Coronavirus: la classe politique révoltée par la brutalité du préfet de police de Paris
Une fois de plus, le préfet de police de Paris Didier Lallement crée la polémique. Dans la matinée, lors d’un contrôle de police filmé, il avait fait le lien entre l’hospitalisation des patients et le non respect du confinement décrété face au coronavirus. Il a ensuite tenu à revenir sur ses propos.
« Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés, ceux qu’on trouve dans les réanimations, ce sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté, c’est très simple, il y a une corrélation très simple » : ces propos du préfet de police de Paris ont été tenus ce vendredi matin lors d’un contrôle routier à une porte de Paris afin de dissuader les gens de partir en vacances.
Mais ce soir, il y a ce communiqué du préfet : « L’intention n’était pas d’établir un lien direct entre le non-respect des consignes sanitaires et la présence de malades en réanimation», dit il. Et d’ajouter : « C’est une erreur parce que ces propos troublent le message d’unité, de fraternité, que j’ai voulu placer au cœur de mon action dans la gestion de cette crise ».
Entre les deux, le ministre de l’Intérieur a pris son téléphone pour lui passer un savon et lui demander de corriger le tir. Et ce rapidement, tant le monde politique s’est insurgé.
Avalanches de critiques, à commencer par celle du parti présidentiel : « L’autorité n’est pas la brutalité et le maintien de l’ordre n’est pas le jugement moral de nos concitoyens » a lâché sur Twitter le député LREM Aurélien Taché.
L’autorité n’est pas la brutalité et le maintien de l’ordre n’est pas le jugement moral de nos concitoyens. En plus de méthodes très contestables et contestées, le préfet #Lallement sort régulièrement de son devoir de réserve. Combien de temps encore ? https://www.nouvelobs.com/confinement/20200403.OBS27017/didier-lallement-accuse-les-malades-en-reanimation-de-ne-pas-avoir-respecte-le-confinement-puis-s-excuse.html …
Didier Lallement accuse les malades en réanimation de ne pas avoir respecté le confinement, puis…
« Il y a une corrélation très simple », déclarait, menaçant, le préfet de police de Paris.
nouvelobs.com
« Ces propos totalement stupides sont de surcroît d’une froideur et d’une méchanceté qui donnent la nausée », dénonce la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen.
Il y a, en réanimation, des policiers et des personnels soignants sans protection adéquate, des caissières, des personnes âgées en EHPAD. Ces propos totalement stupides sont de surcroît d’une froideur et d’une méchanceté qui donnent la nausée. MLP #COVID19 #Lallement
Le député LR des Alpes-maritimes Eric Ciotti déplore des « propos révoltants et profondément inhumains ».
Propos révoltants et profondément inhumains du préfet de police de Paris !
Une réaction @CCastaner ou vous cautionnez ?
Pensées pour les victimes… https://twitter.com/bfmtv/status/1246034511433027584 …BFMTV✔@BFMTV
« Ceux qui sont aujourd’hui hospitalisés sont ceux qui, au début du confinement, ne l’ont pas respecté »: Didier Lallement « regrette » ses propos
« Le préfet Lallement est devenu le préfet des insanités », renchérit l’écologiste David Belliard.
Le préfet Lallement est devenu le préfet des insanités. A-t-il seulement pensé aux soignant.e.s, aux agent.e.s de la propreté, aux caissier.ère.s, à celles et ceux qui sont contraints de travailler et qui, aujourd’hui, sont malades ?
A gauche le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, voit en lui la « face grimaçante du régime » tandis que la députée Clémentine Autain affirmait que « l’exigence de sa démission, il l’a bien cherchée ».
Au-delà des bornes il n’y a plus de limite. Voir le préfet #Lallement, face grimaçante du régime. Pour lui, ceux qui sont malades ou qui sont morts l’ont bien cherché ! Écoeurant. L’état d’urgence sanitaire ne doit pas avoir ce visage insultant. Les gens doivent être respectés !
Si tous sont à l’unisson, c’est que Didier Lallement n’a pas pour habitude de faire dans la demi-mesure. Il avait déjà été sévèrement critiqué lors du mouvement contre la réforme des retraites. A propos des gilets jaunes, il avait lancé à une manifestante : « Nous ne sommes pas dans le même camp, madame. »
Lors d’une conférence de presse, le préfet Lallement a dit comprendre les réactions suscitées par ses propos. Il a dit les regretter et a présenté ses excuses. Enfin, il a rappelé la mission confiée par le ministre de l’Intérieur : « protéger les citoyens ».
« Ce qui compte dans la situation difficile que nous traversons, c’est l’unité nationale », appelle Didier Lallement qui assure qu’il va poursuivre sa mission « avec gravité et confiance ».