Producteur tabassé à Paris: les policiers mis en cause placés en garde à vue
Quatre policiers ont été placés vendredi en garde à vue après le violent passage à tabac d’un producteur noir à Paris. Trois d’entre eux sont entendus notamment pour « violences à caractère raciste » dans cette affaire qui a « choqué » le président Macron, et relancé le débat récurrent en France sur le racisme et les violences policières.
Les quatre fonctionnaires, suspendus jeudi, ont été placés en début d’après-midi, vendredi 27 novembre, en garde à vue dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices. Ils sont tous visés par une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » et « faux en écriture publique ».
Trois d’entre eux sont aussi entendus pour « violences volontaires, en réunion, avec arme et à caractère raciste », a informé le parquet de Paris.
Emmanuel Macron réclame des « propositions »
La vidéo du passage à tabac, diffusée jeudi sur les réseaux sociaux et largement partagée – plus de dix millions de vues –, a déclenché une onde de choc jusqu’au sommet de l’État, en passant par plusieurs grands noms du sport et de la musique.
Emmanuel Macron s’est dit « très choqué » par les images montrant Michel Zecler, un producteur noir, roué de coups dans l’entrée de son studio de musique à Paris. Dans un message publié sur ses comptes Facebook et Twitter, le président français dénonce des « images inacceptables », une « honte ». « La France ne doit jamais laisser prospérer la haine ou le racisme », commence le chef de l’Etat.
Le président français cherche à réconcilier la population avec les forces de l’ordre, condamnant les violences des deux côtés. En pleine polémique sur l’article 24 de la loi de sécurité globale, il rappelle son attachement à la liberté de la presse.
Mais plus d’un appel à l’apaisement, c’est aussi un appel la mobilisation du gouvernement. Emmanuel Macron demande à ses ministres de lui « faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance » entre les Français et « ceux qui les protègent ». En conclusion, le chef de l’Etat rejette « l’invective, l’opprobre et les manipulations » en appelant au rassemblement et à la « concorde ». Un message repris et retweeté en masse par les élus de la macronie.
Avant cette intervention, l’affaire a fait ce vendredi les gros titres de la presse nationale. « La nausée », titrait le quotidien de gauche Libération, sur une photo du visage ensanglanté de Michel Zecler. « Violences policières : l’exécutif mis en cause », affichait le journal Le Monde en Une. Les footballeurs vedettes Antoine Griezmann ou Kylian Mbappé se sont aussi indignés sur les réseaux sociaux.
« Uniforme sali »
Gérald Darmanin, le clivant ministre de l’Intérieur, incarnation d’une stratégie sécuritaire sans état d’âme, a été reçu jeudi soir par M. Macron qui lui a demandé de prononcer des sanctions très claires contre les policiers, selon une source gouvernementale.
Après cette rencontre, le ministre a annoncé sur la chaîne France 2 qu’il demandait la révocation des quatre policiers (le quatrième mis en cause est accusé d’avoir jeté une grenade lacrymogène dans le studio), et les a accusés d’avoir « sali l’uniforme de la République ».
Le secrétaire général du syndicat des commissaires de police, David Le Bars, a souhaité que « la justice agisse vite », tout en demandant à sortir de la polémique consistant à « laisser croire » que l’ensemble de la police était violente.
Selon Michel Zecler, qui a porté plainte, les policiers l’ont traité de « sale nègre » à plusieurs reprises. Ce témoignage relance les interrogations sur un racisme et une violence « structurels » au sein de la police française, catégoriquement démentis par les autorités, mais alimentées par une série d’affaires ces dernières années.
(Avec AFP)