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Opposants écroués, indépendance de la justice, dialogue politique…Macka Baldé dit tout à Laguinee.info

Comme annoncé dans nos précédents articles, Macka Baldé, vice-président des Nouvelles Forces Démocratiques de Guinée (NFD) a accordé une interview à Laguinee.info,  ce vendredi 4 juin 2021. Le numéro 2 des NFD a évoqué plusieurs sujets d’actualités. Il s’agit notamment de la tribune publiée récemment dans les médias et qui est signée par les détenus politiques membres de l’UFDG ; du départ de Mouctar Diallo du gouvernement, du dialogue politique entre autres.

Décryptage

Laguinee.info: vous êtes le vice-président des NFD, un parti politique dirigé par l’ancien ministre de la jeunesse Moutar Diallo.Votre parti est allié à la mouvance présidentielle, le RPG arc-en-ciel. Quel regard vous portez sur l’actualité politique de notre pays ?

Macka Baldé : bon, actuellement, la situation est plutôt calme, elle est plutôt bonne. Nous, au niveau de la mouvance présidentielle, nous continuons à soutenir les actions de Son Excellence Monsieur le Président de la République, le Professeur Alpha Condé qui, vous savez après sa réélection, à imposer le style de gouverner autrement. En tant que directeur général adjoint de l’Agence Nationale de Volontariat Jeunesse, au niveau de nos services nous imposons le même style de gouverner autrement. C’est-à-dire le changement de mentalité, le changement de style de gouvernance. Aujourd’hui, nous tirons chapeau à  notre gouvernance.

Laguinee.info : vous tirez chapeau à cette gouvernance. Mais la gouvernance n’est pas rose comme on le croit. Puisque plusieurs leaders de l’opposition sont aujourd’hui détenus à la maison centrale de Conakry ; certains ont passé sept (7) mois de prison. Récemment dans une tribune dispatchée dans la presse, certains leaders de l’opposition incarcérés aujourd’hui notamment Ousmane Gaoual Diallo, Chérif Bah, et Cie, ont appelé au dialogue. En tant que cadre allié à la mouvance, comment avez- vous accueilli cette tribune ?
Macka Baldé : Nous avons accueilli très favorablement l’appel des détenus : Ousmane Gaoual, de Chérif Bah, de Cellou Baldé. Vous savez la politique c’est un débat d’idées, de contradictions. Si vous voyez aujourd’hui c’est les Gaoual que vous connaissez bien, Cellou Baldé, et Chérif Bah qui appellent à dialoguer, je pense que c’est une très bonne chose. Nous, au niveau de la mouvance présidentielle, le président de la République a pris un acte pour mettre un secrétaire permanent du dialogue politique.  Donc, ça veut dire que le président tend la main à tous ceux qui sont intéressés dans le débat politique. C’est pour qu’on puisse échanger sur les questions d’intérêt national. Je pense que, quand vous regardez aussi cette tribune, vous comprendrez que ces personnes qui ont appelé au dialogue se sentent un tout petit peu abandonnés par leur parti. C’est-à-dire qu’ils considèrent que le parti UFDG ne fait pas assez d’efforts pour leur libération ou pour que la justice puisse influencer la machine pour aller vers un procès juste et équitable. Donc, je pense qu’il y a une frustration. Mais d’autres pensent que c’est une grande responsabilité. Ils ont pris leurs responsabilités parce qu’au début quand ils étaient là-bas, on voyait leur publication sur leur page Facebook. Mais aujourd’hui, la donne a changé. Nous, au niveau de la mouvance, nous sommes prêts pour le dialogue.

Laguinee.info: est-ce que vous pensez que le chef de l’Etat est animé d’une réelle volonté d’aller au dialogue puisqu’ il a fait fermer le siège et les bureaux de son principal opposant, l’UFDG?

Macka Baldé : mais est-ce que c’est le président qui est parti fermer ou c’est la justice ? Est-ce que c’est le président de la République qui est venu au siège de l’UFDG pour fermer le siège ou bien ce sont les magistrats, les procureurs, les juges qui ont enclenché une poursuite contre l’UFDG qui ont procédé à la fermeture. Rétablissons les choses, c’est la justice qui a procédé à la fermeture des locaux de l’UFDG et non le président de la République, ni les membres du gouvernement.

Laguinee.info : mais une bonne partie l’opinion pense que la justice est aux ordres du pouvoir, aux ordres du président de la République. Donc, la puissance publique et la justice seraient aux ordres du président de la République. Qu’en dites-vous ?

Macka Baldé : pas du tout. La justice est indépendante. Ça  se voit à travers un certain nombre de décisions. Tout le monde est justiciable. Je disais hier dans les médias, nous pensons que la justice doit être libre et indépendante pour faire son travail. Donc, le président de la République ce qu’il peut faire, c’est quand la justice finit de faire son travail s’il a envie de gracier quelqu’un ça, c’est dans ses prérogatives. Ça émane de sa décision. C’est-à-dire il peut gracier n’importe qui, enlever  sa peine. Donc, c’est ce que le président peut faire. Mais, le président laisse toujours la justice faire son travail.

Laguinee.info : vous croyez à la sincérité de la justice guinéenne, d’autant plus qu’après les élections présidentielles c’est seulement les militants supposés être, d’un seul bord politique c’est à dire de l’opposition qui ont été arrêtés et incarcérés ?

Macka Baldé : ce que je sais, c’est qu’il y a eu beaucoup de violences lors de ces élections. Les élections, d’abord il y a eu le référendum, il y a eu les législatives et les présidentielles du 18 octobre. Moi, j’étais directeur de campagne du côté de Dalaba. Je sais ce qui s’est passé à Dalaba. Les violences que j’ai vues à Dalaba cette fois- ci, c’est comme dans un film de guerre. C’est à dire j’ai vu des choses que je n’ai jamais vues dans ma vie sinon que dans un film. Il y a un certain nombre de personnes qui ne voulaient pas qu’on aille aux élections. Par exemple, la déclaration de Cellou Dalein concernant les résultats, c’était pour créer le chaos. Il a fait cette déclaration parce que nous même on était à Dalaba le lendemain des élections on n’avait même pas 50% des résultats. Par exemple, si vous prenez le district de Banga et d’autres, il faut aller jusque vers Labé, monter à Pita et revenir. Ce sont des points qui sont très difficiles à accéder. Donc, le lendemain on était là, à la  centralisation on n’avait même pas la moitié des résultats. Du coup, on apprend qu’il y a un candidat qui s’est autoproclamé et ça a créé un peu le chaos. Quand je suis arrivée à Kindia, Abdoulaye Bah qui était là-bas à la délégation spéciale avait sorti des militants, des personnes armées par des jets de pierres qui attaquaient les gens dans la circulation. Il a fallu qu’on appelle madame le gouverneur de la région de Kindia qui nous a envoyé trois Pick-up pour nous tirer de là. C’est-à-dire pour nous faire passer. Il y a eu une bagarre totale à Kindia quand Cellou Dalein s’est autoproclamé. Donc, c’est pour vous dire d’une part, si les personnes là sont là-bas c’est qu’on les reproche de quelque chose maintenant. C’est à la justice de nous dire réellement ce qu’ on leur reproche.

Laguinee.info : alors pour une décrispation politique, qu’est-ce que les NFD peuvent proposer aux guinéens ?

Macka Baldé : il n’y a pas une crise politique. Il n’y  a aucune crise en ce moment.

Laguinee.info: bien-sûr qu’il y a une crise parce qu’il y a des gens qui sont en prison. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles on demande le dialogue aujourd’hui ?
Macka Baldé : non, le dialogue c’est pour permettre aux guinéens de se parler. Ce n’est pas parce qu’il y a une crise en ce moment en Guinée. Il n y  a pas de crise en ce moment en Guinée. Il n’y a pas de guerre, il n’y a pas de mouvement politique, il n’y a pas de manifestation, il n’y a pas de tuerie, il n’y a pas d’arrestations. Donc, les gens sont en train de sortir vaquer à leurs besoins tranquillement et rentrer chez eux. Nous, on va au travail, on revient, il n’y a pas de problème. Le pays est calme. Mais, on a besoin de se parler entre nous. Nous tous, nous œuvrons pour le bien-être des guinéens y compris les opposants. Leurs objectifs quand ils viendront au pouvoir, c’est pour améliorer les conditions de vie. Le président Alpha Condé est là comme un lion, c’est pour améliorer les conditions de vie des guinéens en ce moment. Donc, ceux qui sont aussi dans l’opposition, c’est leur souhait. Donc, je pense qu’ils représentent quelque chose dans le pays. Ils ont des militants. Ils ont des personnes qui sont derrière eux. Donc, c’est pour cela que le président a lancé la notion du dialogue. C’est pour permettre aux acteurs de se parler et s’il y a des problèmes qui existent, d’essayer d’évacuer ces problèmes, de se mettre autour de la table du dialogue et d’essayer de trouver des solutions à un certain nombre de choses.

Laguinee.info: on sait que Mouctar Diallo a quand même contribué largement à la réélection du président de la République, puisqu’il a bien mouillé le maillot notamment au Foutah. Est-ce que vous comprenez son départ du gouvernement ?

Macka Baldé : oui, je comprends son départ du gouvernement. Mouctar est le président des NFD, quand il s’engage il s’engage. Depuis qu’on est venus à la mouvance, lui avec le président de la République, on les soutient à cent pour cent, sans arrière-pensée. Vous savez, Mouctar a fait ce qu’il pouvait faire. Il a contribué à mettre en place la nouvelle constitution, il a contribué à mettre en place une nouvelle Assemblée nationale dont les NFD ont trois députés. Nous sommes d’ailleurs la deuxième force politique derrière la mouvance. Et nous avons contribué à la réélection de son excellence monsieur le président de la République à travers, la CODENOC notamment. Donc,  Mouctar aujourd’hui, si le président décide de le remplacer au ministère de la Jeunesse, ça ne veut pas dire qu’il y a la rupture. Il n’y a pas de rupture. Nous sommes de la mouvance présidentielle. Le ministre Mouctar peut être utile aux guinéens, être utile au président de la République même étant en dehors du gouvernement et ce qui se fait en ce moment. Il  y a de très bons rapports entre lui et le président de la République. D’ailleurs, il considère le président Alpha Condé comme son père et le président Alpha Condé considère Mouctar Diallo comme son fils. Et nous autres qui sommes dans le système, nous travaillons, nous continuons à mettre en place la politique du président de la République. Donc, nous sommes des alliés très sûrs de la mouvance présidentielle. Donc au niveau des NFD, il n’y a pas d’amalgame, c’est un parti de la mouvance présidentielle, un parti qui s’est battu et qui va continuer à se battre auprès du président de la République.

Laguinee.info : Mouctar Diallo vient de décrocher son doctorat, espérez- vous son retour au gouvernement ?

Macka Baldé : bon, je vous disais tantôt que ce n’est pas le retour de Mouctar dans le gouvernement qui est important pour nous. C’est la nature des relations qui nous lie avec la mouvance présidentielle. Tout va très bien entre nous. Donc, c’est le président Alpha Condé qui a une fois encore le dernier  mot. C’est-à-dire le décret, c’est le président même qui décide qui il veut nommer, qui il veut enlever. S’il ramène Mouctar, c’est très bien. S’il ne le ramène pas, ça ne changera rien à nos relations. Nos relations sont au beau fixe. Donc, il y a d’autres guinéens aussi qui peuvent venir à la place de Mouctar et qui peuvent aussi apporter leurs trucs. Donc, au niveau du partenariat il n’y a aucun problème. Nous sommes partenaires à la mouvance présidentielle et nous continuons à travailler au sein de la majorité présidentielle. Et le ministre Mouctar est dans cet esprit d’alliance.

Laguinee.info: vous êtes le directeur général adjoint de l’Agence Nationale de Volontariat Jeunesse (ANVJ). Vous avez été nommé à ce poste il y a près de trois ans. Qu’est-ce qu’on peut retenir comme actions posées par vous ?

Macka Baldé : quand je suis venu à l’ANVJ, j’ai pu apporter et jusqu’à présent je continue d’apporter aujourd’hui. Parce que quand je venais à l’ANVJ, l’ANVJ n’était pas connu comme ça. Donc à travers mon avènement comme DGA, on a essayé de renforcer la communication et la visibilité, nous avons trouvé un siège, même si c’est dans le privé à Kaloum. Nous avons eu des véhicules de fonction. Nous avons formé, déployé des milliers de jeunes guinéens. Nous avons contribué à sensibiliser les citoyens lambda dans le cadre de la lutte contre la covid19, et l’ANVJ a contribué à stopper le virus Ebola à travers le déploiement de 20 mille jeunes sur toute l’étendue du territoire. Là où nous sommes en ce moment, nous sommes en train de préparer le recrutement et le déploiement de la septième vague des volontaires. Donc, nous allons nous retrouver du 15 au 19 de ce mois à Kindia pour former les jeunes et les déployer dans le secteur de l’enseignement, de l’état civil, de l’environnement, et de la santé. Nous allons déployer des infirmières, des sages-femmes, des médecins, des enseignants sur toute l’étendue du territoire national pour permettre d’appuyer les collectivités locales des besoins. L’ANVJ est un outil transversal pour le gouvernement. J’ai piloté l’année passée la caravane nationale citoyenne, nous avons fait le tour de la Guinée, et sensibilisé plus de 50 mille jeunes sur des questions d’intérêt national. J’ai piloté la journée nationale de la jeunesse l’année dernière à Siguiri. J’étais le président de la commission d’organisation, je pense que c’est une journée historique, qui a réuni tous les jeunes de Guinée à Siguiri. Nous avons reboisé plus de 4 mille hectares à Siguiri. Nous avons rénové la maison des jeunes de Siguiri, équipé, formé  des jeunes qui sont venus de tous les horizons etc.

Interview réalisée par Ibrahima Sory Diallo pour Laguinee.info
Tél. : (00224) 621 09 08 18

 

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