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La ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa parle : « Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez… »

INTERVIEW – Nommée ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa dénonce « les attaques contre l’unité de la République » mais reconnaît qu’elle ne portera pas de nouvelles mesures.

Elle vient tout juste de s’installer dans son nouveau bureau, au premier étage du ministère de l’Intérieur. Marlène Schiappa y est dorénavant chargée de la Citoyenneté, un poste qu’elle détaille au JDD : « politiques d’intégration », défense de la laïcité, protection des femmes… Craignant l’avènement d’un « pays composé de simili-communautés ne se parlant plus », elle admet toutefois qu’à deux ans de la prochaine présidentielle, elle se contentera de mettre en application les décisions gouvernementales, sans porter de nouvelles loi ou mesure. À commencer par le plan de lutte contre le communautarisme et les séparatismes annoncé en février par Emmanuel Macron : le Premier ministre, Jean Castex, en détaillera le calendrier lors de sa déclaration de politique générale, mercredi.

En quoi consiste votre poste? 

Je pilote tout ce qui touche à la citoyenneté au sens des politiques d’intégration, de cohésion ; je défends les valeurs de la République, notamment la laïcité, sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Celui-ci m’a demandé de prendre en charge l’engagement des forces de l’ordre dans la protection des femmes face aux violences. Et en tant que ministre déléguée, je le seconde Place Beauvau.

Quelle est votre vision de la laïcité? 
J’ai publié en 2017 Laïcité, point ! Trop souvent, on accole un adjectif : il y aurait une laïcité ouverte, une autre stricte… Retrouvons l’esprit de la loi de 1905. Liberté de conscience fondamentale, de croire ou ne pas croire, et les lois de la République au-dessus de toute autre. Il faut le marteler sans quoi le communautarisme et le séparatisme prospèrent.

C’est le premier des ministères sociaux!

Un rapport sénatorial a alerté cette semaine sur l’urgence à agir contre l’islam radical. Partagez-vous ce constat?
Nous sommes dans une situation d’urgence face à ce que [le politologue] Jérôme Fourquet appelle « le puzzle français ». La République fait face à des attaques contre son unité. Je ne veux pas d’un pays composé de simili-communautés ne se parlant plus : il n’existe que la communauté nationale, indivisible. Au ministère de l’Intérieur, 290.000 femmes et hommes défendent tous les jours ces valeurs et protègent les plus faibles. Comme le dit [le ministre de l’Intérieur] Gérald Darmanin, c’est le premier des ministères sociaux!

Le calendrier du plan de lutte contre le communautarisme présenté mercredi

Emmanuel Macron a annoncé en février un plan contre le communautarisme et les séparatismes. Où en est-on?
Le calendrier sera précisé par le Premier ministre lors de son discours de politique générale [mercredi].

Que proposez-vous pour lutter contre ces phénomènes?
D’abord, l’affirmation du principe de laïcité lors des parcours de naturalisation – je souhaite mettre en lumière ces cérémonies, moments solennels, émouvants pour ceux qui deviennent citoyens français! Ensuite, des opérations de reconquête républicaine de terrain comme lorsque Gérald Darmanin et moi allons, de nuit, Porte de la Chapelle à Paris, aux côtés des forces de l’ordre. Sans prévenir, parce que la République est chez elle partout.

Si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez!

Faut-il prendre de nouvelles mesures?
Nous sommes dans la deuxième partie du quinquennat, je vais m’attacher à mettre les lois et décisions du Gouvernement en application, par exemple en matière d’asile et d’immigration.

La politique migratoire macroniste, c’est aussi revendiquer la fermeté dans les expulsions. Etes-vous à l’aise avec cette idée? 
C’est deux piliers : humanité et fermeté. L’an dernier, j’ai obtenu que soit actée l’expulsion des étrangers coupables de violences sexuelles et sexistes. C’est du bon sens : si la maison de votre voisin s’effondre, vous l’accueillez. Mais s’il se met à tabasser votre sœur, vous le virez!

Elle juge « légitime et efficace » que Laurent Nuñez soit reconduit

Vous êtes une fidèle de Macron. Etes-vous là pour surveiller Gérald Darmanin, venu de la droite ?
Pas du tout. Bon courage à celui qui voudrait surveiller ce ministre en perpétuelle action! Le Président a choisi un ministre de l’Intérieur en qui il a confiance, point. Ceux qui relaient d’autres rumeurs se trompent.

Faut-il des secrétaires d’Etat à l’Intérieur?
Cette décision appartient au Président, au Premier ministre et au ministre de l’Intérieur. Grand professionnel unanimement reconnu, il est légitime et efficace que Laurent Nuñez soit reconduit.

Jamais je n’aurais accepté de travailler avec un homme reconnu coupable de viol!

Que pensez-vous des critiques exprimées par les féministes sur la nomination de Gérald Darmanin, visé par une enquête pour viol?
Je comprends les questions. La réponse, ce sont trois non lieux en justice. Je suis féministe depuis toujours, jamais je n’aurais accepté de travailler avec un homme reconnu coupable de viol! Mais je vois aussi les tentatives de récupération politique de ceux qui sont uniquement dans l’opposition au gouvernement. Regardons les actes : le ministère de l’Intérieur met 230 millions pour concrétiser le Grenelle des violences conjugales côté police. Mercredi, le ministre a demandé aux directeurs d’administration de construire un objectif de 50% de femmes aux plus hauts postes. Quand il était à l’Action et aux Comptes publics, il a accompagné la hausse des crédits de mon ministère. Et j’ai toute confiance dans ma successeure, Elisabeth Moreno. Ce gouvernement agit pour l’égalité femmes-hommes, j’en suis garante.

Le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, estimait en 2018, au sujet du délit d’outrage sexiste que vous avez créé, que « le gouvernement déconn[ait] complètement » en voulant « infliger une infraction pour avoir sifflé » une femme…
Il s’exprimait comme avocat il est désormais le Garde des Sceaux et je suis sure qu’il fera appliquer cette loi votée à l’unanimité – qui condamne le harcèlement de rue, pas les regards appuyés! Je le répète : regardons les actes.

LE JDD

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