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Dr Faya Millimouno sur le prochain gouvernement : « S’il décide de s’ouvrir à l’opposition… »

La mise en place d’un gouvernement d’union nationale est-elle la solution pour sortir la Guinée de la crise ? Dr Faya Milimouno vient de donner son avis. Dans cet entretien, nous avons également abordé la tournée de remerciements entamée par les ministres. L’opposant évoque la division qui mine l’opposition au lendemain de la présidentielle et lève le voile sur les démarches qu’il a entamées pour obtenir la libération des figures politiques détenues à la maison centrale.

AFRICCAGUINEE.COM : Les ministres sont en tournée remerciements à l’intérieur du pays depuis quelques jours. Est-ce une priorité ?

DR FAYA MILIMOUNO : Après tout ce que nous avons vécu, c’est d’engager un dialogue qui permet de décrisper la situation, qui aurait dû être la priorité aujourd’hui. Mais on constate qu’après l’investiture du président ça tarde à venir. La nomination ou la confirmation du 1er ministre et la mise en place d’une équipe gouvernementale pour se mettre au travail, tarde. Je crois que la priorité devait être de travailler à recoller les morceaux et de décrisper complétement la situation.

Des responsables locaux du RPG n’auraient-ils pas pu accomplir cette mission ?

Oui on peut argumenter de cette façon. Sauf que seuls ceux qui ont décidé d’envoyer ces missions savent quelle est la vraie raison de ces missions sinon effectivement nous nous voyons bien que la priorité aurait dû être de s’atteler à réparer les dégâts enregistrés ces derniers mois. La priorité de notre point de vue devait aujourd’hui de s’atteler à recoller les morceaux. Nous autres, nous sommes en train de continuer à espérer que tous les militants de la société civile et de l’opposition qui sont en prison aujourd’hui, doivent recouvrer leur liberté.

Quelles actions êtes-vous en train de mener sur le terrain pour obtenir leur libération ?

Nous prenons contact avec les concernés. Je préfère de ne pas dire les noms de ceux que nous contactons, mais nous sommes en train de rentrer en contact avec les personnes importantes qui détiennent le pouvoir pour voir dans quelle mesure la décrispation peut intervenir, en venant par exemple par la libération des responsable et des militants des organisations de la société civile et des partis politiques.

A votre avis sur quoi va-t-on concrètement dialoguer aujourd’hui ?

Il y a beaucoup de choses dont on peut parler. Comme vous le savez, il y a assez de contentieux qui existent qui n’ont pas été évités. Nous sommes partis de crise en crise. Les élections présidentielles n’ont été qu’une dernière crise, mais nous sommes allés de crise en crise avec les élections communales qui ne sont pas encore terminées depuis 2018, avec le fichier électoral dont le caractère corrompu a été dénoncé depuis toujours par l’opposition et puis comment travailler à faire en sorte que dans ce pays-là la loi soit respectée par les gouvernants eux-mêmes. Parce que toutes les crises en répétition que nous connaissons dans notre pays, c’est parce que on montre un caractère réfractaire vis-à-vis de la loi.

Le pays vit dans une situation de crise l’une après l’autre parce qu’effectivement en Guinée la loi est comme un encombrement. Il faut que la loi cesse d’être un encombrement. Ceci est valable pour les gouvernants et aussi pour les gouvernés. Quand on dit respect de la loi, c’est aussi garantir l’indépendance de l’appareil judiciaire pour qu’en tout professionnalisme, en toute indépendance, les magistrats disent le droit. Il faut que cela change dans ce pays. Aussi longtemps que nous n’allons pas connaitre une véritable amélioration dans ce sens, nous irons de crise en crise.

Est-ce qu’aujourd’hui le pire n’est pas derrière nous ?

La crise est là. C’est vrai que le pouvoir maitrise la situation après avoir été déclaré élu par la CENI confirmé par la cour constitutionnelle, investi par la participation de la communauté internationale. On peut bien penser que la crise est derrière nous mais non. Il y a le défi de conquérir le pouvoir mais il y a le défi de l’exercer. N’oubliez pas que nous sommes jusqu’à présent dans une situation où certains challengers du Président n’ont pas encore reconnu et même se réclame élus. Ce ne pas de nature quand même à permettre une harmonie au sein du pays pour que l’on se regarde comme des frères et sœurs. Et vous voyez par ce manque de confiance qui existe, ces tensions qui persistent font que sur le plan économique, nous continuons à payer le prix le plus élevé. Les frontières avec la Sierra Léone, avec le Sénégal, avec le Guinée Bissau sont encore fermées.  Et ça, on peut estimer à des centaines voire des milliards de Gnf qui sont perdus toutes les semaines. Donc quand on dit que la crise est derrière nous, c’est vraiment parce qu’on n’est pas en train de voir la situation dans laquelle le peuple de Guinée est en train de vivre aujourd’hui.

La fermeture des frontières, c’est une décision unilatérale du président Alpha Condé…

Il y’a beaucoup de questions sur lesquelles on devait aujourd’hui se retrouver, regarder ce qui s’est passé il n’y a pas longtemps. On a vu l’assemblée nationale prendre une résolution pour évoquer la question des coordinations. On est au début de construire une nation alors pour le réussir il faut que tout le monde travaille dans le même sens à la construction de la nation. L’Assemblée par exemple a préféré donner un avis. Nous de l’autre côté au niveau du bloc libéral, nous pensons qu’un travail doit être fait à ce niveau-là pour avoir une coordination nationale des sages.

C’est un travail qu’on peut faire parce que la situation que nous vivons aujourd’hui, presque que toutes les régions de ce pays comptent au moins deux coordinations. Les unes affiliées à la mouvance et les autres à l’opposition. Donc, il faut que qu’il y ait une coordination nationale dans laquelle nos sages se retrouvent, non pas pour parler seulement de leurs enfants de façon catégorielle, mais pour parler de tous les enfants de Guinée, parler des stratégies qu’il faut mettre en place pour construire la nation guinéenne. C’est ce que nous avons défendu depuis et nous sommes en train de prendre des pas dans ce sens-là en écrivant à nos sages et en souhaitant qu’on se rencontre pour que nous leur présentions le projet que nous avons pour eux.

Au lendemain de l’élection présidentielle, l’opposition est plus que jamais divisée. N’est-ce pas du pain béni pour Alpha Condé ?

C’est vrai qu’aujourd’hui l’opposition est divisée parce qu’elle ne s’est pas écoutée, elle a été incohérente, elle a manqué beaucoup d’opportunités. Donc c’est tout à fait normal que nous constations aujourd’hui le fait que l’opposition soit divisée. Si elle doit se réussir il faut qu’elle se réunisse sur des bases saines. Et si nous voulons aller sur des bases saines, il faut qu’on s’écoute. C’est vrai qu’on est petit, on est grand mais il faut que chacun écoute l’autre (…) Aujourd’hui au sein de cette opposition, les gens à cause peut-être de leur grosseur pensent que celui qui parle, il faut lui fermer la bouche en envoyant mille personnes l’insulter, insulter ses parents, insulter ses grands-parents qui sont morts il y a très longtemps. On ne peut pas construire l’opposition comme ça.

Source : Africaguinee

 

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