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Damaro sur la démission de Yéro Baldé : « Je n’ai jamais surpris Yéro au siège du parti, je ne l’ai jamais surpris  dans une réunion du parti et dans les activités du RPG ces dix dernières années… » (interview)

CONAKRY- Le camp d’Alpha Condé est-il fait à accepter un compromis avec l’opposition ? Au lendemain du report des élections législatives couplées au référendum constitutionnel, les partisans du Président Alpha Condé ont fait une mise au point.

Amadou Damaro Camara qui est le Chef de file de la majorité présidentielle au Parlement est revenu sur les raisons du report des élections. Le Président du groupe parlementaire RPG Arc-en-ciel a également réagi suite à la démission du Ministre Yéro Baldé.

 

AFRICAGUINEE.COM : Est-ce que selon vous un délai de deux semaines est suffisant pour régler toutes les anomalies liées au processus électoral ? 

AMADOU DAMARO CAMARA : Je ne sais pas ce que vous appelez tous les problèmes. Ce que je sais : la CEDEAO, l’OIF et l’Union Africaine ont incriminé la présence de 2.439.000 électeurs dans le fichier. Et nous savons que depuis belle lurette l’opposition croit que c’est un pactole dans les mains de la mouvance, que nous sommes toujours tentés de déverser dans notre corbeille, à l’occasion de chaque élection. Nous appelons la communauté internationale à venir voir de quoi il s’agit en ce qui concerne ces 2 millions et quelques. Et surtout se rendre compte que ces deux millions et quelques électeurs, au contraire, si on les extirpait aujourd’hui du fichier, ne seraient plus favorables que leur présence. Mais la répartition géographique donnerait une bonne idée que ce n’est pas seulement dans le fief du pouvoir. Alors, pour le reste, je ne crois pas qu’il y ait d’autres problèmes. C’est essentiellement ça.

Les autres problèmes soulevés, moi je crois que ce sont des problèmes artificiels créés par l’opposition, qui a plutôt des alibis que des raisons. Les deux semaines doivent suffire pour qu’ils aient le temps de regarder ça. Même en deux heures on peut regarder. Il ne s’agit pas de refaire le fichier mais il s’agit de voir ce qui est dedans.

Donc selon vous il ne s’agit pas d’une mission qui va faire une médiation, pour permettre notamment aux principaux partis politiques de l’opposition de prendre part aux élections législatives ? 

Je ne sais ce que vous appelleriez mission de négociation, parce que personne n’a exclu nos camarades. Ils se sont exclus eux-mêmes.  Vous vous souviendrez que le Président de la République avait instruit le Premier Ministre qui est garant du dialogue social, d’écouter tout le monde, et il n’y avait pas de sujets tabous. Ils ont refusé. Et quand on a annoncé les élections, on n’a interdit à personne de déposer des listes et d’aller payer les cautions. Donc, le processus continue. C’est pour qu’aux yeux de la communauté internationale, on donne la crédibilité que ce n’est pas pour des raisons de vols nous allons aux élections.  Après le reste, franchement l’opposition qui n’a plus que la violence et le chaos à offrir, peut continuer son chemin.

Que dites-vous alors des appels de ces différentes organisations, notamment l’Union Européenne, qui ont appelé à des élections inclusives ? 

Oui, mais j’ai toujours dit qu’on négocie le possible. Quand on vous dit je négocierai avec toi, quand tu disparais, il n’y a pas de négociation. Les partis de l’opposition n’ont que des alibis. Ils veulent que le Président renonce à une candidature à laquelle il n’a pas postulé. On dit qu’il renonce à donner à son pays une nouvelle constitution comme s’il n’avait pas ce droit. Donc à partir de ce moment, si ce sont les conditions de leur retour dans le processus, c’est qu’ils sont en train de ne rien demander.  Nous voulons bien négocier mais on négocie le possible. On ne demande à l’adversaire, disparaît avant qu’on ne négocie avec toi. On ne peut pas quand même nier à un Chef d’Etat le droit de proposer à son peuple une Constitution. Surtout au peuple de Guinée. La Nation guinéenne est quand même née d’un processus référendaire. Depuis 61 ans, les guinéens savent comment voter à un referendum. Et dans tous les cieux, un référendum, c’est le processus le plus achevé du processus démocratique.

Le Front National pour la Défense de la Constitution estime que le Président Alpha Condé n’a fait que reporter les problèmes. Qu’en dites-vous ?

Mais le FNDC n’est pas une partie prenante à une élection. Ce sont les partis politiques qui prennent part à une élection. Le FNDC est un accoutrement de l’UFDG, qui refuse de s’assumer, mais qui se couvre de cette couverture FNDC. Nous, on n’a rien à voir avec un prétendu FNDC qui, est en réalité ne nous dit rien. C’est l’UFDG. Le chao actuellement que le fameux FNDC veut créer, c’est le chao que Cellou veut créer. Il croit que c’est dans ça qu’il a les chances d’être président un jour. Mais en cas de chaos, je le lui ai dit, il peut oublier ses rêves de devenir président un jour en Guinée.

Comment ça ? 

Non, il n’a aucune chance de l’être. Ce qu’il est en train de faire là, vous croyez que c’est une façon de réunir le peuple de Guinée ? La preuve : depuis, toutes ces violences, toutes ces menaces, ils ont fait des manifestations qu’ils ont appelées le dernier ultimatum, ils ont fait des manifestations qu’ils ont appelées assaut final, ils ont fait des manifestations en demandant à ce qu’on brûle tout, que chacun mette le feu au pays. On a brûlé des préfectures, des commissariats, des gendarmeries, on a attaqué des prisons pour libérer des malfrats. Tenez-vous bien, je suis depuis un mois en Guinée forestière et en haute Guinée, vous me croirez, c’est à peine si on connait le nom où la signification du FNDC.

Je suis actuellement à N’Zérékoré et si le vote avait eu lieu hier, tout le monde allait voter en haute Guinée, en forêt, une bonne partie de la moyenne Guinée et une bonne partie de la basse Guinée. C’est pour vous dire que pour le moment le peuple de Guinée ne les suit pas du tout. Ils ont un groupe, mais ce n’est pas du tout le peuple de Guinée. Ce peuple peut dire NON quand il n’en veut pas. Mais pour le moment, on ne les suit pas du tout.

Quelle lecture faites-vous de la démission du Ministre Yéro Baldé ?

J’avoue qu’on n’a pas apprécié le timing. Ça ne serait pas honnête de dire qu’on est content qu’il soit parti. Il est toujours bien d’avoir un sur soi que d’avoir en moins dans son camp. Mais c’est ça aussi le Gouvernement.  Il faut savoir y entrer et savoir en sortir, c’est comme un train, il y a des gens qui descendent à la gare et d’autres montent. Baldé est parti, Barry est monté à bord et le train du RPG continue.

Que dites-vous des regrets que Yéro Baldé a exprimés dans sa lettre de démission, notamment en ce concerne l’effritement du tissu social et le manque de sérénité dans la conduite des affaires de l’Etat ?

Oui, il a dit ça et Barry qui est venu s’est proposé de relever le défi. Je crois que, plus un moins un. Ça annule.

Admettez-vous que le départ de Yéro Baldé est une grosse perte pour le RPG Arc-en-ciel ? 

Vous savez, il y a des choses, je n’aime pas faire des jugements de valeur. Mais être avec quelqu’un depuis 30 ans et être avec quelqu’un pendant 30 ans font deux. Je n’ai jamais surpris Yéro au siège du parti, je ne l’ai jamais surpris  dans une réunion du parti et dans les activités du RPG ces dix dernières années. Donc, son militantisme il a dû le faire avant. Actuellement, il y a longtemps qu’il est loin du parti. Mais je regrette qu’il soit parti. Il est parti, il est remplacé, il y a de grands militants qui sont morts. Il dit qu’il reste dans le parti, nous apprécierons ça aussi. Et 72 heures après son départ, un autre guinéen de bonne souche l’a remplacé pour faire le travail. C’est pour vous dire qu’on n’est pas en court de ministres.

Yéro Baldé est le 3ème à démissionner dans le Gouvernement d’Alpha Condé depuis 2015?

Il y a une dizaine de démissions dans le Gouvernement de Macron depuis 2 ans. Trump est à 38 démissions. Il faut qu’on apprenne à se familiariser avec les entrées et les sorties dans le Gouvernement.  Pourquoi en faire un scandale en Guinée ? Au Mali, au Sénégal, en Côte d’Ivoire il y a combien de démissions ?  Dans tous les pays démocratiques, les ministres viennent et partent quotidiennement pour des raisons. Au niveau du parti, nous avons pris acte de la démission de Yéro et nous lui souhaitons bonne chance et on le remercie pour tout le service rendu à la nation et au parti.

Aucune sanction ne sera prise par le parti contre Yéro Baldé ? 

Non, il n’y a pas de sanction. Il est parti et un autre est venu. Nous encouragerons le jeune Barry à faire son travail. Je peux vous assurer qu’il n’y a pas une affaire Yéro Baldé au sein du parti.

 

Interview réalisée par Boubacar 1 Diallo

Pour Africaguinee.com

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