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États-Unis: la démocratie américaine fragilisée par le processus électoral interminable ?

L’imbroglio aux États-Unis autour du résultat de l’élection présidentielle du 3 novembre. Toujours pas résultats, le dépouillement pourrait prendre plusieurs jours et l’ambiance est plus que tendue entre les équipes de Donald Trump et celles de Joe Biden. Et la question que l’on se pose : « La démocratie américaine est-elle fragilisée par ce processus électoral interminable ? »

La réponse est oui, mais avec des nuances plus positives. Fragilisée oui, car le spectacle auquel nous assistons n’est bien sûr guère réjouissant. Alors à qui la faute ?

Il y a d’abord ce système d’élection du président au suffrage universel indirect qui peut paraître aujourd’hui désuet et anti-démocratique, puisqu’il a déjà abouti à plusieurs reprises au fait que le candidat qui avait obtenu le plus de voix n’a pas été celui qui s’est retrouvé à la tête du pays.

D’où l’existence du collège électoral de 538 membres, et du système du « Winner takes it all », le gagnant dans un État, même avec quelques dizaines de voix d’avance, raflant tous les grands électeurs attribués à cet Etat. C’est ainsi qu’en 2016, alors même que Hillary Clinton devançait Donald Trump par trois millions de voix au niveau national, elle a été battue au décompte final des grands électeurs car Trump l’avait emporté sur le fil dans trois Etats clés – son avancée cumulée dans ces Etats ne dépassait pas les 70 000 voix, alors que 135 millions d’électeurs s’étaient rendus aux urnes dans tout le pays.

Système inique donc ? Pas si simple. Les pères fondateurs, en mettant ce système en place à la fin du 18e siècle, avaient en tête deux objectifs : d’abord, éviter qu’un vote populaire direct n’installe à la Maison Blanche un fou ou un dictateur. Ensuite, permettre la meilleure représentativité possible de chaque Etat – pour éviter une surreprésentation des électeurs des grandes villes ou des Etats très peuplés. Et c’est pourquoi à chaque Etat fut attribué d’office deux grands électeurs – pour rehausser la représentation des petits Etats, et ensuite un nombre d’électeurs proportionnel à la population de l’Etat.

Résultat : un grand électeur en Californie représente beaucoup plus d’électeurs que dans le Maine. La conséquence un peu perverse est que certains de ces petits ou moyens Etats jouent parfois un rôle crucial pour décrocher le graal des 270 grands électeurs qui assurent la victoire.

Ce système du Collège électoral a souvent été critiqué, mais finalement jamais réformé car pour beaucoup aux États-Unis, c’est le moins mauvais dans un pays fédéral.

Mis en cause également dans l’actuel imbroglio, l’absence d’un système centralisé de recueil des votes. Du coup, les règles de dépouillement des votes changent selon les Etats. Avec l’autre accusé de notre affaire, notamment par l’équipe de Donald Trump, le vote par correspondance, qui pourtant n’est pas une nouveauté. Mais qui est décrété d’office par Donald Trump comme un vote illégal.

Et justement le dernier facteur de la fragilisation du système démocratique en ce moment, c’est la personne même de Donald Trump. Un président qui se proclame vainqueur avant la fin des dépouillements de bulletins, qui accuse le camp adverse de fraudes sans apporter la moindre preuve, et l’on comprend bien qu’il n’est pas disposé le cas échéant à reconnaitre sa défaite.

Un président sortant qui ne peut accepter son éventuelle défaite et qui fera tout pour rester au pouvoir, quitte à abimer sérieusement le fonctionnement, les usages et les fondements de la démocratie en Amérique.

RFI

 

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