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Transition en Guinée : ce que la mission du FMI dit de la gouvernance du Colonel Mamadi Doumbouya

Lu pour vous : Lors de la récente visite des services du FMI en Guinée début juin 2022, l’institution de Bretton Woods a apprécié les efforts fournis par le régime militaire guinéen pour réaliser des performances sur le plan économique et social

Selon le communiqué de presse N°22/192 du FMI du 9 juin dernier les services du FMI étaient présents à Conakry pour discuter des récents développements économiques et leurs perspectives. Une mission qui était donc présente à Conakry du 1er au 7 juin dernier.

Et Mme Clara Mira qui dirigeait l’équipe pour une visite hybride en Guinée s’exprimait en ces termes à la fin de la visite :

« L’économie guinéenne reste résiliente dans le contexte d’un environnement difficile. Le secteur minier continue de faire preuve de résilience, avec une production d’or et de bauxite en plein essor. Bien que renforcée par l’atténuation des perturbations liées au Covid et le remboursement partiel de la dette intérieure de l’État, la croissance du secteur non-minier devrait être plus lente que prévu initialement, affectée par la détérioration de l’environnement extérieur en raison de la guerre en Ukraine et de l’incertitude liée à la situation politique intérieure.

« Les prix ont augmenté de 11 % en glissement annuel en avril 2022, reflétant l’impact des pressions préexistantes et de la guerre en Ukraine. L’appréciation du franc guinéen, le remboursement par le Gouvernement des avances de la Banque Centrale plus tôt dans l’année et le non-recours au financement de la Banque Centrale contribuent à juste titre à compenser certaines des pressions exercées par la hausse des prix internationaux des matières premières.

« Afin d’atténuer davantage les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires, les autorités ont signé un protocole d’accord avec la chambre de commerce, réduisant les droits de douane pour des produits de première nécessité tels que le riz et le sucre et fixant des plafonds de prix.

« Les prix des produits pétroliers à la pompe ont augmenté de 20% le 01 juin 2022. Cette augmentation a ramené à environ 2,3 % du PIB, l’estimation projetée par les services du FMI du manque à gagner dû à la subvention des prix du carburant. Moins de 2 % de cette subvention bénéficiera directement aux 20 % les plus pauvres de la population.

« Atténuer l’impact des hausses de prix grâce à des mesures de soutien bien ciblées et axées sur les populations les plus vulnérables – y compris, par exemple, des transferts monétaires ou des programmes de cantines scolaires – reste une priorité essentielle, en particulier dans un contexte d’insécurité alimentaire croissante.

« La collecte des recettes a été globalement positive au cours des premiers mois de l’année (hors recettes liées au carburant en raison de la hausse des subventions), ce qui semble indiquer une amélioration des efforts de conformité et de numérisation dans le secteur non minier. Du côté des dépenses, les autorités ont rationalisé les dépenses courantes et se sont concentrées sur l’exécution du budget d’investissement financé sur ressources intérieures. Les autorités ont également commencé à rembourser une partie des arriérés intérieurs accumulés en 2021. Néanmoins, les subventions à l’électricité restent élevées. En avril 2022, les autorités ont émis leurs toutes premières obligations à échéance de cinq ans (Obligation du Trésor, OdT). Les obligations contribueront à allonger le profil d’échéance de la dette publique, ce qui devrait réduire le risque de refinancement à court terme et contribuer à l’approfondissement des marchés financiers nationaux.

« Le personnel et les autorités ont eu des discussions sur la nécessité de renforcer la mobilisation des recettes intérieures, en particulier dans le secteur minier ; poursuivre le remboursement des arriérés et éviter d’en accumuler de nouveaux ; et atténuer l’impact du choc des prix des denrées alimentaires et du carburant sur les plus vulnérables grâce à des mesures temporaires bien ciblées. Sur le plan de la politique monétaire, les discussions ont notamment porté sur la nécessité de continuer à limiter le financement du budget par la banque centrale et de gérer activement la liquidité si les pressions sur les prix intérieurs s’intensifient.

« Les autorités ont réitéré leur engagement à utiliser les ressources de l’allocation de DTS avec prudence et transparence en investissant dans les infrastructures productives et les secteurs sociaux » 

Les conclusions faites par la mission de l’institution de Bretton Woods sont les suivantes :

• L’activité économique devrait rester résiliente en 2022, tirée par la production minière. La reprise du secteur non minier devrait être plus progressive en raison de la hausse de l’inflation déclenchée par la guerre en Ukraine et les incertitudes internes.

• L’appréciation du taux de change et le remboursement par le gouvernement des avances de la Banque Centrale devraient partiellement compenser les pressions inflationnistes supplémentaires.

• L’atténuation de l’impact du choc des prix des denrées alimentaires et du carburant sur les populations les plus vulnérables à travers la mise en œuvre des mesures ciblées et temporaires devrait être une priorité essentielle.

Et du fait que la junte militaire guinéenne n’a pas vulgarisé cette appréciation du FMI sur les performances actuelles qu’elle a eu à réaliser ces 9 derniers mois prouve qu’elle a vraiment un problème d’incommunicabilité. 

Or selon le communiqué de presse de l’institution, la mission du FMI pilotée par Mme Clara Mira a rencontré le Président Mamadi Doumbouya, le Ministre Secrétaire Général de la Présidence Amara Camara, le Gouverneur de la Banque Centrale Karamo Kaba, le Secrétaire Général du Ministère de l’Économie, des Finances et du Plan Abdoulaye Touré, le Secrétaire Général du Ministère du Budget Gando Barry, les Secrétaires Généraux des Ministères de l’Agriculture, des Infrastructures et des Mines, les Directeurs Généraux de la Direction de l’Agence Nationale de l’Inclusion Economique et Sociale (ANIES), de la SOGUIPAMI, des hauts fonctionnaires, ainsi que des représentants du secteur privé, de la société civile et de la communauté des partenaires au développement.

Ceci met à nu le manque conseiller politique et de conseiller en communication dont souffre la junte militaire guinéenne. 

Pourtant elle a besoin en premier lieu de conseillers en politique capable d’analyser les politiques existantes et la législation, par exemple pour identifier des anomalies ou situations passéistes ; capable d’identifier les voies à explorer et à analyser, de chercher les voies pertinentes, telles que les tendances sociales, économiques ou industrielles, les attentes de clientèle en matière de programmes et de services, etc. et qui développe, analyse et évalue des orientations politiques.

Deuxièmement elle a vraiment besoin de bons conseillers en communication qui font montre d’une créativité parfois débordante pour les amener à mettre au point des campagnes de communication particulièrement ambitieuses, qui ne manquent pas de surprendre. Pour le moment, elle en manque lamentablement. 

Au cas où elle arrivait à y parlier, et surtout définir clairement la durée de la transition, elle pourrait d’ailleurs selon certains experts du FMI de par sa performance actuelle devenir l’un des meilleurs régimes militaires en Afrique de l’Ouest

libreopinionguinee avec Guineematin

 

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