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CONGO-BRAZZAVILLE-Pasteur Ntumi : «Je viendrai lancer le désarmement, mais donnez-moi les moyens»

Un peu plus de huit mois après la signature des accords de décembre 2017 qui ont permis de mettre fin à la guerre du Pool, l’ancien chef rebelle Frédéric Bintsatmou, alias pasteur Ntumi, a fait sa toute première apparition mardi 21 août 2018 dans un de ses bastions du Pool où il a rencontré la commission qui supervise l’opération de ramassage d’armes à laquelle il adhère. Le chef des ex-combattants dits «ninjas» a posé quelques doléances et demande au gouvernement d’apporter des solutions.

Une heure et douze minutes par hélicoptère et par la voie carrossable, c’est le temps qu’il a fallu aux membres de la Commission pour rejoindre la bourgade de Mihété dans le Pool.

A l’entrée d’une concession du pasteur Ntumi, des ex-combattants pieds nus improvisent une prière avant de lever la barrière. Ils forment ensuite un demi-cercle autour des membres de la Commission et, en face d’eux, le pasteur Ntumi, habillé d’un ensemble jeans et d’une paire de chaussures de sport bleu.

Premier à prendre la parole, Séraphin Ondélé, président de la Commission demande au pasteur Ntumi d’inviter les jeunes à déposer les armes pour une paix effective. « Je viens auprès de vous solliciter votre appel à la paix, votre appel au ramassage d’armes parce qu’il n’y a pas de paix sans ramassage d’armes », dit-il.

Doléances

Répondant à son interlocuteur, l’ancien chef rebelle a adhéré à l’initiative et a souhaité que la cérémonie de ramassage d’armes soit organisée prochainement à Mayama pourvu que le gouvernement en crée les conditions. « Si nous sommes détenteurs d’une arme et que nous avons fait la paix, cette arme ne sert à rien. Nous devons la déposer, nous devons la remettre », a justifié le pasteur Ntumi.

Le pasteur Ntumi a demandé au gouvernement de lui donner les moyens nécessaires pour l’opération de désarmement de ses ex-combattants. Il veut également que soit traitée la véritable cause de la crise du Pool, demande un nouveau statut, la construction d’une maison et plaide la réhabilitation des écoles.

On peut remettre une arme mais la situation qui a provoqué qu’un tel prenne une arme, si on ne l’a pas réglé, finalement, c’est comme si on était des animaux qui se sont battus. J’ai soumis un cahier des charges. J’ai besoin des réponses. Qu’on me réponde sur ce que j’ai soumis. J’ai dit : je viendrais à Mayama pour lancer le désarmement. Mais donnez-moi les moyens. Je ne veux pas faire les choses en cachette.

Après les échanges en public et les doléances du pasteur Ntumi, un huis clos a été improvisé. Rien n’a filtré.

7 500 hommes doivent être désarmés puis réinsérés. Des dizaines de milliers de civils doivent encore reprendre le chemin de leur maison. La rencontre de ce mardi pourrait en être le véritable point de départ.


► Une figure de la politique congolaise

Celui que l’on appelle le pasteur Ntumi dirige une rébellion armée depuis deux ans dans la région du Pool, dans le Sud du Congo. En décembre dernier, un accord de cessez-le-feu a été trouvé entre Brazzaville et le pasteur Ntumi.

Fin juillet, la justice a levé les mandats d’arrêts à son encontre. Plus rien ne s’opposait à sa sortie de clandestinité. Mais il restait méfiant quant à sa sécurité, selon ses proches. Le problème est que sans lui le processus de désarmement est bloqué.

Pour mémoire, de 2007 à 2016, Frédéric Bintsamou occupait un poste auprès du président Denis Sassou-Nguesso, en tant que « délégué général chargé de la promotion des valeurs de paix et de la réparation des séquelles de guerre ».

Avant cela, à la tête de milices dites « ninjas », il avait lutté contre l’actuel chef de l’Etat congolais, dans le maquis du département du Pool, déjà.

A 54 ans, Frédéric Bintsamou fait donc partie du paysage politique du pays depuis plus de vingt ans. Il est l’un de ceux qui peuvent faire fonctionner ou dérailler le processus de paix.

RFI

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