Mère de famille,  cette actrice du cinéma guinéen qui a brillé dans les années 90 avec son film ‘’ Bily ni bébé’’ est aujourd’hui dans la dèche. Vendeuse de charbon, elle vit dans un magasin en location avec ses 7 enfants  à Sonfonia Kass. Son histoire hors du commun, relance l’épineuse question liée à la prise en charge des artistes guinéens.

‘’Mon nom a disparu en Guinée…’’

Le parcours de cette actrice du cinéma guinéen frise la colère. Abandonnée par  l’Etat  qui subventionnait leur production cinématographie, elle est tombée en disgrâce au fur des années. Toutefois, elle n’a pas honte de sa nouvelle vie qu’elle exprime avec fierté, mais en larmes.

«  J’ai commencé le cinéma très jeune avec Billy.  Je suis artiste. Ce sont les circonstances de la vie qui m’ont obligé à être vendeuse de charbon. Mais cela aussi n’est pas mauvais,  parce que c’est une manière de chercher l’argent licitement pour gagner ma vie. Depuis plusieurs années, j’ai commencé à vendre du charbon pour gagner ma vie. L’artiste que je suis,  mon nom a disparu en Guinée. C’est comme si je n’étais pas en Guinée. Mais, grâce à Dieu, tout le monde sait aujourd’hui que je suis en vie. C’est ma souffrance qui faisait qu’on ne me voyait pas », soupire-t-elle.

L’ancienne icône est actuellement est appelée dans le quartier Bébé  Sodia, la vendeuse de charbon. Optimiste, elle prend la vie avec beaucoup de philosophie. Elle n’a pas honte de sa vie actuelle et garde espoir que les choses iront dans le bon sens.

« Je suis en train de vendre du charbon pour subvenir à mes besoins et à ceux des enfants. Je gagne la nourriture de mes enfants dans ça. J’ai sept enfants avec moi. Des orphelins. Moi je n’ai eu qu’une seule fille. Mais quelque soit ma souffrance, je ne vais pas les abandonner. Je ne sais pas qu’est-ce qu’ils vont devenir demain pour le pays. Je suis orpheline de père et de mère depuis mon jeune âge. Donc très tôt  j’ai appris à vivre de mes propres moyens, je suis issue d’une famille pauvre. Mais aujourd’hui, je vis avec des enfants abandonnés. Toute personne qui veut jeter son enfant  je le récupère au lieu que je le laisse mourir. J’aime  les enfants même si je n’ai pas de moyens, mais Dieu va nous venir en aide », déclare-t-elle, optimiste. Bebé Sodia n’en veut à personne de son sort.

« Personne n’a détourné mon argent quand je faisais le tournage de mes films. On parle de détournement lorsque tu es payé. A l’époque, je travaillais pour les guinéens pour les rendre heureux  et sensibiliser la population par rapport à ce qui se passe chez nous. On appelait ma troupe Benso Sodia qui veut dire unissons-nous pour rendre la vie belle. C’était mon travail. On ne me payait pas mais je le faisais pour le pays. Des gens  qui me voyaient sur l’écran de la RTG  m’offraient  de l’argent et faisait tout  pour moi. Depuis que j’ai disparu de l’écran personne ne savait où j’étais. Quand  on a arrêté le tournage des films  avec  la troupe  Benso Sodia, Pése et Lewrou Djeré,  je n’avais aucune situation. Donc,  j’ai commencé à vendre du charbon, parce que je gagne un peu d’argent dans ça. J’arrive à avoir la dépense de mes enfants », raconte, en larmes, Bébé Sodia.

Aujourd’hui, elle interpelle le gouvernement  guinéen. Bébé Sodia lance un appel à l’aide pour la sortir de la précarité dans laquelle est plongée depuis de nombreuses années. « Je suis l’enfant du gouvernement, je demande  son soutien parce qu’il peut le faire. Je suis actrice comédienne, il n’y a pas de vieux  metier, c’est ce métier que je connais. J’ai beaucoup d’œuvres  que je pourrais exploiter », sollicite-t-elle.

Depuis l’arrêt de la subvention qui a porté un coup à sa  carrière, elle a évolué avec Billy son collègue de la troupe Benso Sodia  qui a produit un  film intitulé ‘’ Bico’’ en 2005.  Interrogé, Amara Douno communément appelé Billy Sodia était écœuré de voir Bébé dans cet état lamentable. Il lance un cri de cœur à l’Etat guinéen.

«Je connais sa situation, elle est orpheline depuis  les années 1987 quand  elle tournait les films dans Sodia. Mais, c’est une femme qui est très combattante.  Je demande au gouvernement de l’aider pour la faire sortir de cette situation lamentable.L’Etat guinéen doit  penser à la vie des artistes guinéens surtout le cinéma qui est mort», a lancé Billy que nous avons croisé chez  Bébé.

Avec Africaguinee.com