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POINT de VUE (Alpha Oumar DIALLO, ancien diplomate – Sonfonia)

POINT de VUE

(Alpha Oumar DIALLO, ancien diplomate – Sonfonia)

Dans l’histoire fortement encrassée de notre pays, scintillent quelques points lumineux qui sont autant de repères marquant l’espoir d’une renaissance pour un Peuple à qui on a tout promis et rien donné.

Le 02 Octobre 1958, le 03 Avril 1984, le 23 Décembre 2008, le 05 Septembre 2021, sont bien des dates qui ont  brillé par l’allégresse hystérique qui a salué leur avènement.

            Mon propos n’est pas de m’attarder sur les trois premières qui auront vécu leur fantastique équipée messianique et abouti à un éblouissant désappointement. Je voudrais ici m’appesantir sur la 4ème date parce que simplement elle colle aux réalités du moment et se prolonge dans des séquences innovantes à fort impact national.

            Au jour du 05 Septembre 2021, notre pays était gravement  malade, non pas seulement de son retard économique ou de son archaïsme politique caractérisé par un lourd déficit démocratique, mais aussi et surtout de la décomposition de sa Nation sous la férule impitoyable  de l’ethnisation à outrance  de la gestion étatique.

            Ce constat d’une altération de la cohésion sociale est plus préoccupant que tout autre défi à relever par les nouvelles autorités. Comment peut-on développer un pays quand ses filles et fils n’ont pas le sentiment d’avoir un destin commun, quand il est courant de se sentir férocement persécuté parce qu’on est né à l’Ouest au lieu de l’être à l’Est, au Nord au lieu de l’être au Sud.  Les préférences ethniques ou l’hégémonie régionaliste ne sauraient être des leviers de commande pour tirer un pays vers le haut et lui ouvrir grandement les portes de la prospérité économique.

            La vraie richesse d’un pays, on ne le dira jamais assez, ce ne sont pas ses ressources naturelles quelles qu’en soient la quantité et la diversité, mais ses femmes et ses hommes avec leur intelligence de vivre ensemble, leur volonté et leur capacité d’unir leurs forces, leur aptitude à vaincre  leurs instincts égoïstes et leur courage d’extirper de leur cœur l’hydre de la haine. « Il n’est richesse que d’hommes » disait le philosophe-économiste français Jean BODIN

            Jusqu’à ce jour, à la lumière des actes posés par le Président de la république, il convient de souligner  qu’il joue correctement  le personnage qu’il s’est donné et que le Peuple a plébiscité. Dans sa pédagogie de l’exercice du pouvoir, il est en voie de réussir là où beaucoup ont échoué : lier l‘acte à la parole, faire ce qu’on dit et dire ce qu’on pense. Toute la magie d’un pouvoir triomphant se situe dans cet aphorisme dont la force de suggestion éloigne le spectre de la trahison.

            Président du CNRD, le Colonel Mamadi DOUMBOUYA a dit et redit : « Nous sommes venus pour mettre les guinéens tous ensemble et développer notre pays ». Ces mots d’une forte tonalité résonnent  dans la conscience collective comme une sentence bannissant de nos mœurs politiques le polluant et funeste principe de diviser pour régner. Qu’il en soit ainsi, la Guinée se portera mieux. Le moins qu’on puisse dire est que le choix des femmes et des hommes du nouveau gouvernement a tenu compte de cet engagement-phare d’un homme visiblement attaché à la valeur sacrée de son serment.

            Dans ces nominations relativement équilibrées dans la forme et qualitativement appréciables dans le fond, on reconnait la Guinée plurielle dans ses composantes régionales, ses composantes sociales intérieures et extérieures, ses réserves inépuisables de compétences intellectuelles disséminées çà et là.

            Que certains, de bon droit, expriment des réserves sur quelques facettes de ce casting, est tout à fait normal et se comprend dans les limites imprescriptibles de l’imperfection  de toute œuvre humaine. La critique n’a rien d’odieux si elle n’est pas d’inspiration malveillante. Elle évite à une autorité de s’installer dans le confort  chimérique de la confiance excessive en soi.

            A présent, il est essentiel de ne pas s’arrêter en si bon chemin et de veiller à ne pas succomber au charme trompeur des démons de la division tapis à l’ombre du pouvoir et dont l’unique obsession est de réussir à escalader le ciel au moyen de tous les moyens pour satisfaire leurs intérêts personnels.

            Au niveau de toutes les structures de l’Etat, cette redistribution inclusive des postes à responsabilité doit s’appliquer pour que  la physionomie de l’administration guinéenne soit l’incarnation de l’idéal de justice que prône le CNRD.

            Si cette administration est sociologiquement et politiquement monocolore, elle restera une redoutable machine à fabriquer  des imposteurs au lieu d’être un véritable  moteur du développement  de notre pays. Elle sombrera comme ce fut souvent le cas  dans le culte de la médiocrité et de la flagornerie, plutôt  que de briller dans l’exaltation du mérite et de la probité, deux ingrédients indispensables  de l’efficacité et de la performance.

            En transmettant  le pouvoir le moment venu, le plus précieux défi que le CNRD aura relevé serait d’avoir  accompli en profondeur le toilettage de notre administration fortement souillée par les incongruités de la mal gouvernance.

            Cette Transition amorcée vaudra mieux que celles qui l’ont précédée si elle se donne pour vocation de démolir les cloisons anachroniques entre les groupes sociaux et neutraliser le conservatisme des structures sociales  qui entretiennent l’extrémisme des idéologies.

Malgré les pesanteurs qui pourraient se dresser, il y a à espérer que la promesse des fleurs donnera les fruits attendus et que la belle éclaircie qui s’annonce sous le ciel de Guinée, se poursuivra pour aboutir à la grande clarté estivale où le bien-être moral et matériel sera le lot quotidien de chaque guinéen.

                                                                             Conakry le 9 novembre 2021

 

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