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Décès de Kadiatou Sow, accidentée à Tondon : « Elle a été refoulée aux urgences d’Ignace Deen… », témoigne son beau-frère

Kadiatou Sow est l’une des victimes de l’accident survenu sur la route Dubréka-Telimelé, samedi 11 juin 2022, dans lequel dix personnes ont perdu la vie, selon un bilan officiel. Cette étudiante qui voyageait avec sa sœur nourrice, n’était pas décédée sur place. Après l’accident, elle a été évacuée d’abord à Dubreka avec d’autres blessés. Selon son beau-frère, Alsény Bah, elle était consciente. De Dubreka, elle a été a référée vers Ignace Deen pour une prise en charge adéquate. Mais une fois arrivée vers 21h, ils n’ont pas été reçus, selon M. Bah.

Après 30 minutes de tractations infructueuses, ils se sont résolus à venir vers l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne. Là également, ils se sont heurtés au refus des médecins trouvés sur place, explique le beau-frère de Kadiatou Sow, la victime. Selon M. Alsény Bah, ils sont restés pendant une heure devant les urgences. C’est dans cet intervalle qu’elle est décédée. Son témoignage est pathétique. Explications.

 » Ma belle-sœur Kadiatou fait partie des victimes de l’accident tragique survenu à Bady Tondon sur la route Dubréka-Télimélé, samedi 11 juin 2022. Quand un ami a vu une vidéo de l’accident sur les réseaux sociaux, il m’a appelé tout en me demandant de joindre ma belle-sœur Kadiatou parce qu’on lui aurait dit qu’elle et sa sœur ont tous perdu la vie. 

Et quand j’ai appelé le numéro de ma belle-sœur, c’est le gendarme qui a fait le constat qui a répondu. Je lui ai demandé de me dire sincèrement si ma belle-sœur était morte ou en vie ? A cet instant, le gendarme m’a dit qu’elle était en vie et qu’ils les ont évacués à l’hôpital préfectoral de Dubréka. Je me suis aussitôt dirigé là-bas. J’ai trouvé qu’effectivement elle n’était pas morte.  Alors que pendant ce temps, dans la grande famille, certains disaient qu’elle était morte sur place. Les gens en pleuraient.

A l’hôpital de Dubreka, quand je l’ai vue couchée, j’ai fondu en larmes. Mais elle m’a aussitôt dit d’arrêter mes pleurs. Je lui ai demandé qu’est-ce qu’elle avait comme mal ? Elle m’a dit que c’est le cou seulement qui lui faisait mal. Elle m’a demandé des nouvelles de sa sœur. Elle m’a dit :  « Et ma sœur et son bébé comment vont-ils ? (Les trois voyageaient ensemble, ndlr). Je lui ai répondu qu’ils se portaient très bien. Elle m’a supplié de lui dire la vérité, je l’ai rassuré que je ne lui mentais pas, sa sœur allait bien. Elle a ajouté en me disant :  » En tout cas si ma sœur meurt, moi, je ne pourrais pas vivre« . Je lui ai dit de me faire confiance. 

De l’hôpital Dubréka, on nous dit qu’on va nous évacuer à l’hôpital Ignace Deen. On a pris l’ambulance pour Conakry. En plus de ma belle-sœur, il y avait un enfant de 4 ans et une fillette (vacancière) dans l’ambulance. Tous les trois étaient dans une situation très compliquée. On est arrivé à Ignace Deen vers 21 heures. Arrivée aux urgences d’Ignace Deen, on nous a fait traîner là-bas pendant 30 minutes. Personne ne s’est occupé des blessés. Finalement, les médecins ont dit qu’ils ne peuvent pas nous recevoir là-bas. On venait de perdre 30 minutes alors qu’avant même notre arrivée, elle saignait. On nous a référé finalement à l’hôpital Sino-Guinéen. Donc, on s’est précipité pour aller à l’hôpital Sino-Guinéen. C’est devant le service des Urgences qu’on a garé l’ambulance. Je vous jure, on a fait une heure du temps sans qu’on ne reçoive. Une deuxième ambulance est venue, il y avait deux personnes à bord. Là également, ils ont dit qu’ils ne pouvaient pas nous recevoir. On leur a dit alors qu’on ne peut pas quitter là-bas. Parce que les personnes que nous avions avec nous leur état était critique. Le médecin que nous avons trouvé là-bas nous a dit finalement qu’ils vont prendre les trois qui étaient avec nous et les autres, ils vont les référer même si c’est à Ambroise Paré. C’est en ce moment que ma belle-sœur est décédée dans l’ambulance, mais le médecin ne nous l’a pas annoncé. Mais moi j’avais tout vu. Le médecin qui était avec eux depuis Dubréka, je l’ai vu fermer les yeux de ma belle-sœur. J’ai touché son corps, c’est comme si elle sortait dans un frigo. J’ai compris automatiquement qu’elle était morte.

Mais puisqu’il y avait beaucoup de monde là-bas, ils n’ont pas voulu annoncer le décès pour ne pas que les gens se révoltent. Ils (médecins) l’ont fait rentrer aux urgences, même pas une minute après, je les ai encore vus la faire sortir pour amener le corps à la morgue. C’était vers 22h-23h.

Le destin est inévitable, mais les conditions dans lesquelles elle décédée, c’est par négligence. Elle n’a pas bénéficié de la prise en charge au moment où il le fallait pour la sauver. Il faut qu’on se lève pour faire changer ça. Parce que sinon, demain c’est quelqu’un d’autre qui sera victime.

C’est inadmissible que dans les hôpitaux de référence comme Ignace Deen, Sino-Guinée, où on court pour sauver des vies, l’on refuse de prendre en charge des accidentés à temps. A l’hôpital de l’amitié Sino-Guinéene, ça été pire. On est resté une heure du temps, personne n’est venue.

Là d’ailleurs, un médecin m’a dit qu’eux ils ne peuvent pas recevoir Kadiatou là-bas. J’avais l’espoir qu’avec une prise en charge immédiate ma belle-sœur aurait pu être sauvée. A Dubréka, lorsque je l’ai trouvée à l’hôpital, elle communiquait bien et ne se plaignait pas trop de douleur. J’avais appelé la famille pour les rassurer de son état. Mais c’est parce qu’elle n’a pas eu d’assistance qu’elle n’a finalement pas survécu ».

Feue Kadiatou Sow était mariée sans enfant. Elle faisait la première année dans une université de la place. Elle laisse derrière elle un veuf inconsolable et une famille meurtrie et survoltée par l’attitude de certains médecins.

A suivre.

Source: Africaguinee

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