Confrontés à la grogne persistante des gilets jaunes, les députés de la majorité cherchent une troisième voie
En décalage avec la fermeté affichée par le couple exécutif, certains élus La République En Marche plaident pour une main tendue aux gilets jaunes.
A la veille d’une troisième manifestation d’ampleur des gilets jaunes, le camp Macron serait-il en train de se fissurer? Face à une colère populaire qui ne s’apaise pas et gagne même du terrain parmi les Français, les élus locaux LaREM, volontiers chahutés par les manifestants, semblent chercher une troisième voie, entre la raideur affichée de l’exécutif et le jusqu’au-boutisme de certains gilets jaunes.
Loin du message de fermeté envoyé ce jour par le chef de l’Etat depuis l’Argentine, qui a balayé de la main toute idée de « recul » sur les réformes annoncées, une portion croissante du groupe présidentiel dans l’Hémicycle appelle à un dialogue plus constructif avec les gilets jaunes.
Déçus par le discours mardi du chef de l’Etat, jugé trop flou, et en première ligne face à la révolte dans leurs circonscriptions, certains députés appellent à des mesures concrètes, comme la mise en place d’un moratoire sur la hausse des taxes prévue pour le 1er janvier prochain. En figure de proue de cette revendication, la présidente de la commission des affaires sociales, et ancienne socialiste Brigitte Bourguignon.
L’idée d’un moratoire
Dans un entretien au Monde samedi 23 novembre, la députée LaREM du Pas-de-Calais demandait au gouvernement d' »infléchir le calendrier de la mise en œuvre de la taxe carbone » avec trois mois de moratoire. Une idée partagée par Patrick Vignal, député marchiste de la 9e circonscription de l’Hérault, qui demandait cette semaine sur BFMTV à « mettre une pause sur la hausse des carburants en janvier ».
« On ne peut pas mettre dos à dos la France des ronds-points et la France des avenues », a-t-il martelé, appelant au dialogue entre élus locaux et manifestants.
Gilets jaunes: « Je ne veux pas mettre à dos la France des ronds-points et des avenues » affirme Patrick Vignal, député LaREM de l’Hérault pic.twitter.com/cEOBvc5btP
— BFMTV – Matinale (@PremiereEdition) 20 novembre 2018
Une idée défendue également par Richard Ramos, député MoDem du Loiret. Sur notre antenne ce vendredi matin, l’élu a défendu la nécessité d’« écouter les gilets jaunes » sur le terrain plutôt que de les recevoir sous les ors de la République. Les porte-paroles des gilets jaunes doivent être reçus ce vendredi à Matignon par Edouard Philippe.
Certains députés de la majorité, comme Bruno Bonnell ou Amélie de Montchalin, pourtant proche d’Edouard Philippe, évoquent enfin l’idée de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF) comme le réclament certains gilets jaunes.
Gilles Le Gendre ne veut pas « surfer sur les colères »
Face à ces voix discordantes, le président du groupe LaREM à l’Assemblée Gilles Le Gendre maintient le cap. « L’équilibre de notre politique doit rester inchangé. On est pas là pour surfer sur les colères de gilets jaunes », a-t-il jugé mercredi, dans un entretien au Parisien aux allures de rappel à l’ordre.
Interrogé sur le plateau de BFMTV et RMC ce matin, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, a de son côté évacué l’idée d’un moratoire sur la hausse des prix du carburant, dont il juge le coût, 650 millions d’euros selon lui, trop élevé.
La semaine dernière, devant les députés du groupe majoritaire, Edouard Philippe appelait à davantage de « cohérence » et de « constance, se plaignant que les élus n’aient pas assez « occupé le terrain » ou « répondu aux critiques » des manifestants. Pas certain que son appel ait été entendu…
BFMTV