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Le salon VIP de l’aéroport de Conakry refusé à Salif Keita : « je ne suis pas sûr de revenir ici en tant qu’artiste »

Visiblement, entre la France et roi de la musique mandingue Salif c’est le désamour. Hier, le célèbre artiste malien a déclaré avoir été refusé d’accès au salon d’honneur de l’aéroport de Conakry par un individu. Il y voit une cabale de la France. Explications…

« Je suis très  touché. Devant moi aujourd’hui, je vois mes enfants et mes petits-enfants. C’est une chance pour moi bien que ça soit très nostalgique. Parce que, j’ai vu des grands musiciens de la Guinée évoluer partout dans le monde, qui ont fait de la Guinée une illustration de la culture africaine. Qui ne sont peut-être pas là aujourd’hui tous. Mais, que je dois saluer avant de commencer. J’ai 70 ans. Mes 70 ans, j’ai passé 20 ans de scolarité et 50 ans de musique. Je suis quelqu’un de déterminé comme Malcolm X, comme Martin Luther King, comme Sékou Touré, Kwame Nkrumah, Lumumba, tous ces pionniers qui ont aimé l’Afrique dans leurs cœurs, qui se sont battus et qui sont peut-être partis par trahison, par empoisonnement pour cette Afrique qui nous est très chère. Je veux dire que cette Afrique a besoin de vous les enfants. Ça fait 600 ans que les Blancs sont rentrés chez nous, 1420 ans ils sont venus. Ils ont commencé à nous vendre, à nous maltraiter. En l’an 2020, ça fait 600 ans de maltraitance. Je suis sûr et certain que ces gens trouveront toujours ce petit filon d’ADN africain qui va toujours parler, qui va toujours les rappeler que l’Afrique a des guerriers, que l’Afrique a eu des gens qui ont aimé des Africains qui se sont battus, à cause desquels (Blancs) nos enfants sont en train de mourir dans le désert, ils sont en train de mourir d’esclavage, de mourir dans les océans parce que tout simplement, ils ne veulent pas qu’on soit développés. Donc, je vous confie l’Afrique. Est-ce que je vais revenir en Guinée ? ce n’est pas sûr.  Donc, je profite d’aujourd’hui pour vous dire que ce continent a besoin de vous. Ce continent si riche, si pauvre, si digne, a besoin de vous. Riche parce que le sous-sol africain, c’est ça qui rend la richesse dans le monde. Pauvre pourquoi, parce qu’ils sont en train de nous tuer, de nous maltraiter pour profiter. Nous sommes des pauvres gens devant leur puissance. Je suis très fier aujourd’hui de parler à cette jeunesse sur laquelle je veux compter après moi, ce travail et cet amour vont continuer. Il y a des puissances qui sont premières productrices d’or, elles n’ont pas d’or chez elles, premières en aluminium, elles ne l’ont pas chez elles, premières en pétrole mais, elles n’ont pas de pétrole chez elles. Nous sommes des pauvres qui avons tout ça mais, en même temps pauvre. Je vous confie l’Afrique. J’ai eu une petite histoire en rentrant en Guinée. Je suis parti à l’aéroport, ce n’est pas moi qui ai voulu partir dans le salon. On m’a amené dans le salon, il y a eu quelqu’un qui n’a pas voulu à ce que je rentre dans le salon d’honneur. On m’a foutu dehors. Ce n’est pas un problème. Parce que j’avais oublié quelque chose, l’aéroport guinéen n’est pas guinéen, il est français. 99 ans de contrat avec la France, il n’est pas guinéen, il est français.  Si je le savais avant, je ne serais pas parti dans le salon. Mais, je suis fier. Le président Alpha Condé est en train de faire une route entre Bamako et Conakry, je serais fier de découvrir le paysage entre Bamako et Conakry par la route. Donc, je suis fier d’être avec vous et suis content d’être avec vous ici pour fêter mes 70 ans, mes 50 ans de carrière. Pendant le concert, il n’y a pas seulement de nouveautés. Je vais rappeler les gens en jouant les anciens morceaux qui ont fait de Salif quelqu’un de connu dans le monde. (…) Salif Keita, sa première sortie internationale, c’était en Guinée en 1974 où on m’a décoré officier de l’ordre national par le président Sékou Touré. A tout seigneur tout honneur. Je suis content aujourd’hui d’être là. Comme on dit l’homme propose Dieu dispose. Je ne suis pas immortel heureusement. Parce que, Je crois que ce n’est pas bon d’être immortel physiquement. Sinon, il n’y aurait pas de place pour tout le monde.  Peut-être que je vais revenir mais qui sait ? L’homme propose, Dieu dispose. Je suis quelqu’un, tout le monde est téléguidé. On est téléguidé par le destin. Moi, la première fois que je suis sorti de Bamako pour aller ailleurs, c’était Conakry. Et maintenant, à 70 ans, je me retrouve devant mes petits-enfants et mes enfants. Je crois que je ne suis pas sûr de revenir ici en tant qu’artiste, c’est pourquoi je dis ça. Mais, ce n’est pas perdu. Vous êtes les dignes de cette Afrique, je compte sur vous. Je suis sûr et certains que vous êtes tous des dignes fils de l’Afrique qui vont défendre l’Afrique. Je suis tellement différent, il y a tellement d’autres musiciens et plein d’artistes talentueux, donc on ne peut pas tout faire. Quel que soit l’âge ou l’expérience, on est toujours élève. On n’a jamais fini d’apprendre. Je suis un africaniste, j’ai pu avoir plusieurs nationalités. J’ai pu être français, américain, norvégien, suisse, canadien, j’ai refusé. Je suis africain et je vais mourir Africain. Je suis un africaniste, fière de l’africain et prêt à mourir pour l’Afrique. (…)”.

Mediaguinee

 

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