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Salif Kébé se fâche contre l’OIF : « L’OIF veut jeter toujours l’anathème sur les structures de la Guinée. Je vais être direct avec vous… »

Entre l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et la commission électorale nationale Indépendante ce n’est plus le parfait amour. Le président de l’organe électoral guinéen s’interroge sur ce que la francophonie cherche à  faire en Guinée.

Alors que la polémique enfle à propos d’une mission « avortée de l’OIF » en Guinée, maître Amadou Salifou Kébé, le président de la CENI a mis les points sur « i ». Dans cette interview qu’il nous a accordée, le président de l’institution électorale a fait des révélations sur l’origine de cette brouille. Sans passer par le dos de la cuillère, il invite l’Etat guinéen à élever le ton contre la francophonie. Entretien exclusif !!!

AFRICAGUINEE.COM : Une nouvelle polémique enfle entre l’OIF et votre institution, la CENI. Il se dit que vous avez annulé une mission de la francophonie qui était attendue en Guinée. Qu’en est-il concrètement ?

SALIF KEBE : L’OIF veut jeter toujours l’anathème sur les structures de la Guinée. Je vais être direct avec vous.  Dans une petite discussion au téléphone avec M. Tiéman Coulibaly comme on a l’habitude de faire depuis le début de la mission, il était question pour moi de faire revenir des experts informaticiens qui ont participé pendant trois mois à constituer et à consolider le fichier électoral guinéen. Il s’agit de monsieur Gamal Touré et de Monsieur Gaya Sabio du Niger. Ce sont des experts compétents, des informaticiens aguerris  qui ont appris à connaître notre base de données. Ils connaissent tout ce dont il est question sur notre fichier électoral. Je lui (Tiéman Coulibaly) ai dit, puisque nous avons travaillé ensemble depuis le début, j’aimerais que ces deux là reviennent. Il me dit bon : « si tu veux ça, il faut écrire ». Après, on me dit que M. Gamal Touré est déjà dans nos murs, il n’est plus au compte de l’OIF, il va travailler pour la CENI. Je vérifie, je trouve que c’est réel Gamal est là.

Je fais la lettre comme convenu en disant que j’ai besoin de Gaya Sabio. En réponse, monsieur Thiéman Coulibaly m’écris pour me dire que la Secrétaire Générale de l’OIF est d’accord mais, au lieu d’une mission de techniciens, c’est lui Thiéman Coulibaly, M. Malonga Ronsard, madame Zara qui vont venir alors qu’ils ne sont pas des informaticiens, ils n’ont pas participé au travail sur le fichier électoral. Je leur ai dit que ce n’est pas de ça que j’ai besoin. J’ai besoin des personnes qui savent c’est quoi le fichier électoral pour que quand les experts de la CEDEAO seront là, qu’ils posent des questions, en même temps que les cadres guinéens vont répondre, mais qu’il y ait des gens neutres qui ne sont pas guinéens mais qui ont participé aux travaux, qui répondent. Mais si c’est des politiques qui vont venir, ils viennent pourquoi ? J’ai dit que je ne suis pas d’accord. Parce que la pensée du communiqué qui a pointé le fichier de la CENI guinéenne m’était encore à l’oreille. Je me rappelle encore des mots qui contenaient ce communiqué là. Ce sont des politiques qui l’ont fait.

Je lui ai écrit pour dire que je ne maîtrise pas la feuille de mission des experts de la CEDEAO et que je ne peux pas les imposer des non techniciens. C’est ce que j’ai expliqué dans ma lettre. Ce n’est pas une mission qui devait être déployée. J’ai demandé une personne : M. Sabio Gaya.

Comment comprenez-vous cette attitude de l’OIF ?

Je ne la comprends pas, je ne sais même pas pourquoi cela se retrouve dans la presse. Je comprendrais si ce que je dis là se retrouve dans la presse, car je sais que je parle avec  un journaliste. Mais je discute avec quelqu’un que je considère comme un ami, entre institution on s’écrit. Que cela se retrouve dans la presse comme une sorte de reproche à la CENI de Guinée, je me demande qu’est-ce qu’ils poursuivent en fait. Qu’est-ce que l’OIF poursuit dans cette affaire ? Je ne comprends pas.  On dit qu’on a besoin d’un informaticien spécialiste du fichier électoral, on présente trois politiques. Qu’est-ce que ces trois politiques vont faire dans cette affaire-là ?

Quand j’ai vu la feuille de route des experts de la CEDEAO, j’ai réuni les commissaires de la CENI pour leur qu’on n’a aucune compétence, personne ne doit se mêler de leur travail, que personne ne s’approche du site central à plus forte raison de leur hôtel. Laissons-les faire leur travail, ensuite ils vont nous revenir parce que logiquement quand il y a audit, il y a un rapport préliminaire qui est déposé à la structure qui est auditée, elle en prend connaissance, fait ses observations qui envoie. Ensuite, il y a le rapport final qui est destiné aux commanditaires de l’audit. Mais cette fois-ci, on nous dit qu’on n’aura même pas de rapport partiel. Le rapport est destiné à la CEDEAO.

Innocemment j’ai écrit à l’OIF pour leur dire que les gens qui sont désignés, je ne peux pas les introduire dans la mission de la CEDEAO parce qu’ils n’ont pas de compétence. Non seulement ils n’ont pas de compétence, mais aussi ils balancent les informations avec des paroles tendancieuses. Je ne sais pas ce qu’ils cherchent franchement. Il est temps que l’Etat guinéen élève le ton parce que je ne sais pas ce que la francophonie cherche à faire en Guinée. Franchement.

Mais M. Tiéman Hubert Coulibaly dit sur Rfi je cite : « Ce rapport va être la base de travail de la Cédéao, donc il aurait été de bon ton qu’un dispositif de l’OIF soit de la partie pour s’assurer que nos recommandations sont bien comprises ». Que lui répondez-vous ?

Ecoutez, s’ils nous envoyaient des informaticiens j’allais comprendre. Tiéman Coulibaly n’est pas informaticien, à la limite c’est un diplomate et politicien. Ronsard Malonda, il chargé des opérations à la CENI de la République démocratique du Congo (RDC), ce n’est pas un informaticien. La dame Zara n’est pas informaticienne. Qu’est-ce qu’ils vont venir dire sur quoi ? Moi-même qui vous parle, je ne connais pas ce domaine-là. C’est une mission purement technique qui est là.

Donc, ils nous auraient envoyé même si ce n’est pas celui qu’on a demandé mais au moins nous proposer un informaticien pur et dur qui va surveiller le travail. Comme ça j’aurais pu dire aux experts de la CEDEAO que j’ai travaillé pendant trois mois sur le fichier avec ces gens-là, veuillez les accepter, si vous avez des questions particulières à poser, posez-les à ces gens-là, ils sont à votre disposition. Mais ce n’est pas ça, ils nous ont proposé des noms, je ne vois qu’est-ce qu’ils vont venir faire ici. Et quand j’ai vu la réponse de l’OIF, j’ai vu la feuille de route des experts, j’ai dit à tout le monde écartez-vous. Veuillez-vous renseignez auprès de la CENI la consigne ferme qui a été donnée à chaque commissaire : c’est de ne pas se mêler du travail des experts de la CEDEAO.

A suivre…

Interview réalisée par Diallo Boubacar 1

Pour Africaguinee.com

Tel : (00224) 655 311 112

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