Une rentrée sous gros temps pour Emmanuel Macron. Après la calamiteuse affaire Benalla qui l’a plombé au début de l’été, la difficile équation budgétaire promettait déjà une rentrée compliquée pour le chef de l’Etat. La démission surprise de son ministre d’Etat, de la Transition écologique et solidaire est synonyme de hautes turbulences…

Première indication dans la forme de l’annonce : le président de la République n’est plus le maître des horloges. Humiliation suprême : Nicolas Hulot n’a même pas prévenu le chef de l’Etat. On peut y voir un manque d’élégance, une attitude un brin cavalière. Un manque de solidité politique. Mais le burn-out politique en direct du ministre de l’Ecologie en dit long sur son ras-le-bol. Bien sûr, Nicolas Hulot est une bête politique curieuse, qui faisait trop régulièrement planer le doute sur son désir de rester au gouvernement. D’une certaine façon, sa démission n’est pas une surprise. Mais elle n’est pas pour autant le caprice d’un écolo rêveur subitement conscient des dures réalités. Elle signe un trop-plein de mépris, d’incompréhension, d’impuissance, de solitude.

Nicolas Hulot n’est pas le premier ministre de l’Environnement à éprouver ce sentiment de prêcher dans le désert. C’est même une loi du genre. Mais c’est précisément ce qui est inquiétant pour Emmanuel Macron. Il a remporté l’élection présidentielle avec comme carte majeure la promesse de révolutionner la politique. La décision de Nicolas Hulot signe la mort de cette promesse. Nicolas Hulot était finalement un ministre de l’Environnement (presque) comme ses prédécesseurs de l’ancien monde. Et Macron un président (presque) comme les autres : fort en paroles sur l’écologie, faible en actes. La démission de Nicolas Hulot est un tournant. Reste à savoir comment Emmanuel Macron va le négocier.

Libération