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Amadou Damaro Camara dénonce la montée de l’ethnocentrisme en Guinée : « Ma mère me disait qu’elle vote Barry 3 parce qu’il est beau… »

Samedi dernier, le président de l’assemblée nationale a dénoncé ce qu’il qualifie de montée de l’ethnocentrisme dans notre pays. Amadou Damaro Camara estime que des acteurs de la classe politique actuelle font recours à l’ethno-stratégie pour se faire une place au soleil.

« Notre génération est surprise de ce qui se passe actuellement dans ce pays. Nous, quand on grandissait, il y avait des politiques, mais ils étaient moins instruits que nous. En 1958, il n’y avait que 5 universitaires en Guinée. Il n’y avait que des instituteurs, des moniteurs, des agents de PTT qui ont pu battre le colon dans son propre cadre juridique pour nous donner l’indépendance sans qu’il n’y ait un coup de feu. L’ethnocentrisme dans les partis n’existait pas’’, se souvient Amadou Damaro Camara.

Pour étayer ses propos, le président du parlement guinéen indique : ‘’Yacine Diallo, qui a été le premier député guinéen, est-ce que savez-vous c’est Mamba Sanoh de Kissidougou qui lui a dit de venir. Quand il était venu pour participer aux législatives, il lui a laissé la tête de liste. C’est comme ça que Yacine Diallo est devenu le premier député guinéen. Sékou Touré est de Faranah, mais c’est à Beyla qu’il a eu son premier poste électif en tant que conseiller en 1953 (…). Il a été maire de Conakry alors qu’il parlait difficilement soussous’’.

‘’Les fiefs de Barry 3 et Diawadou n’étaient pas le Foutah, mais plutôt Forécariah et Kankan. Ma mère me disait qu’elle vote Barry 3 parce qu’il est beau, c’était sa motivation. Béavogui est tomas de Macenta, il a sauté Guéckédou pour être le maire de Kissidougou où il n’y a que des kissiens et des malinkés. René de mère et père Guerzés était l’élu permanent de Kérouané totalement mandingue. Voilà comment c’était il y a juste une soixantaine d’années’’, renseigne-t-il.

Aujourd’hui, déplore-t-il, ‘’si Damaro est candidat à la mairie de Labé, on va l’envoyer au cabanon pour dire qu’il est devenu fou. Alors que c’était comme ça avant’’.

Il affirme que ‘’quand l’Etat disparait, les points d’ancrage derrière lesquels on se cache restent les groupes ethniques. Parce que c’est là où on croit être protégé. Malheureusement, l’histoire de la Guinée s’apprend dans les salons, transmise de père en fils de la mauvaise façon à telle manière quand tu as un certain patronyme, tu es victime de Sékou Touré même si tu es né après sa mort’’.

‘’Si tu es Conté, on te dit que tu pourrais appartenir qu’au régime de Lansana Conté. Tu es Touré, même si tu es le fils de Petit Touré qui est mort au camp Boiro, on dit que tu es lié au premier régime. Les quatre pendus du pont, il y avait deux malinkés et deux peuls. Mais on a l’impression qu’il y en avait que deux et les deux autres n’ont pas de sang suffisamment rouge’’, souligne M Damaro.

Avec VisionGuinee.Info

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