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Rébellion du groupe Wagner en Russie : «On est à un point de non-retour insiste Evguéni Prigojine le chef de Wagner

Situation très floue et potentiellement explosive ce matin en Russie. Après des mois de tensions, Evguéni Prigojine le chef de Wagner est passé à l’offensive au sens propre du terme, hier soir, après avoir affirmé que les forces russes avaient bombardé ses hommes et fait de nombreux morts. Une accusation démentie par Moscou. Olivier Kempf, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique, directeur du cabinet stratégique La vigie, répond aux questions de RFI.

RFI: quel crédit peut-on accorder aux informations qui nous parviennent ce 24 juin au matin ?

Olivier Kempf : le vrai sujet, c’est, est-ce que ce sont des informations ? C’est-à-dire on a des images, on a des déclarations, mais finalement, on a peu de choses. On a vu effectivement un certain nombre de blindés et de chars de Wagner autour du QG militaire russe à Rostov-sur-le-Don. Et maintenant, ils semblent être partis. De la même façon, on a eu des déclarations flamboyantes, puis on a vu des images de Prigojine discuter avec des responsables militaires russes, comme s’ils étaient en train de négocier. Donc, on reste dans l’expectative face à ces événements rocambolesques sans savoir réellement ce qui se passe.

Cela fait des mois que Evguéni Prigojine s’oppose frontalement à l’état-major russe. Concernant les accusations, il dit que l’armée russe a bombardé ses hommes. Même question : peut-on le croire ?

Je suis dans l’expectative, parce que là encore, on manque d’images, on manque de preuves. Il y a eu des vidéos d’un camp bombardé dans des sous-bois, hier. Mais qui nous dit que c’est réellement, d’abord les unités Wagner qui ont été ciblées, et ensuite que ça vient de l’armée russe ? Personne n’en sait rien. Donc, je pense qu’il faut prendre beaucoup de précautions avec toutes les déclarations flamboyantes. Après, je reviens sur l’observation principale, il y a une véritable hostilité qui n’a cessé de se construire depuis le début de l’année entre Evguéni Prigojine, à la tête de cette armée privée qu’est devenue Wagner, que Wagner n’était pas au début de la guerre mais qui est devenue Wagner d’une part, et puis l’état-major russe. Donc, il vise principalement le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, le chef d’état-major Valéri Guerassimov. Mais observez qu’il ne critique jamais directement Vladimir Poutine. C’est pour cela qu’il faut être très prudent quand certains disent : c’est le début d’une guerre civile. Cela reste encore un peu en dessous de qu’on appellerait une guerre civile, d’autant que le reste du pays semble calme.

On entend bien votre prudence, mais dans l’hypothèse d’une offensive bien réelle, ce serait un point de non-retour qui serait atteint entre l’armée et Evgueni Prigojine ?

Ça, c’est absolument évident. On est déjà à un point de non-retour.Prigojine et Wagner avaient eu la mission de conquérir Bakhmout à partir de l’hiver. Ils y sont arrivés. Ils ont transmis la zone opérationnelle de Bakhmout à l’armée régulière. Et on sentait bien depuis un mois, un mois et demi, que Prigojine se posait la question de son avenir, et notamment de son avenir personnel. Et d’ailleurs, Sergueï Choïgou, le fameux ministre de la Défense russe, avait passé il y a quinze jours un décret disant qu’il fallait réintégrer dans l’armée régulière toutes ces troupes, toute cette armée finalement privée qu’était devenue Wagner. Donc, il y a, bien évidemment, entre Wagner et l’armée, des difficultés qu’il va falloir régler. Après, objectivement, observons que cela sert les Ukrainiens.

Est-ce que l’Ukraine peut profiter de cette situation ?

Je serais Ukrainien, c’est ce que je ferais. J’en profiterai pour attaquer parce que, bien évidemment, l’état-major russe en soit pas être serein, puis surtout il doit faire attention à ce que cette unité d’une vingtaine de mille hommes ne lui tire pas dans le dos. Donc, bien évidemment, ça divertit l’attention russe, l’effort russe, par rapport à la guerre principale qui se trouve en Ukraine.

Libreopinionguinee avec RFI

 

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