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Présidentielle en Côte d’Ivoire: une journée électorale émaillée d’incidents

Près de 7,5 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes ce samedi 31 octobre en Côte d’Ivoire pour le premier tour de l’élection présidentielle. Un scrutin boycotté par l’opposition qui a lancé un appel à la désobésissance civile.

La journée de vote en Côte d’Ivoire a été marquée par une faible participation par endroits et des incidents. A Abidjan, entre boycott et crainte de violences, de nombreux Ivoiriens n’avaient toujours pas voté à la mi-journée dans certains quartiers. Dans un bureau de Cocody Angré, où notre envoyée spéciale s’était rendue en début d’après-midi, seules une vingtaine de personnes avaient voté sur les 400 inscrits. Même constat dans les bureaux aux alentours.

Quelques incidents ont été également enregistrés dans la capitale, notamment dans le quartier de Blockhauss, réputé favorable à l’opposition. Au moins un bureau a dû être fermé. A Yopougon, commune populaire d’Abidjan, le ministère de la Sécurité indique d’un bureau de vote a été attaqué par une dizaine de manifestants armés.

On le veut pas au pouvoir aujourd’hui, on le veut pas au pouvoir demain, on le veut pas après-demain. On le veut plus au pouvoir. On est fatigués !

En colère, des habitants de Blockhauss empêchent la tenue du scrutin

116 incidents recensés

Des incidents ont été aussi été signalés dans le reste du pays. Selon l’organisation de la société civile Indigo, qui a déployé plus de 1 000 observateurs sur le terrain, 21% des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire n’avaient toujours pas ouvert à midi. Indigo recensait à la mi-journée 116 incidents. A Yamoussoukro, Daoukrou ou Bongouanou, des manifestants de l’opposition ont ainsi empêché l’ouverture de bureaux. A Vavoa, Agboville, Adzopé, Daloa, du matériel électoral a été saccagé.

On ignore l’exacte étendue de ces incidents, les observateurs n’ayant pas pu se développer partout. A Yamoussoukro, par exemple, ceux du Centre Carter ont dû faire demi-tour, des barrages ayant été érigés à travers la ville. L’opposition dans son décompte identifie un nombre important de départements dans lesquels, selon elle, « les sous-préfectures et les villages n’ont pas pu voter ».

La Commission électorale, elle, tempère. « Les dégâts sont minimes », a indiqué le président de la Commission à la mi-journée. « A peine 30 ou 40 bureaux de vote sont concernés. »

On a dit qu’on n’était pas d’accord avec le fait qu’il y ait une élection en Côte d’Ivoire.

A Bonoua, des centres de vote restés fermés et certains saccagés

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La bataille des bilans

Les bilans partagés par les uns et les autres étaient samedi présentés comme partiels mais, d’ores et déjà, les deux camps en tirent des conclusions claires.

Pour l’opposition, le boycott auquel elle avait appelé est une victoire. « Partout, les barricades sont restées dressées et le convoyage du matériel électoral n’a pas été possible », a affirmé ce samedi soir Pascal Affi Nguessan. « Dans toutes les communes, à l’exception de quelques quartiers, Abidjan était une ville déserte. A l’est et à l’ouest du pays, 90% des bureaux de vote ont été fermés », a poursuivi cette figure de l’opposition, qui en conclut que « le mot d’ordre de désobéissance civile a été suivi dans leur grande majorité par nos compatriotes ». Et d’estimer que « le coup d’Etat constitutionnel est un échec, les Ivoiriens ont refusé de s’associer à cette mascarade d’élections ».

De son côté le parti présidentiel, le RHDP, par la voix de son directeur exécutif Adama Bictogo, félicite les Ivoiriens « pour s’être déplacés massivement ». « Cette élection s’est tenue dans le calme, en dehors de quelques dizaines de bureaux, a-t-il estimé. Nonobstant quelques obstacles dans certaines localités nés des agressions orchestrées par l’opposition, nous notons que la maturité, la sérénité, le civisme des Ivoiriens ont prévalus ». Selon lui, « l’opposition a échoué ».

Nous sommes libres de voter ou de ne pas voter. Mais lorsqu’on prend la décision de voter, qu’on laisse les gens voter. Ca ne sert à rien de vouloir casser, détruire, empêcher le vote. Il faut avancer.

Dans le quartier de Angrès à Abidjan, les habitants partagés entre voter et boycotter

RFI

 

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