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La presse guinéenne en deuil : décès du doyen Bah Mamadou Lamine, Grand Reporter du satirique Le Lynx (témoignage)

Je suis très consterné d’apprendre le décès du doyen Bah Mamadou Lamine, Grand Reporter du satirique Le Lynx.
Il a été un modèle pour nous jeunes stagiaires et puis reporters du groupe de presse Le Lynx-La Lance. C’était aussi un homme humble, taquin et d’une gentillesse extraordinaire. Il m’appelait  » Azucar ». On s’appelait régulièrement ces derniers temps alors qu’il séjournait au Canada. Voilà qu’il vient de tirer sa révérence loin de son pays natal. Dors en paix doyen BML. Que votre âme repose en paix. Amen.
Je vous propose l’article publié par lelynx.net pour annoncer le décès de ce baobab de la presse guinéenne.

Le Groupe de presse Lynx-Lance vient de perdre un de ses piliers en la personne de Bah Mamadou Lamine, BML, comme on l’appelait au Lynx. Ce mercredi 6 juillet, BML nous quitte à jamais au Canada, où il séjournait depuis bientôt deux ans. Membre fondateur du Lynx le 7 février 1992, il en a été le Grand Reporter de par ses grands dossiers et l’investigation qu’il savait mieux faire, parmi tant de journaleux.

En mai 1971, comme bien des jeunes guinéens de l’époque, BML a quitté la Guinée, en passant par la Sierra-Léone et le Liberia. Il était rentré au pays après avoir obtenu le baccalauréat au Lycée Descartes de Rabat en 1965.

Du Maroc, Bah Mamadou Lamine est parti au Sénégal où il s’est inscrit en journalisme au CESTI de Dakar. Après les grèves de 1968 et la fermeture de certaines facultés de l’université dont l’Ecole de Journalisme, l’ambassadeur de Guinée au Sénégal d’alors, Me Sikhé Camara, propose aux étudiants guinéens qui le souhaitaient, de rentrer au pays. Bien que BML ne fût pas boursier, il a « obtempéré. »

«Je suis revenu plein d’illusions et d’un patriotisme juvénile. Confiant en la révolution de Sékou Touré et plein d’idées de Marx, Engels, Mao, Che Guevara et autres idées de Ho Chi Minh ou Fidel Castro. Au contact de Horoya (en 1968) et du terrain guinéen, j’ai vite mesuré à mes dépens l’abîme qui sépare les discours de Sékou et sa gouvernance », avait-t-il témoigné en 2012, à l’occasion de la célébration des 20 ans du Lynx.

M. Diallo Souleymane est venu à Horoya peu après BML, avant de prendre lui aussi la route de l’exil en 1973. Les deux amis se retrouvent à Abidjan, dans la Rédaction de Fraternité Matin, le Quotidien gouvernemental.

En 1984, après la disparition de Sékou Touré et de sa « révolution zigouilleuse et bavarde », comme aimait le dire BML, les deux journaleux rentrent en Guinée. Avec le pluralisme politique, le combat des acteurs de la société civile à travers les ONG, les Syndicats…, la parole s’est libérée en Guinée. Diallo Souleymane avec Bah Mamadou Lamine et d’autres se lancent dans l’aventure du Lynx. En 2006, les ondes ont été libérées à leur tour, avec la naissance des radios privées.

Toujours à l’occasion des 20 ans du Lynx, BML avec sa plume à la fois alerte et acerbe écrivait : «Cette libération est très partielle et fragile. Elle doit être entretenue et perpétuellement améliorée. On ne doit permettre à aucun apprenti dictateur de venir nous l’arracher ». Paix à son âme !

Boubacar Azoka Bah

 

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