Libye: bras de fer entre Russie et Turquie
La Russie et la Turquie – qui jouent un rôle de premier plan pour un cessez-le-feu en Libye – ne semblent pas s’entendre sur les modalités d’une trêve durable. Dimanche 14 juin, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, et son homologue de la Défense, Sergueï Choïgou, étaient attendus à Istanbul ; mais cette visite a été annulée à la dernière minute. Aucune raison n’a été donnée, mais, selon les médias turcs, il est fait état de désaccords entre les deux pays qui soutiennent des camps opposés en Libye.
Refus de la proposition russe
Ankara refuse donc la proposition russe et demande un retour à la situation d’avant 2015. C’est-à-dire, le retrait de l’armée nationale libyenne dirigée par Khalifa Haftar jusqu’à Benghazi ce que Moscou refuse totalement. Le Kremlin souhaite imposer un tracé pour un cessez-le-feu respectant ses lignes rouges : Syrte, Al Joufra et le croissant pétrolier.
Depuis le 13 juin, un comité conjoint essaie d’avancer sur un accord turco-russe mais sans succès. La Turquie minimise les différences et évoque seulement des « difficultés techniques » pour un cessez-le-feu. En l’absence d’un accord entre Ankara et Moscou, les combats risquent de reprendre de plus belle. La Turquie ambitionne de réaliser de nouvelles victoires pour arriver à la table des négociations en position de force. Elle continue à envoyer des mercenaires et des armes au GNA qui a rassemblé toutes ses forces autour de Syrte.
Si l’intervention turco-russe en Libye a limité la prédominance américaine et a freiné sérieusement les Européens, plusieurs observateurs évoquent un rapprochement franco-russe, équivalent à celui opéré entre les Américains et les Turcs. En témoigne le ton virulent du dernier communiqué français envers Ankara et ses ambitions « inacceptables » en Libye, selon Paris.
RFI