Qui est N’Golo Kanté, le plus discret des champions du monde ?
Omniprésent sur le pré, mais discret, voire invisible quand il le quitte, découvrez qui est N’Golo Kanté, le métronome de l’équipe de France. « Pour jouer toute l’année avec lui, c’est le meilleur joueur du monde à son poste ». Adversaire d’un soir, Eden Hazard n’avait pas tari d’éloges, à la veille du match France-Belgique, sur son coéquipier à Chelsea, N’Golo Kanté. Le milieu de terrain des Bleus a réalisé une Coupe du Monde de haut vol en Russie. Au-delà de ses qualités de joueur, le public français a découvert un footballeur qui sort de l’ordinaire par son comportement, beaucoup plus réservé que celui de ses partenaires. Mais qui est vraiment N’Golo Kanté ?
À l’écart des centres de formation
À côté de ses coéquipiers, N’Golo Kanté peut à première vue faire pâle figure. Loin des standards du football moderne, « NG », comme l’appelle Didier Deschamps, ne mesure que 1m68. Une petite taille qui l’a handicapé pendant sa formation de footballeur.
Dans les catégories jeunes, Kanté surclasse ses adversaires par son talent. Mais impossible pour lui de rejoindre un centre de formation. Les recruteurs le jugent trop petit, et pensent que son physique l’empêchera de percer en pro. « NG » doit donc ronger son frein, et poursuit ses gammes au club amateur de Suresnes (Hauts-de-Seine), celui où il a touché ses premiers ballons.
En 2010, N’Golo Kanté signe son premier contrat, en amateur, à l’US Boulogne. S’il débute en équipe B, le milieu de terrain étonne par ses qualités de récupérateur, et il est rapidement appelé en équipe première, où ses bonnes performances font de lui un titulaire indiscutable.
Il grimpe les échelons aussi vite qu’il récupère les ballons
Trois ans après avoir rejoint Boulogne, Kanté passe un cap en signant au Stade Malherbe de Caen qui évolue alors en Ligue 2. Il devient une pièce maîtresse du jeu caennois, au point d’être nommé dans l’équipe-type 2013–2014 de Ligue 2. Caen remonte dans l’élite et « NG » va enfin pouvoir montrer à la France de quoi il est capable.
Toujours sur la pente ascendante, Kanté impressionne pour ses débuts en Ligue 1. Ses capacités de récupérateur (5,3 tacles réussis par match, la plus haute moyenne de tous les championnats européens) attisent les convoitises des plus grands clubs français… mais aussi européens. À la fin de la saison « NG » continue de surprendre, en signant à Leicester City, séduit par le projet de l’Italien Claudio Ranieri.
En Premier League, Kanté confirme une nouvelle fois les attentes placées en lui. Une saison 2015–2016 brillante qui permet à son club de chiper au nez et à la barbe du « Big Four », le titre de champion d’Angleterre. Outre-Manche, « NG » a aussi séduit son monde et franchi une nouvelle étape en s’engageant avec Chelsea. Les années passent et se ressemblent pour N’Golo Kanté, qui s’impose, encore, comme un titulaire indiscutable, et remporte, encore, le titre en Premier League. Un parcours atypique qui a conduit Kanté à soulever la coupe du monde, le soir du 15 juillet.
Kanté dans l’ombre, sur et en dehors du terrain
À l’heure de la génération hypermédiatisée Messi-Ronaldo, où la performance individuelle prévaut souvent sur le collectif, Kanté fait figure d’ovni. Jamais de contestation sur les décisions de l’arbitre. Pas un mot plus haut que l’autre sur le terrain. Et pas non plus de vagues dans les médias, pas de bling-bling, pas de bolides à plusieurs centaines de milliers d’euros, le joueur reste sobre à l’image de son jeu sur le terrain.
Une sobriété qui tourne parfois à la timidité. Dimanche 15 juillet, N’Golo Kanté s’est installé sur le toit du monde. La consécration ultime pour tous les footballeurs. Alors que ses coéquipiers exultaient de joie, lui restait derrière, comme s’il n’était pas à sa place. Pour les photos individuelles où les joueurs posent avec la coupe, il aura fallu que Steven Nzonzi lui apporte le trophée dans les mains et le pousse à se prêter au jeu des photographes.
Sur le perron de l’Elysée, à nouveau, Kanté a préféré rester en retrait, malgré la clameur de la foule, qui reprenait en coeur une chanson à sa gloire sur l’air des « Champs-Elysées » de Joe Dassin : « N’Golo Kanté, il est petit, il est gentil, il a stoppé Leo Messi, N’Golo Kanté. »