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MANIFS A KALOUM : quand Sekhoutouréya se prête à la manipulation

Ainsi donc, on n’a rien retenu des derniers soulèvements à Conakry en général et à Kaloum en particulier ? Bien entendu, nous parlons des vrais soulèvements, les soulèvements authentiques, dans le contexte de la dernière grève des enseignants. Et non les manifestations sponsorisées auxquelles nous assistons de manière cyclique depuis quelques jours au centre-ville. Des pseudo-mobilisations tantôt des femmes, tantôt des jeunes, pour prétend-on, venir présenter des excuses au président de la République. Des initiatives qui sentent la démagogie et la manipulation à plein nez. Sauf qu’à Sekhoutouréya, peut-être parce que le président de la République, ne se réveille toujours pas, ou parce que ses conseillers continuent à le berner, on prête le flanc à des actions qui ne peuvent qu’irriter les populations et décupler frustrations et malaise intérieur.

Précisons-le tout net. Ceux qui ont manifesté le 12 mars 2018 à Kaloum et en de nombreux autres endroits de la capitale guinéenne et qui s’apprêtaient à remettre ça le 14 mars, si l’accord n’avait pas été obtenu la veille, n’étaient pas guidés que par le besoin de réouverture des classes. On sait bien que dans le camp du pouvoir et de ceux qui le soutiennent, on ne voit que cette seule raison, parce qu’on ne veut voir que celle-là. Mais il convient de rappeler que le remède procède du bon diagnostic et que par ailleurs, ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on réussira à baisser la température. Bref, pour revenir à ces soulèvements qui ont fait penser à janvier et février 2007, il faut dire qu’ils étaient l’expression d’un ras-le-bol généralisé que les gens avaient trop longtemps contenu. La grève fut tout simplement l’occasion de laisser éclater la colère que les gens avaient accumulée pour tout un tas de raisons. Au nombre desquelles, il y avait bien sûr la précarité ambiante, le chômage des jeunes et même les embouteillages à Conakry. Mais il y avait aussi à la base de ces soulèvements, des attitudes et comportements que l’on retrouve dans les manifestations de ces derniers jours à Kaloum. Il s’agit notamment de l’arrogance de ceux que l’Etat a indument enrichis ou encore le sentiment qu’ont les Guinéens de n’être pas écoutés par les gouvernants.

En effet, que quelques parvenus sortent des billets de banque dont l’origine est plus que douteuse pour instrumentaliser des femmes et des jeunes, eux aussi plutôt prédisposés à être téléguidés, relève d’une certaine arrogance, voire même du mépris. D’autant que l’on sort d’une pénible crise où la gestion de la chose publique a été dénoncée de bout en bout. Mais le plus insoutenable, c’est le fait de voir la présidence de la République se prêter au jeu. C’est quand le chef de l’Etat ou certains de ses collaborateurs les plus proches accréditent et légitiment ces comportements, en feignant de croire à leur authenticité. Ça ressemble à une connivence entre ceux qui narguent les populations et un Etat qui n’arrive toujours pas à décoder les alertes à lui destinées. Et c’est prendre le risque de défier les Guinéens que de se rendre coupable de ce genre de comportement.

Boubacar Sanso Barry

Ledjely

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