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Marie Madeleine devant Dalein à Paris : « Il est tant d’abandonner les petits calculs politiques »

Lors du meeting de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), à Montreuil en France, ce dimanche 27 janvier, la présidente du Parti des Écologistes de Guinée a invité l’opposition guinéenne, à se rassembler, pour faire respecter l’ordre constitutionnel en Guinée.

Marie Madeleine Dioubaté, n’a pas lésiné sur les critiques lancinantes, à l’égard de l’opposition guinéenne et de certains politiciens transhumants.

Ci-dessous l’intégralité de son discours.

Paris le, 27 Janvier 2019

Monsieur le président de l’UFDG,

– Mesdames et Messieurs,

En acceptant votre invitation, à participer à votre meeting, j’ai exprimé le plaisir que j’éprouve à vous retrouver et à reprendre avec vous un dialogue que je me suis toujours efforcé de maintenir. L’accueil que vous nous avez réservé, la qualité de nos premiers entretiens, monsieur le Président, le toast amical, chaleureux que nous avons porté, m’ont touché profondément, et je tiens à vous en exprimer toute ma reconnaissance.

Monsieur le Président, je dois vous dire en toute honnêteté que j’ai apprécié votre démarche de vouloir rassembler l’opposition.

Je suis donc certaine de me faire l’interprète d’une grande majorité de Guinéens et peut-être de me faire votre interprète cet après-midi.

Il y a un moment clé dans l’histoire des femmes et des hommes, où nous sommes amenés à faire des choix difficiles, et à prendre des décisions difficiles. Je pense que ce moment est arrivé et je dois vous dire Mesdames et Messieurs, qui êtes venus si nombreux assister à ce meeting, que je suis clairement opposée à toute modification de la constitution de notre pays. Et c’est aussi une des raisons de ma présence parmi vous cet après-midi.

Monsieur le Président, en tant que chef de file de l’opposition, je sais que vous vous battez pour sortir la Guinée d’une situation difficile. Je sais aussi que les choses ne sont pas simples. La vérité c’est que l’opposition Guinéenne est indécise, elle marche en rang dispersé. Il faut aujourd’hui que tous les leaders politiques de notre pays adoptent le langage de la vérité du courage et face preuve d’humilité à l’égard de l’ensemble de nos compatriotes Guinéens qui vivent dans la plus grande misère. Il est tant d’abandonner les petits calculs politiques, les egos surdimensionnés, parfois la jalousie, l’ethnocentrisme, la transhumance de certains leaders ainsi que les accords politiques biaisés.

Nous savons tous que le gouvernement utilise régulièrement la division et la corruption à grande échelle pour affaiblir les forces vives du pays. Alors je vous interroge. : Ne vaut-il pas mieux avoir un salaire et un revenu permanent qu’une somme d’argent qui vous dépanne pour quelques jours où quelques semaines et qui aurait dû servir à des activités de développement.

Il est donc vital aujourd’hui, que l’opposition se rassemble dans le seul but de faire respecter l’ordre constitutionnel, bafoué à plusieurs reprises, assainir le fichier électoral afin de le rendre fiable, et respecter les calendriers électoraux comme cela se fait dans les vraies démocraties.

C’est pourquoi, du haut de cette tribune, je lance un appel patriotique et solennel à tous les partis politiques, les organisations de la société civile, les associations des femmes et des jeunes, les syndicats, les médias, les services de défense et de sécurité, soucieux de l’avenir de la Guinée, afin de lutter pour une véritable alternance politique et démocratique.

Je demande également à tous les députés, de mettre en pratique dès la fin de ce mois la politique de la chaise vide au niveau de l’assemblée Nationale. En faisant cela, ces députés démontreront ainsi leur fervent patriotisme, qu’ils sont prêts à défendre la constitution Guinéenne, la démocratie et la nation.

Ceux parmi les députés qui continueront à siéger à l’assemblée Nationale en sachant que leur mandat a expiré ou prolongé de manière artificielle auront de toute évidence choisi leur salaire, et les avantages liés à leur fonction, donc il s’agit de leurs intérêts personnels au détriment de la nation guinéenne qu’ils sont censés défendre. En optant pour les considérations alimentaires, ces députés hypothèquent l’avenir de leurs enfants, petits enfants et toute génération future et seront tenus pour responsables de l’affaiblissement de nos institutions et de la régression de notre pays.

Je rappelle au passage que l’opposition elle aussi, doit se battre pour faire respecter scrupuleusement les lois et les règles qui régissent nos institutions.

Pour réussir notre entreprise de rassemblement, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, et pour sortir progressivement mais résolument la Guinée d’une situation très difficile, nous avons encore un long chemin à parcourir. Et c’est ensemble que nous devons trouver des solutions. La solution se trouve en chacun de nous, en chacun de vous.

Et je vous demande, à tous, de réfléchir au sens de la Nation. La Guinée est-elle une nation ? Pour moi une nation se définie par la complémentarité et non par l’Ethnie.

Nous avons bien un pays, un territoire géographique où cohabitent plusieurs ethnies. Mais sommes-nous prêts à tous nous unir autour de nouvelles valeurs suprêmes communes par lesquelles nous seront liés ensemble, ou nous éprouveront un sentiment de fraternité pour les uns et les autres quelque soit notre ethnie, et où nous serons prêts à sacrifier notre vie pour défendre la société que nous formons grâce à notre union ?

C’est dans le respect de la diversité ethnique et culturelle que naîtra l’unité nationale et pour préserver l’unité nationale il faut impérativement éradiquer la misère.

La société Guinéenne a besoin d’extérioriser le malaise qui la ronge, son mal- être, ses souffrances qu’il faut écouter et guérir. Le dénominateur commun à ce malaise partagé est la misère qui sévit dans tout le pays. La pauvreté et les manipulations politiques sont le combustible qui enflamme les braises des mésententes culturelles et/ou historiques pour que le feu de la division prenne.

Nous devons nous appuyer sur notre histoire et notre culture pour nous rappeler d’où nous venons.

L’histoire et la culture

Nous devons nous définir par le sentiment d’un passé commun, par une mémoire collective ancrée dans un ou plusieurs évènements ou situations. Par ailleurs il faut soigner les plaies ouvertes du passé. Ainsi on devrait commémorer tous les ans les massacres qui ont été perpétrés dans notre pays dans le recueillement national et renouveler le serment que cela n’arrivera plus jamais. L’Etat, dans un élan humain et dans le souci de pacifier les cœurs, devrait poser cet acte partout où il y a des blessures anciennes qui nourrissent des rancœurs.

Il nous faut favoriser

Le dialogue interculturel

Il faut abattre les murs de l’ignorance en mettant en lumière les éléments linguistiques, philosophiques, culturels, spirituels etc… communs à toutes les ethnies. On mesure ici l’importance et la pertinence des travaux fondateurs de Cheikh Anta Diop sur l’unité culturelle de l’Afrique noire ou de Théophile Obenga sur l’unité linguistique de l’Afrique noire. C’est en rassemblant les liens qui nous unissent qu’on fera naître le sentiment de fraternité et d’appartenance à la Nation, en opposition à l’appartenance à l’ethnie que nous diminuerons les tensions.

Il nous faut

La justice économique

Rien ne pacifie aussi bien un peuple que le confort matériel. La réduction de la pauvreté et du chômage principalement celui des jeunes et des femmes, l’amélioration du niveau de vie, la répartition juste et équitable des richesses, sont donc primordiales pour l’élaboration d’un climat de paix et de maintien de l’unité de notre pays..

Conclusion

Pour terminer je dirai que, l’instabilité politique chronique de notre pays est un frein au développement de notre pays auquel tous les Guinéens aspirent. Il devient urgent que nous fassions tous front pour stopper le projet d’une présidence à vie du Président de la République en œuvrant tous ensemble dans l’unité.

Plus tard avec l’avènement d’un nouveau régime nous devrons véritablement travailler à transformer notre pays en une Nation Indivisible. Cela passera par la création d’une conscience historique, le décloisonnement des identités ethniques, la refondation des symboles de l’Etat afin qu’ils reflètent la diversité de la nation.

Cela exige l’enseignement d’une philosophie commune, l’accélération du développement avec le partage équitable de nos richesses.

Nous devrons nous atteler à transformer notre pays pour en faire une Nation Moderne et prospère. On arrête la corruption on développe le pays en reprenant le contrôle des mines et on arrête de piller le pays.

Nous devons tous soutenir et servir des valeurs autres que l’argent et la corruption, défendre l’intérêt général, et protéger les plus faibles de la nation.

Tous unis nous pouvons y parvenir.

Je vous remercie Monsieur le Président de m’avoir permis de m’exprimer et Mesdames, et Messieurs, je vous remercie de m’avoir écouté.

Marie Madeleine Dioubaté

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