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Rapport 2018 du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) : Guinée : des résultats encourageants, mais pourrait et devrait mieux faire  (Constat)

Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a publié hier (14 septembre 2018) la mise à jour des indices et indicateurs du développement humain (IDH). Malgré son positionnement (175ème sur 189), il y a de quoi être optimiste quant à la possibilité pour la Guinée de sortir de la pauvreté et assurer un développement inclusif et durable dans les prochaines années si les réformes structurelles nécessaires sont menées. (Le lien de téléchargement du rapport se trouve à la fin de cet article). Pour rappel, le PNUD a publié son premier Rapport sur le développement humain en 1990. Grâce à ses différentes activités, la pensée analytique sur le développement humain a pu se déployer au-delà de la seule croissance économique, et placer l’individu et le bien-être humain au cœur des politiques et des stratégies de développement. Le principe fondamental de l’IDH est très simple : le développement national devrait être mesuré non pas seulement en fonction du revenu par habitant, comme cela a longtemps été le cas, mais aussi en fonction des résultats obtenus en matière de santé et d’éducation. La Mise à jour 2018 présente l’IDH de 189 pays et territoires en utilisant les données les plus récentes pour 2017 : 59 de ces pays sont dans la catégorie « développement humain très élevé » ; 53 dans la catégorie « développement humain élevé » ; 39 dans la catégorie « développement humain moyen » et 38 seulement dans la catégorie « développement humain faible » dont la Guinée.

Les cinq pays en tête du classement selon l’IDH sont la Norvège (0,953), la Suisse (0,944), l’Australie (0,939), l’Irlande (0,938), et l’Allemagne (0,936). Les cinq derniers pays sont le Burundi (0,417), le Tchad (0,404), le Soudan du Sud (0,388), la République centrafricaine (0,367) et le Niger (0,354).

Le principal enseignement est que l’IDH progresse dans toutes les régions et dans toutes les catégories de développement humain, mais à des rythmes très différents. L’Asie du Sud connaît la croissance la plus rapide (45,3 % sur la période 1990-2017), suivie par l’Asie de l’Est et le Pacifique à 41,8 %, puis l’Afrique subsaharienne à 34,9 %.

Classement de la Guinée : Avec un indice de développement humain de 0.459 en 2017, la Guinée gagne 2 places dans le classement 2018, passant de la 177ème place à la 175ème. La Guinée est précédée de la Gambie (174ème) et suivie par la République Démocratique du Congo (176ème). Il faut noter que la Guinée dépasse certains pays comme Le Liberia (181ème), le Mali (182ème), le Burkina Faso (183ème), la Sierra Léone (184ème), etc. En revanche, le Sénégal (164ème) et la Côte d’Ivoire (170ème) dépassent la Guinée. L’espérance de vie à la naissance est désormais de 60.6 ans.

Pourquoi faut-il s’en réjouir ? Il faut s’en réjouir car la Guinée revient de loin. En matière de développement humain, le net recul du revenu par tête d’habitant sur la période 2011-2015 avait aggravé la pauvreté, exacerbé les inégalités et fragilisé le développement humain. De 53% en 2007, la pauvreté monétaire était passée à 55,2% en 2012, voire à un niveau plus élevé, au regard de l’impact de la Maladie à Virus Ebola. Dans le même temps, l’indice de Gini était passé de 0,312 en 2007 à 0,317 en 2012 signifiant une accentuation des inégalités de revenus. Il en avait résulté un indice humain de développement (IDH) estimé à 0,411 (contre un IDH moyen de 0,52 pour l’Afrique subsaharienne) classant ainsi la Guinée au 182ème rang sur 188 pays du point de vue du développement humain dans le monde en 2015.

De la 182ème place en 2015 à la 175ème en 2018, l’on devrait en toute « objectivité » se réjouir de cette avancée. Ceci est le résultat d’une étroite collaboration entre la Guinée et ses Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

Mais pourquoi l’on ne devrait pas pour autant jubiler ? Certes les performances en développement humain sont salutaires, mais les résultats « concrets » d’un point de vue économique ne se font pas encore sentir sur le terrain. Le coût de la vie devient de plus en plus insupportable pour la plupart de nos compatriotes. Pour ne citer que quelques exemples, le sachet d’eau minérale de 33 centilitre est passé de 100 FG à 500 FG, le litre d’eau minérale est passé de 1000 FG à 5 000 FG (pourtant la Guinée est le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest). L’augmentation récente du prix du carburant à la pompe de 8 000 FG à 10 000 FG a aggravé la situation financière de beaucoup de ménages. Selon la Banque Mondiale, environ 55 % de la population guinéenne vivait dans la pauvreté en 2012. Selon les chiffres publiés par l’Institut National de la Statistique de Guinée, le taux d’inflation était de 9,6 % en avril 2018 contre 10% en juillet 2018, soit une hausse de 4,1% sur un trimestre. L’indice des prix à la consommation (IPC) était de 953,2 en avril 2018 contre 977,9 en juillet 2018, soit une hausse de 2,59% sur un trimestre.

Avec une population estimée à 13,29 millions d’habitants en 2018 et un Produit Intérieur Brut (PIB) de 9,86 milliards USD en 2018, le PIB par habitant s’établit à 741 dollar US.  

L’un des problèmes majeurs de la Guinée s’explique par le fait que le pays ne produit pas suffisamment de richesses par habitant. C’est ce qui lui a valu d’être positionnée 15ème au « Classement 2018 des pays qui produisent le moins de richesses par habitant ».

Y-a-t-il des opportunités de développement pour inverser la tendance ? Oui, si l’on s’en tient au document intitulé « Plan National de Développement Economique et Social » (PNDES 2016-2020) élaboré par le Gouvernement Guinéen. Ce document définit les orientations, les opportunités et les enjeux de développement.

Opportunités de développement : Pour faire face aux problématiques clés de développement, la Guinée peut compter sur de nombreux atouts, au nombre desquels : (a) la stabilité du cadre macroéconomique et quelques progrès dans les réformes structurelles clés (secteur privé et environnement des affaires) ; (b) sa localisation géographique, qui lui offre des opportunités d’échanges et de transports avec son voisinage; (c) une bonne répartition des potentialités naturelles sur le territoire national, favorable à un développement régional harmonieux ; (d) l’abondance en eau, un atout pour l’hydroélectricité, l’agriculture, la pêche, l’élevage et les transports ; (e) d’importantes dotations naturelles (terres arables, vaste plateau continental, matières minérales de surface, diversité des paysages, microclimats, faune, flore et artisanat) qui lui confèrent un potentiel de croissance suffisant pour sortir de la pauvreté et assurer un développement inclusif et durable.

Enjeux de développement : La Guinée dispose ainsi d’énormes potentialités naturelles pour répondre adéquatement aux défis critiques de développement. Mais elle devra en amont les valoriser pour en faire véritablement des leviers de progrès. En cela, résident les enjeux majeurs auxquels devra faire face la Guinée au cours des prochaines années. Ces enjeux sont de nature institutionnelle et politique, économique, sociale et environnementale.

Conclusion : Les résultats du PNDES devront se traduire par : (i) un accroissement de l’indice de développement humain (IDH) de la Guinée de 0,411 en 2014 à 0,482 en 2020, (ii) une réduction de l’incidence de la pauvreté de 10 points au moins à l’horizon 2020, (iii) une réduction de l’indice de GINI de 0,317 en 2012 à 0,250 en 2020, et (iv) une inversion de la tendance à la baisse du couvert forestier en passant de 25,9% en 2014 à 28% en 2020.

Personnellement, je pense que tous les guinéens devraient partager leurs idées sur les questions de développement dans une approche multidimensionnelle. Plus que jamais, j’exhorte le Gouvernement Guinéen à amplifier les réformes structurelles nécessaires dans tous les secteurs de la vie socio-économique pour que notre pays figure parmi les nations les plus prospères dans les prochaines années: Education, Santé, Justice, Forces de Défense et de Sécurité, Agriculture, Elevage, Pêche, Eau-Forêt-Environnement, Mines et Energie, Transport et Logistique, Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, Commerce et Artisanat, Sport et Culture, Hôtellerie et Tourisme, Banque et Assurance, Aménagement du Territoire et Politique de la Ville, Citoyenneté, Instruction Civique et Morale, etc.  Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens. Amen !

Documents de Référence :

  1. Plan National de Développement Economique et Social (PNDES 2016-2020)
  2. Lien de téléchargement du Rapport du PNUD (en anglais) : http://hdr.undp.org/en/2018-update/download
  3. http://www.banquemondiale.org/fr/country/guinea/overview
  4. http://www.stat-guinee.org/
  5. https://www.journaldunet.com/patrimoine/finances-personnelles/1208753-pays-pauvres-classement/1208793-guinee

Par Diarra DOUMBOUYA |Project Manager| Paris, Toulouse, Londres| diarra.doumbouya@outlook.com|

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