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Durcissement du confinement : le gouvernement Français sous pression

Les professeurs des Universités et praticiens hospitaliers de France poussent un cri d’alerte pour un strict respect du confinement, tandis que le Conseil d’Etat s’est prononcé ce dimanche soir pour la révision de certaines autorisations de déplacements.

C’est un document ô combien attendu, qui arrivera ce lundi sur le bureau d’Emmanuel Macron : l’avis du Conseil scientifique créé en raison du Covid-19sur la durée et l’étendue du confinement. Un élément clé dans sa prise de décision. Il faut aussi compter avec la nouvelle donne de ce week-end. Car le corps médical compte se faire entendre. Ce sont ces professeurs des Universités et praticiens hospitaliers de toute la France qui poussent ce « cri d’alerte pour un strict respect du confinement », que nous publions.

« Le syndicat Jeunes médecins a, par ailleurs, réclamé « un confinement total » devant le Conseil d’Etat. Si l’institution refuse « d’ordonner le confinement total de la population », elle « enjoint » au gouvernement de revoir certaines autorisations de déplacements, au motif que « la portée de certaines dispositions présente néanmoins un caractère ambigu au regard en particulier de la teneur des messages d’alerte diffusés à la population ».

Attendons l’avis Conseil scientifique », tempérait-on à Matignon ce dimanche soir, martelant la ligne : « Il faut prendre en compte, comme dès le début, les avis scientifiques, prendre les meilleures dispositions pour protéger les Français et expliquer les motivations de chaque mesure. » Il n’empêche. La pression monte. Car il y a aussi les exemples étrangers, en premier lieu l’Italie, frappée de plein fouet, qui stoppe toute activité productive non essentielle. L’opposition, elle, durcit le ton, concentrant pour l’heure ses reproches sur l’impréparation du gouvernement.

« Tout n’est pas transposable »

« On ne fait pas les choses sous le coup de l’émotion. Il y aura toujours quelqu’un qui demandera de faire plus dur. Mais on ne veut pas dévier du fait que l’on a toujours pris nos décisions en fonction d’un consensus scientifique et médical », rappelle la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, qui ajoute : « Il y a une forme de facilité à dire : Faisons un vrai confinement à la chinoise. Mais tout n’est pas transposable. Nous sommes dans un régime démocratique et il ne faut pas remettre en cause ses principes à la légère et sans contrôle parlementaire. »

Dans les rangs du gouvernement, nul pour nier que le prolongement du confinement au-delà de quinze jours apparaît inéluctable. « Il me semble qu’on y va tout droit », souffle un ministre, quand l’entourage d’Edouard Philippe admet qu’il s’agit là d’une hypothèse « fort probable ». « C’est absolument certain », avance un autre membre du gouvernement, moins assuré sur la question du durcissement des mesures en vigueur.

« Il y a la double contrainte du Restez chez vous et du Continuez à travailler », poursuit ce ministre. Un équilibre que le gouvernement tente de tenir, au risque de se voir accuser de ne pas en faire assez. Mais il en va, argue-t-on dans les ministères, d’enjeux économiques, comme de vie quotidienne. Ils sont nombreux, les ministres, à souligner que des secteurs n’apparaissant pas comme essentiels, le sont, en réalité. Exemple fréquemment cité : les fabricants d’emballages carton, qui servent aussi bien pour le conditionnement des médicaments que pour celui des pâtes…

« Ça commence à infuser »

« Durcir le confinement, c’est déjà réussir à le faire respecter correctement. Les résultats seront meilleurs dès lors que les gens l’appliqueront strictement. C’est déjà ça qu’il faut obtenir avant de réclamer plus, fait valoir la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. C’est notamment pour cela que l’on a permis, et parfois encouragé, les maires à affiner, voire durcir, les mesures au niveau local. » D’où, aussi, le renforcement des contrôles et le durcissement des sanctions en cas d’infraction aux règles de confinement. Dimanche soir, Beauvau n’a d’ailleurs pas manqué de communiquer le nombre d’infractions pour non-respect du confinement constatées depuis mardi midi : 91 824. Certes, « il y a encore des gens qui jouent aux cons », observe un ministre. Mais le chef du gouvernement, Edouard Philippe, « très préoccupé dimanche dernier », selon son entourage, « considère que ça commence à infuser ». Selon l’Elysée, il n’est pas exclu qu’Emmanuel Macron prenne la parole pour dresser un bilan de cette première période de confinement « à l’horizon du week-end prochain, sauf si des éléments d’informations nouveaux le nécessitent ».

Un conseiller ministériel le rappelle, « il faut accepter le fait que ce soit très évolutif, jour après jour ». En témoigne cette précaution prise par la porte-parole du gouvernement : « On ne peut pas garantir que l’on ne durcira jamais les règles, mais tout dépendra de l’avis du Conseil scientifique et du comportement de chacun. »

Le Parisien

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