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Dr Fodé Oussou sabre Mory Condé : « C’est une volonté de nous provoquer. C’est une volonté de nous choquer. C’est une volonté même de sanctionner non seulement l’UFDG, mais… »

Dr. Fodé Oussou Fofana vient de demander des comptes au ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation (MATD), Mory Condé. Le vice-président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) dénonce une flagrante injustice dont l’ANAD aurait été victime dans la répartition de 15 conseillers revenant aux partis politiques au CNT. Dans cet entretien, il parle d’une volonté de provocation et avertit qu’ils en tireront toutes les conséquences.

AFRICAGUINEE.COM : Quelle est votre réaction par rapport à la mise en place du CNT ?

DR FODE OUSSOU FOFANA : Nous avons été choqués de cette injustice flagrante dont on a été victime de la part du ministre Mory Condé et des cadres du ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation. Il faut dire que la charte qui a été adoptée, les partis politiques n’ont pas été consultés. Ils ont octroyé 15 places aux partis politiques pour le CNT (conseil national de transition). Comme j’aime le dire, la légitimité, c’est le peuple qui l’accorde aux partis politiques. Le ministre a décidé, unilatéralement d’accorder à notre coalition, l’ANAD, un seul conseiller. C’est inacceptable. A mon humble avis, s’ils (Mory Condé et les cadres de son département) veulent, ils peuvent même prendre ce conseiller et l’octroyer à d’autres partis. L’ANAD a déjà fait une déclaration que nous avons publiée. Dans cette déclaration, nous avons dénoncé cette injustice.

Nous avons considéré que ce n’est pas à cause de cette situation que l’UFDG et l’Anad, vont se retirer du CNT ou qu’elles vont refuser d’accompagner le CNRD pour une transition apaisée, pour qu’on obtienne des élections libres et transparentes. Pour nous, l’opinion nationale et internationale connait la place et le poids de l’Anad et de l’UFDG sur l’échiquier politique national. Ce qui est choquant, c’est que dans cette répartition, la liste déposée par les partis politiques, toutes les coalitions, ont eu le nombre de conseillers qu’ils ont souhaité.  Qu’il s’agisse du RPG, de la CORED, la coalition d’Ousmane Kaba etc.

Là où c’est encore plus choquant, quand vous prenez un parti comme l’UPG, qui est dans notre coalition, depuis dans les années 90, il se bat pour la démocratie dans ce pays, il a toujours participé aux élections, a eu des élus ou des représentants. Mais puisque ce parti est entré dans l’Anad, on refuse de lui octroyer de places au CNT. Or, nous avons envoyé quatre noms, deux pour UFDG, un pour l’UPG et un pour l’UGDD de feu Georges Faraguet Tounkara, on n’a pas pris compte de tout ça.

Maintenant la question qu’on se pose, et c’est là que j’invite le ministre Mory Condé, à aller à la télévision nationale, puisque c’est lui qui a fait la répartition, pour dire, sur quel critère il s’est basé pour octroyer des places à des partis politiques qui viennent d’être créés. C’est lui qui a regardé, validé, sans même comprendre la liste de toutes les coalitions. Comme pour dire : « j’ai un seul objectif, la coalition que je vise, c’est l’ANAD ». Il décide de donner une seule place à cette coalition. Et il prend les trois places qui nous revenaient, repartir ça aux autres coalitions.

Nous disons que c’est de l’injustice. Nous l’avons dénoncé. Mais l’Anad, l’UFDG, on va se retrouver, discuter pour tirer les conséquences par rapport à cette situation. Parce que nous considérons que c’est inadmissible. C’est une volonté de nous provoquer. C’est une volonté de nous choquer. C’est une volonté même de sanctionner non seulement l’UFDG, mais aussi les partis politiques qui sont dans l’ANAD. C’est une façon de dire : « l’UPG n’a droit à rien, l’UGDD n’a droit à rien, parce qu’ils sont simplement dans la coalition où il y a l’UFDG ».

Nous considérons que le ministre Mory Condé a peut-être des choses à régler avec la coalition UFDG-ANAD. Parce que tout le monde sait dans ce pays, si on dit de répartir 15 places, aux partis politiques, si on tient compte des critères de la participation aux élections, du poids électoral, les deux partis majeurs qui pouvaient rafler les 95% des sièges c’est le RPG et l’UFDG. Si on tient compte des résultats qui sont justes, c’est la participation aux élections. L’UFDG a participé à toutes les élections, c’est un parti majeur, l’UGDD est un parti majeur, l’UPG aussi pareil. On se retrouve dans une coalition, lui (ministre Mory Condé) fait la synthèse il nous donne un et en fait plus pour les autres. On considère que c’est une injustice flagrante.

Est-ce que vous irez jusqu’à renoncer à siéger au nouveau CNT ?

Je parle en tant que vice-président de l’UFDG, le parti a un président et dans l’Anad, il y a plus de 20 partis politiques membres. Et je pense que ces partis-là vont se retrouver, discuter pour voir quelle réponse il faut donner, parce que c’est inacceptable cette injustice. Ce n’est pas en allant au CNT qu’on peut gagner une élection. Même si on avait octroyé 15 places à l’UFDG seule, ce n’est pas les 15 là seules qui vont se prononcer au CNT. Et ce n’est pas la participation au CNT qui va donner le pouvoir à quelqu’un. Ce n’est pas à cause de cette participation qu’on dira qu’un parti est plus fort qu’un autre. Mais c’est de l’injustice. C’est pour quoi on se pose la question de savoir comment il a travaillé pour aboutir à cette décision. Quels sont les critères ?

Admettons même qu’il décide de donner un conseiller à chaque parti politique, mais il pouvait au moins mettre le classement par mérite en tenant compte du poids électoral (…), mais si tu regardes cette liste, il y a des partis politiques qui ne le sont que de nom. Certains n’ont participé à aucune élection. Alors, sur quels critères il s’est basé ? Parce que quand tu veux être juste, tu fais des choses en tenant compte de la justice. « Voilà les critères sur lesquels j’ai travaillé, j’ai pris les résultats des élections, j’ai regardé, voilà les premiers 15 partis politiques, j’ai décidé que je n’octroie pas deux places à aucun parti ». S’il procédait ainsi, moi j’aurais compris.

S’il avait tenu compte de ça, il n’y a pas raison que l’UFDG, l’UGDD, l’UPG n’aie pas de conseillers. Nous disons que tout ça, c’est l’unique volonté de Mory condé. Le colonel Doumbouya n’est pas responsable. C’est lui Mory Condé qui est allé déposer ces propositions pour qu’un décret soit pris. C’est pour cela je dis, honnêtement, il y a eu décret certes, mais c’est le ministre Mory Condé qui a fait la proposition. Et c’est là où nous ne sommes pas d’accord, et cela nous voulons savoir pourquoi le ministre a entrepris cette décision.

S’il ne nous explique pas sur quel critère il s’est basé pour faire cette répartition injuste vis-à-vis de nous, il aura perdu notre confiance. L’arbitre doit être crédible. On doit aller à une élection en ayant une confiance absolue sur l’impartialité, la neutralité à l’organe de gestion des élections. S’il commence comme ça, il ne nous rassure pas. Le CNT est une chose, mais si c’est lui qui doit organiser les élections, proclamer les résultats dire qui a gagné, qui n’a pas gagné, avec ce comportement, il crée des doutes dans notre tête. Il ne rassure plus. Il doit justifier cette décision.

On sait qu’il y a des partis politiques qui ne souhaitent pas qu’il y ait des élections. Parce qu’ils ne sont pas prêts, ils savent que si on organise les élections, ils n’ont aucune chance d’avoir même la caution à plus forte raison de participer.

Est-ce que vous avez un appel à lancer à l’endroit du Colonel Mamadi Doumbouya, président de la transition ?

Nous avons applaudi l’arrivée du Colonel Doumbouya, nous avons apprécié sa volonté, non seulement de pas participer aux élections, mais également celui les membres du gouvernement et ceux du CNT. Pour preuve : Le président Cellou Dalein a fait presque le tour du monde pour apporter son soutien, demander la communauté internationale d’accompagner le CNRD. Mais je le dis encore ici : quand on est Président de la République, on nomme les ministres, ceux-ci sont les conseillers du chef de l’Etat. Si j’ai un appel à lancer, je dirais simple au Colonel Doumbouya, de nous aider, et de demander à son ministre Mory Condé, de dire à la face du monde quels sont les critères sur lesquels il s’est basé pour nous octroyer une place. Je le redis encore, nous ne nous battons pas pour avoir une place, même si c’était pour les 15 places parce que toutes les décisions prises au Cnt sont des décisions collégiales. C’est qu’on n’a pas aujourd’hui au-delà du CNT, c’est la durée de la transition. Pendant combien de temps le CNT va travailler ? C’est ce qui nous intéresse.

Mais on ne peut pas accepter qu’on soit victime de l’arbitraire, de la volonté d’un homme qui décide de mettre à l’écart le plus grand parti et sa coalition. L’ANAD est la plus grande coalition politique du pays quand on tient compte du poids électoral. On ne peut pas accepter qu’on donne quatre (4) places au RPG arc-en-ciel, qui a en son sein des partis politiques qui n’ont pas le même poids politique que ceux qui composent la coalition de l’ANAD. Je mets au défi le ministre Mory Condé de dire, au peuple de Guinée, sur quels critères il s’est basé pour choisir les 15 partis. Nous allons continuer à demander jusqu’à ce qu’on soit rassuré sur quoi il s’est basé pour faire ça et nous tirerons les conséquences du droit par rapport à ça.

Dr. Dansa Kourouma a été nommé président du CNT. Qu’en dites-vous ?

Je ne fais pas de débats de personne dans cette affaire. La charte dit que c’est le président du CNRD qui choisit le président du CNT et ses conseillers. A partir de cet instant, le débat est clos.

A suivre…

Libreopinionguinee Avec Africaguinee.com

 

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