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Affaire Benalla : garde à vue, « Watergate »… Ce que l’on sait

Une vidéo impliquant un proche d’Emmanuel Macron crée un tollé général depuis mercredi soir. Avec l’ouverture de trois enquêtes, l’Élysée est de plus en plus dans l’embarras. Simple fait divers ou scandale d’État ? Mercredi soir, le quotidien Le Monde diffuse une vidéo datant du 1er mai dans laquelle on distingue un chargé de mission de l’Élysée en train de frapper un manifestant au sol à Paris. Quelques heures plus tard, c’est la crise à l’Élysée. En 48 heures, plusieurs personnes sont entendues par la police et placées en garde à vue, trois enquêtes judiciaires sont ouvertes et les affaires autour de l’agresseur présumé ne cessent de se multiplier.

  • Alexandre Benalla simplement suspendu par l’Élysée

Celui que l’on distingue en train d’agresser un manifestant du 1er mai est Alexandre Benalla, un conseiller de l’Élysée. Au lendemain du 1er mai, le directeur de cabinet d’Emmanuel MacronPatrick Strzodadécide de sanctionner le comportement de son collaborateur avec une mise à pied de quinze jours et une suspension de salaire.

Contacté par Le Monde, le porte-parole de la présidence, Bruno Roger-Petit, a expliqué qu’Alexandre Benalla avait été « autorisé », à sa demande, à « observer les opérations de maintien de l’ordre pour le 1er mai », sur « un jour de repos ». Néanmoins, en se confrontant à un manifestant, « il a largement outrepassé cette autorisation », a-t-il encore déclaré. D’un point de vue de la classe politique tout entière, la simple mise à pied donnée à Alexandre Benalla est loin d’être suffisante. Face à la contestation, l’Élysée prend une nouvelle mesure vendredi 20 juillet au matin en annonçant avoir engagé une procédure de licenciement à son encontre.

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  • L’Élysée montré du doigt, le silence de Macron agace

Chargé de la sécurité du candidat Emmanuel Macron pendant l’élection présidentielle, Alexandre Benalla est aujourd’hui chargé de mission à l’Élysée, en tant qu’adjoint au chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch. Malgré tout, il continue d’accompagner le chef de l’État dans certains de ses déplacements alors qu’il devait seulement s’occuper de la sécurité des événements internes à l’Élysée. Le 13 juillet dernier, selon les informations de Paris-Normandie, il était aux côtés du couple présidentiel lors d’une visite privée à Giverny. Le lendemain, il se trouvait juste devant Emmanuel Macron lors du défilé du 14 Juillet. Enfin, dernier élément en date, lors du retour des Bleus, lundi 16 juillet, il aurait pris part à la descente des Champs-Élysées dans le bus à impériale.

Alors que l’intégralité de la classe politique demande les explications du chef de l’État, Emmanuel Macron n’a pas prévu de prendre la parole à ce sujet. « Non, non, non, non, la République, elle est inaltérable », a-t-il répondu à une journaliste jeudi dernier lors de son déplacement en Dordogne. En revanche, vendredi en fin de journée, le Premier ministre Édouard Philippe a profité de sa venue sur le Tour de Francepour faire un bref commentaire sur l’affaire Benalla. Il a dénoncé des faits « inacceptables » tout en rappelant que ces derniers avaient été « sanctionnés » et qu’une « procédure de licenciement » avait été engagée.

  • Trois enquêtes ouvertes

Dès le lendemain de la diffusion de la vidéo par Le Monde, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire contre Alexandre Benalla pour « violences par personne chargée d’une mission de service public », « usurpation de fonctions » et « usurpation de signes réservés à l’autorité publique ». Les deux premiers chefs d’accusation sont passibles de trois ans de prison chacun et un an pour le dernier. Vendredi matin, Alexandre Benalla a été placé en garde à vue qui a été prolongée de 24 heures ce samedi matin. Son domicile a également été perquisitionné.

L’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, jeudi. Il a précisé que le rapport serait rendu public. Enfin, une commission d’enquête a été lancée par la commission des Lois de l’Assemblée nationale. Pendant un mois, les pouvoirs d’enquête porteront sur « les événements survenus à l’occasion de la manifestation du 1er mai ».

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  • Plusieurs gardés à vue

Dans cette affaire, Alexandre Benalla n’est pas le seul concerné. Vincent Crase, gendarme réserviste et employé de LREM, a aussi été mis à pied quinze jours avec suspension de salaire. « Il a été mis également fin à toute collaboration entre lui et la présidence de la République », a précisé Bruno Roger-Petit, le porte-parole de la présidence. De son côté, le parquet de Paris l’a placé en garde à vue pour violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public et usurpation de fonction.

Trois policiers dont un contrôleur général, un commissaire et un commandant ont été démis de leurs fonctions. Ils sont soupçonnés d’avoir transmis des images de vidéosurveillance à Alexandre Benalla. Ce samedi matin, ils ont tous les trois été à leur tour placés en garde à vue pour « détournement d’images issues d’un système de vidéoprotection » et « violation du secret professionnel ».

  • À l’Assemblée nationale, on crie au scandale !

Les révélations autour de l’affaire Benalla ont mis le feu à l’Assemblée nationale. De nombreux politiques réclament la démission du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb. Il sera auditionné lundi matin dès 10 heures de façon publique à l’Assemblée nationale. Pour le chef de file de la France insoumise, sa démission est déjà actée. « Le ministre de l’Intérieur est déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire en sa parole. Bien sûr qu’il va démissionner et il ne sera pas le seul » a ainsi déclaré Jean-Luc Mélenchon qui n’a pas hésité à comparer l’affaire Benalla à celle du Watergate. « Une crise politique est ouverte. L’Assemblée est paralysée. La hiérarchie de la police aussi », a-t-il poursuivi.

Marine Le Pen de son côté évoque une « affaire d’État ». « Si Macron ne s’explique pas, l’affaire Benalla deviendra l’affaire Macron », a-t-elle prévenu. Dans une vidéo qu’elle a diffusée sur ses réseaux sociaux, elle dénonce la politique voulue et menée par Emmanuel Macron. Le Parti socialiste parle également d’une « affaire d’État ». « J’attends que le président de la République s’exprime. Il ne peut pas faire la leçon à la Terre entière et ne pas dire comment il gouverne dans sa maison », a réagi le premier secrétaire du PS Olivier Faure sur franceinfo.

  • Le badge de l’Assemblée nationale

Dernier élément autour de l’affaire Benalla : son badge qui lui permettait de rentrer à l’Assemblée nationale. Ce samedi, les députés Les Républicains ont demandé des explications concernant ce badge qui lui avait été attribué sur « demande du directeur de cabinet » d’Emmanuel Macron, mais désactivé vendredi, selon la présidence de l’Assemblée. Marc Le Fur a d’ailleurs déclaré qu’il avait ce badge depuis le 24 juillet 2017 et qu’il lui avait été retiré il y a trois jours. Cette nouvelle annonce a fait l’effet d’une bombe dans l’hémicycle. La séance a été suspendue devant la colère des députés.

Le Point.fr

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