l’administration. Les gens ont l’habitude de dire que l’administration est apolitique, je peux dire qu’aujourd’hui partout dans le monde même en Europe où j’étais, l’administration est politique. Ça commence par les conseillers communaux jusqu’aux maires, les préfets, les gouverneurs, les ministres et le Président. Tout est politique, même l’Assemblée nationale. C’est eux qui votent les lois et contrôlent l’action du gouvernement. Donc, si elle n’est pas politique comment ces députés sont arrivés là-bas ? Et, ce que je veux ajouter, nous, au niveau de la CODECC, on a fait notre choix pour l’élection présidentielle du 18 octobre prochain et qui n’est autre que le Président de la République Pr Alpha Condé. Nous espérons qu’il acceptera ce choix pour le bien de la Guinée.

Propos recueillis par

Alpha Camara

Source : Lestandartguinee.com