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Guinée : les dérives ethno-communautaristes augurent des lendemains incertains !

Depuis 2010, à l’occasion de la présidentielle, la Guinée est engluée dans un débat ethno-communautariste qui sape dangereusement les fondements de l’unité nationale. Une situation fortement entretenue par les formations politiques qui ne cessent de surfer sur l’ethnie, la région et la communauté pour  mieux s’implanter.

C’est en secret de polichinelle que de dire que la plupart des partis politiques en Guinée sont en garde partie à dominance ethnique et régionaliste. Les programmes de société et les perspectives pour sortir la Guinée de sa situation de pays pauvre sont relégués au dernier plan.

Aujourd’hui, en plus  de l’implication à outrance des coordinations régionales,  des associations de ressortissants et des leaders d’opinion dans le débat politique, nous constatons l’immixtion des religieux qui auraient dû être les derniers remparts face à ces dérives.

La polémique qui a été soulevée suite au choix d’un certain Abdoulaye Bah pour diriger la mairie de Kindia n’est que la face visible de l’iceberg. Le silence coupable du Président Alpha Condé face à toutes les sorties aussi incongrues les unes que les autres doit interpeller les guinéens sur leur avenir politique, sociale, économique et culturel. La Guinée est malade et doit nécessairement être mise sous perfusion avant qu’il ne soit trop tard.

Dans un contexte où l’organisation des élections législatives pointe à l’horizon et celle de la présidentielle de 2020 s’approchant, il est impératif de tirer sur  la sonnette d’alarme. Le pays connaît déjà un passif très critique en matière de violation des droits de l’homme et des libertés collectives et individuelles. Les effets des violations commises durant le régime du PDG-RDA ne sont pas encore effacés par une thérapie qui aurait dû être la mise en place d’une commission nationale de justice, vérité et de réconciliation nationale.

Les conséquences politiques, économiques, sociales, culturelles et humaines des règnes de feu Général Lansana Conté,  de Moussa Dadis Camara et du Général Sékouba Konaté sont toujours perceptibles. A ce niveau également, l’Etat aurait dû tirer les leçons afin d’éviter la répétition des erreurs.  On a fait fi de notre passé douloureux, oublié de mettre le doigt dans la plaie en nous barricadant derrière des faux principes de préservation de la paix, de l’unité nationale et de la quiétude sociale.

Voilà que les dérives ethno-communautaristes ressurgissent au moment où la Guinée  peine à gérer  les résultats des élections communales organisées depuis le 04 février 2018. Et ce sont des signes annonciateurs de ce que nous réservent les prochaines années, toutes électorales.  Des années qui pourraient complètement être celles de toutes les désillusions puisque rien ne démontre la volonté d’Alpha Condé et de son pouvoir à vouloir résoudre les questions les plus urgentes.

Pire, nous sommes face à un flou artistique concernant les intentions du Président Condé quant à son avenir politique après 2020. Rien, je dis bien rien, n’exclut qu’Alpha Condé  demande un troisième mandat. L’homme politique très rusé peaufinerait dans les coulisses toutes les stratégies en vue de se maintenir au pouvoir. Son silence face à ces débats de caniveaux sur les ethnies et les communautés dans la gestion des exécutifs des communes pourrait être une de ces méthodes.

L’histoire de la Guinée l’a déjà démontré : ceux qui ont été les plus habiles dans la manipulation des ethnies et des  communautés ont su tirer leur épingle du jeu politique. Cependant, les époques ne sont plus les mêmes. Les dirigeants au pouvoir et ceux qui aspirent à détenir ce pouvoir demain devraient s’en rendre compte. Le peuple au nom duquel tous prétendent agir finira par triompher !

Bah Boubacar « Azoca »

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