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France : l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing est mort à l’âge de 94 ans

Entré à l’Elysée à 48 ans, avec l’image d’un président jeune et moderne, Valéry Giscard d’Estaing n’a jamais renoncé à jouer un rôle de premier plan après sa défaite face à François Mitterrand. Mais sans réussir à se faire totalement aimer des Français.

Même ceux qui sont nés bien après 1981 retiennent une image de Valéry Giscard d’Estaing,dont les proches ont annoncé ce mercredi le décès à l’âge de 94 ans : celle de son théâtral « Au revoir », prononcé face caméra dans son fauteuil de l’Elysée avant de se lever pour gagner la porte de son bureau, dans un interminable silence. La scène, un brin ridicule, est devenue une séquence culte de la télévision. « J’avais mal calculé la distance qui me séparait de la sortie », expliquera plus tard l’intéressé.

A la rude défaite infligée par le socialiste François Mitterrand, pour la première alternance au pouvoir sous la Ve République, s’ajouteront l’humiliation des sifflets de la petite foule à sa sortie et la brûlure de la « trahison » du gaulliste Jacques Chirac, cause principale à ses yeux de son échec. A 55 ans, Giscard voyait pour la première fois son destin contrarié.

Un élève brillant qui n’ignore pas les tourments du siècle

Le problème de Giscard, selon le mot cruel de Raymond Aron, est qu’« il ne sait pas que l’Histoire est tragique ». Et pourtant… Certes, le jeune Valéry naquit le 2 février 1926 à Coblence (Allemagne), deuxième d’une fratrie de quatre, dans un cocon privilégié. Son père Edmond, grand bourgeois piqué d’aristocratie qui joignit le nom d’Estaing – un amiral de l’Ancien régime – à celui de Giscard, conservateur maurrassien et catholique fervent, mena une prestigieuse carrière d’administrateur financier dans le public et le privé. C’est du côté de son arrière-grand-père maternel, Agénor Bardoux, l’un des fondateurs de la IIIe République, que réside la fibre orléaniste libérale dont se revendiquera le président centriste, qui ambitionnera de rassembler « deux Français sur trois », titre de son livre en 1984.

Certes encore, l’élève brillant, habitué à surclasser ses condisciples depuis l’école élémentaire jusqu’à Polytechnique et l’ENA, grandit dans la quiétude des beaux quartiers parisiens et, l’été, dans la fraîcheur du château de Varvasse, à Chanonat près de Clermont-Ferrand, sur les terres familiales auvergnates. On y fait des parties de pêche aux écrevisses et des virées à bicyclette entre cousins et amis du village. « Chaque fois qu’il me parlait de sa mère, de cette enfance heureuse, il me demandait d’éteindre mon enregistreur, car sa voix se cassait sous l’émotion », confie son biographe Eric Roussel.

Valéry Giscard d'Estaing en janvier 1945. Laure Albin Guillot/Roger-Viollet
Valéry Giscard d’Estaing en janvier 1945. Laure Albin Guillot/Roger-Viollet  

Mais le jeune homme à la haute silhouette n’ignore pas les tourments du siècle. Au contraire, il est hanté par la crainte de passer à côté de « l’Histoire, de la légende », écrit à ce sujet des lettres exaltées à son cousin François. Encore lycéen, il participe à la Libération de Paris en août 1944, armé de la mitraillette Sten des résistants. Puis s’enrôle à 18 ans, à la colère de son père, dans l’armée du général de Lattre marchant sur l’Allemagne hitlérienne. Son char, dénommé Carrousel, est le premier à pénétrer dans la ville de Constance le 26 avril 1945. Quatre jours plus tard, Hitler se suicide dans son bunker de Berlin.

Le parisien

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