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Procès du 13-Novembre: Salah Abdeslam demande pardon aux victimes

Le procès des attentats du 13 novembre 2015 a été marqué ce vendredi 15 avril 2022 par les larmes de Salah Abdeslam. Le principal accusé a demandé pardon aux victimes, en conclusion de trois jours d’interrogatoires, les derniers consacrés aux faits. Des excuses tardives qui marquent un changement clair dans la stratégie de défense du seul membre encore en vie des commandos du 13-Novembre.

De notre envoyé spécial au palais de justice de Paris,

« Cette histoire du 13-Novembre, elle s’est écrite avec le sang des victimes, c’est leur histoire et moi j’en fais partie. Elles sont liées à moi et je suis lié à elles. On dit, « déteste ton ennemi avec modération parce que demain il peut devenir ton ami« . Je vous demande de me détester avec modération. »

Salah Abdeslam a les yeux rougis quand il prend une dernière fois la parole : « Je vous présente mes excuses et je vous demande de me pardonner. Je sais que ça ne va pas vous guérir, mais si j’ai pu faire du bien à une seule victime, pour moi c’est une victoire. » Salah Abdeslam se rassoit.

Loin du garçon vindicatif qui se présentait comme un combattant

Il semble loin, le garçon vindicatif qui, aux premiers jours du procès, se présentait comme un combattant de l’État islamique. Pendant trois jours, avec l’aide de ses avocats, Salah Abdeslam a tenté de présenter un autre visage, celui d’un petit frère sous influence qui a découvert deux jours avant les attaques le véritable objectif de tout ce à quoi, depuis des semaines, il avait contribué.

Un jeune homme dépassé par les évènements, pris au piège.

Si mon frère m’avait dit dès le départ, on va chercher des guerriers pour commettre des attentats, jamais je n’aurais accepté. Le fêtard que j’étais n’aurait pas accepté

Pendant trois jours, il s’est glissé dans les failles du dossier

Bien conseillé par ses avocats, Me Olivia Ronen et Me Martin Vettes, Salah Abdeslam s’est employé, pendant trois jours, à se glisser dans les failles du dossier pour donner une version des faits crédible à défaut d’être toujours parfaitement cohérente.

Ainsi, il a expliqué pour la première fois cette semaine que la voiture qu’il avait abandonnée dans le 18e arrondissement de Paris était en panne, quelques jours après que son avocate a demandé à un enquêteur si cette hypothèse avait été vérifiée (elle ne l’avait pas été).

Il assure avoir pris le taxi et non pas le métro pour rejoindre Montrouge, en banlieue sud de Paris, alors qu’un policier expliquait n’avoir pas pu déterminer comment il s’y était rendu, et que l’accusation semble persuadée qu’il était destiné à se faire exploser dans les transports en commun.

« Ce n’était pas ma place de le dire, mais mon intention n’est pas mauvaise »

Me Martin Vettes s’agace d’ailleurs : « On vous reproche d’avoir des déclarations qui collent au dossier, et quand ça colle moins, on vous le reproche aussi. C’est un peu problématique… » Salah Abdeslam a aussi pris soin de désamorcer les propos blessants qu’il avait tenus la veille, lorsqu’il avait déclaré que les victimes étaient sorties « grandies » des attentats et qu’elles avaient « acquis des qualités qu’on ne peut pas acheter dans un supermarché ».

« J’ai entendu à la barre une jeune fille qui a dit sa colère et qui a étudié six années pour devenir médecin, d’autres qui se sont tournés vers l’écriture, j’ai trouvé ça beau », a-t-il dit. « Peut-être que ce n’était pas ma place de le dire, mais mon intention n’est pas mauvaise. »

« Est-ce que vous êtes fier d’avoir renoncé ? » « Oui. »

Salah Abdeslam répète qu’il n’a tué personne et qu’il a renoncé dans ce café du 18e, où il dit être rentré le soir du 13-Novembre. « Est-ce que vous êtes fier d’avoir renoncé ? », lui demande une avocate de parties civiles. Un ange passe. « Oui. Parfois, avec tout ce qui m’arrive, je me dis que si j’avais actionné cette ceinture, je ne serais pas là. Mais quand je repense aux gens dans ce bar, je me dis que j’ai bien fait. »

« Vous répétez presque à chaque audience que vous n’avez tué personne. Ça nous donne l’impression que vous ne vous sentez pas responsable des morts et des blessés. Est-ce que je me trompe ? », lui demande une autre avocate de victimes.

« Je veux être oublié à jamais. » 

« Oui, vous vous trompez. » « Quand vous déposez des bombes humaines au stade de France, vous ne vous sentez pas responsable ? » « Bien sûr, j’ai ça sur la conscience, et je ne nie pas ma responsabilité. Ce que je veux dire, c’est que je n’ai pas tué directement. Mais si ça dérange vos clients, je ne dirai plus que je n’ai tué personne. »

« Quelle image aimeriez-vous laisser ? », lui demande encore une avocate. « Je veux qu’on ne se souvienne pas de moi. Je veux être oublié à jamais. »

Libreopinionguinee avec RFI

 

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