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Adresse à la Nation d’Alpha Condé-réaction de Cellou Dalein Diallo : « Je dois avouer que je suis plutôt déçu »

CONAKRY- L’adresse à la Nation du Président Alpha Condé a t-elle suscité de l’espoir chez le Chef de file de l’opposition guinéenne ? Cellou Dalein Diallo a t-il été convaincu par les annonces faites par le Chef de l’exécutif guinéen ? Le leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a été interrogé par un journaliste de notre rédaction dès après la fin de l’adresse à la Nation du Chef de l’Etat. Exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Monsieur Cellou Dalein Diallo quelle lecture faites-vous de l’adresse à la Nation faite ce lundi 5 mars 2018 par le Président Alpha Condé ?

CELLOU DALEIN DIALLO : Je dois avouer que je suis plutôt déçu. Lorsqu’on a annoncé à la télévision le discours du Président, naturellement ça avait suscité en moi un peu d’espoir face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés ; Le pays est en crise, une crise liée au contentieux électoral, une crise liée aux assassinats ciblés dont nos forces de défense et de sécurité se rendent coupables de manière récurrente, notamment dans la commune de Ratoma. Il y a la crise au niveau de l’éducation avec la grève des enseignants. Mais je n’ai rien entendu qui soit de nature à débloquer la situation, à rompre avec ce que nous connaissons, quelque chose qui aurait pu susciter de l’espoir. Donc je suis plutôt déçu.

Vous vous attendiez à quelle annonce par exemple sur le plan politique ?

Quand le Président de la République décide de faire une adresse à la Nation, en dehors du nouvel an, en dehors de la fête de l’indépendance, c’est qu’il y a quelque chose de nouveau qu’il doit annoncer. Il doit par exemple annoncer des reformes susceptibles de relever les défis auxquels nous sommes confrontés, susciter de l’espoir chez les populations. Mais dans ce discours je n’ai rien entendu de nouveau qui était susceptible d’annoncer une rupture avec le passé, et même le présent. Il n’y avait rien qui suscitait de l’espoir chez les guinéens qui sont confrontés à beaucoup de difficultés.

Dans son adresse à la Nation le Chef de l’Etat a fait cas de toutes les victimes de violence. Est-ce que cela a suscité en vous un espoir de justice ?

Nous avons des accords politiques, trois ou quatre, dans lesquels l’Etat s’est engagé à ouvrir des enquêtes pour identifier les auteurs et les commanditaires des crimes commis, à l’occasion notamment des manifestations politiques et syndicales. Ces engagements de l’Etat sont restés lettre morte, il n’y a rien et le Président n’est pas revenu là-dessus.

L’Etat s’était aussi engagé à indemniser ceux qui ont perdu des proches, ou ceux qui ont perdu des biens à l’occasion de ces manifestations pacifiques ; Rien a été fait alors que cet engagement date de 2013. Le Président n’a pas dit qu’il va le faire. On a jamais assisté à une compassion du Président de la République et du Gouvernement après des assassinats ciblés de personnes supposées être des militants de l’opposition, on a jamais enregistré l’ouverture d’une enquête, on a jamais enregistré des sanctions administratives à l’endroit de la police et de la gendarmerie. Dans son discours, on n’entend pas un nouvel engagement qui va dans cette direction.

Le Président Alpha Condé a également parlé de la crise qui touche le secteur de l’éducation. Il a promis de s’impliquer personnellement pour une résolution rapide de cette crise. Votre réaction ?

Il s’est déjà impliqué puisque lui même il a rencontré Aboubacar Soumah, le patron des syndicalistes. Je crois qu’il a dit qu’il n’était pas au courant, alors qu’il sait que c’est lui même qui a radicalisé ses Ministres contre Soumah ; Il leur a demandé de le mettre en examen, en le déniant toute légitimité ; Après c’est lui même qui le rencontre et dit que ses Ministres ne lui disaient pas la vérité. Il jette en pâture ses Ministres, parce que ceux-ci étaient entrain d’exécuter ses instructions. Lors qu’il a constaté que le rapport de force ne lui était pas favorable, il a préféré sacrifier ses Ministres en disant qu’il n’était pas au courant.

Etes-vous de ceux qui estiment qu’Alpha Condé devait limoger son Gouvernement pour désamorcer la crise ?

Tout le monde sait que le pouvoir n’est pas à la Primature, le pouvoir est à Sékoutoureya. Toutes les décisions y sont prises. Si Monsieur Alpha Condé voulait changer, il aurait annoncé un certain nombre de décisions, il aurait pu être plus précis dans les engagements qu’il avait eu à prendre. Les victimes des violences ont besoin de justice, leurs familles ont besoin de compassion de la part du Gouvernement. Il n’a pas dit qu’il va désormais veiller à ce que des enquêtes soient ouvertes pour que les auteurs de ces crimes soient punis conformément à la loi. Il n’a pas dit qu’il va indemniser les victimes. Il n’a rien dit de précis.

Source Africaguinee.com

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