Brexit: Theresa May décidée à passer en force
Après deux rejets du Parlement, l’accord sur le Brexit négocié par la Première ministre britannique avec Bruxelles sera une nouvelle fois soumis au vote des députés ce jeudi. Une motion gouvernementale proposera en effet un court report du Brexit au 30 juin, à la condition que le texte soit approuvé d’ici le 20 mars.
Malgré deux échecs cuisants à la Chambre des Communes, Theresa May s’obstine. Décidée à faire passer au forceps l’accord de divorce qu’elle a négocié avec l’Union européenne, la Première ministre britannique va proposer aux députés de voter une troisième fois ce texte.
Au risque de subir une nouvelle humiliation, la dirigeante conservatrice a déposé une motion gouvernementale qui sera débattue ce jeudi au Parlement. Celle-ci propose un court report du Brexit, théoriquement prévu le 29 mars, jusqu’au 30 juin, à la seule condition que les députés approuvent l’accord d’ici le mercredi 20 mars.
Juridiquement, ce court report, s’il était approuvé, ne devrait pas poser problème pour l’organisation des élections européennes prévues entre le 23 et le 26 mai puisque les nouveaux députés n’entreront pas en fonction avant le mois de juillet. Un calendrier qui permettrait au Royaume-Uni de ne pas prendre part au scrutin. En revanche, la motion précise que si l’accord est recalé à nouveau, alors le report devra aller au-delà du 30 juin et impliquera que le pays organise des élections pour le parlement européen.
Jouer sur la lassitude et l’inquiétude des parlementaires
« Une courte extension technique ne sera offerte que si nous avons un accord en place », a averti mercredi soir Theresa May devant des députés très divisés et incapables jusqu’à présent de dégager une majorité sur la voie à suivre avec le Brexit. La dirigeante conservatrice ne cache pas sa préférence pour un court report, afin de mettre enfin en oeuvre le résultat du référendum qui a vu les Britanniques choisir à 52% de quitter l’UE après 46 ans d’un mariage sans amour.
La Première ministre ne veut pas lâcher l’affaire et espère avoir les députés à l’usure. Bien que son autorité soit aujourd’hui sérieusement remise en cause, elle entend jouer sur la lassitude des parlementaires et l’inquiétude des eurosceptiques qui craignent que le Brexit ne finisse par jamais se produire s’ils ne la soutiennent pas. Mieux vaut un Brexit avec un accord imparfait que pas de Brexit du tout, estiment certains d’entre eux.
Le vote organise ce jeudi après-midi constitue donc le troisième épisode parlementaire d’un feuilleton interminable. Car près de trois ans après avoir voté en pour quitter l’Union européenne, le Royaume-Uni ne parvient toujours pas à se décider sur les conditions de départ.
Un « no deal » toujours possible
De son côté, l’Union européenne a toujours expliqué qu’une demande de report devait être justifiée et acceptée à l’unanimité par les 27 états membres.
« Si un délai additionnel était demandé, il faudrait alors qu’on nous explique pour quoi faire (…) Ce ne peut être pour renégocier un accord que nous avons négocié durant de nombreux mois et dont nous avons dit qu’il n’était pas renégociable », a déclaré en écho mercredi le président français Emmanuel Macron. « La négociation, elle est terminée », a aussi réaffirmé le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit Michel Barnier. Ajoutant: « Le Royaume-Uni doit nous dire ce qu’il veut pour notre relation future ».
Quant au « no deal », même si les députés ont rejeté cette option mercredi soir, elle reste la probabilité par défaut, faute d’un accord, a prévenu Theresa May.
Signe que le gouvernement britannique prend cette hypothèse au sérieux, il a publié mercredi une nouvelle série de mesures qui s’appliqueraient pour en atténuer les conséquences: il réduirait notamment ses droits de douane qui ne concerneraient plus que 13% des produits importés. En attendant de sortir du flou politique, l’économie britannique devrait poursuivre son ralentissement, avec des prévisions de croissance revues à la baisse mercredi.