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POUTINE FAIT MARCHE ARRIÈRE : LA RUSSIE REVOIT SES EXIGENCES À LA BAISSE ET EST PRÊTE À LAISSER L’UKRAINE INTÉGRER L’UNION EUROPÉENNE

D’après des informations recueillies par le Financial Times lundi auprès de sources liées aux tractations autour d’un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, l’envahisseur a largement adouci ses conditions pour la paix. Changement de pied sincère ou enfumage destiné à gagner du temps? Ce revirement interroge.

Une Russie qui sauverait la face en se rabattant sur le moins-disant de ses exigences initiales, une Ukraine sortant meurtrie du conflit, privée pour longtemps de toute perspective d’intégrer l’OTAN mais entourée de garanties nouvelles pour sa sécurité. Tandis que la quatrième session des négociations russo-ukrainiennes visant à conclure un cessez-le-feu entre l’agresseur et l’agressé s’ouvre ce mardi à Istanbul, les observateurs se prennent à espérer que cette nouvelle phase soit la bonne, tant le Kremlin semble avoir allégé ses exigences préalables.

C’est en tout cas l’impression qui ressort des révélations livrées ce lundi par le Financial Times qui dit les tenir de quatre sources proches de ce dossier ultrasensible. Ainsi, la Russie accepterait de voir l’Ukraine intégrer à terme l’Union européenne, bénéficier d’assurances pour sa sécurité, temporiser encore quant à la reconnaissance de ses territoires perdus en 2014 à condition qu’elle renonce à rejoindre l’OTAN et à tout développement d’armes nucléaires. Toutefois, rien ne filtre côté russe et les Ukrainiens craignent encore d’être menés en bateau par des interlocuteurs ne cherchant qu’à gagner du temps.

Précautions officielles

« Dénazifier« , « démilitariser », « dénucléariser ». De l’alpha, beta et oméga des prétextes mis en avant par Vladimir Poutine pour justifier son invasion de l’Ukraine à l’aube du 24 février, seul le troisième volet serait encore à l’ordre du jour. Le Financial Times a pu s’entretenir avec quatre personnes au parfum des discussions bilatérales qui vont connaître ce mardi leur quatrième édition à Istanbul. Et d’après les échos perçus par le quotidien britannique, la Russie aurait perdu beaucoup de sa superbe dans ces tractations, multipliant les concessions afin de préserver la certitude d’un renoncement de l’Ukraine à rallier l’Alliance atlantique.

« Tous les sujets sont sur la table depuis le début mais pour chaque chapitre, il y a des clauses non-résolues », douche cependant David Arakhamia, patron de la majorité à la Rada, membre de la délégation ukrainienne et seul des participants à ces négociations à avoir consenti à délaisser l’anonymat.

Lundi, Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence russe, a quant à lui indiqué à l’agence de presse Interfax que du côté de sa chefferie on n’observait aucune « avancée significative ».

L’OTAN sans l’OTAN?

Tout de même, le ton du Kremlin a changé à en juger par les témoignages de ces personnalités apparemment si bien informées. Le régime de Vladimir Poutine ne s’accrocherait plus qu’aux promesses de l’Ukraine de ne pas devenir membre de l’OTAN, de s’interdire d’héberger une base militaire étrangère sur son sol, d’oublier tout développement d’un programme de nucléaire militaire. En échange, les contreparties apparaissent nombreuses.

Plus question donc d’exiger la « dénazification » et la « démilitarisation » de l’Ukraine – ces préalables absurdes ou inacceptables pour Kiev et qui ont entravé les premières discussions entre belligérants, et surtout celle-ci obtiendrait de précieuses goulées d’oxygène quant à son avenir. La Russie s’engagerait à préparer un accord affirmant la sécurité et un devoir d’assistance à son voisin d’outre-Dniepr au cas où il subirait une attaque – un document signé par elle mais aussi par la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Allemagne, la Pologne, la Turquie, Israël, la Chine… et les Etats-Unis. Une sorte d’OTAN Canada Dry tant la proposition ressemble à l’article 5 du Traité de l’Atlantique nord qui fonde l’organisation internationale. De surcroît, Moscou envisage de lâcher sur un autre point crucial, en permettant à son adversaire d’intégrer l’Union européenne à terme.

Deux points restent cependant à débattre. Et le premier n’est pas des moindres: la Russie exige toujours de l’Ukraine qu’elle reconnaisse sa souveraineté sur la Crimée, de même que la légitimité des deux républiques séparatistes du Donbass. Or, les plénipotentiaires ukrainiens ne reconnaîtront pas « d’autres frontières que celles mentionnées dans la Déclaration d’indépendance », a déjà fermé David Arakhamia auprès du Financial Times.

Bonne nouvelle toutefois: l’obstacle ne serait pas de nature à bloquer les négociations et le point d’achoppement renvoyé à une rencontre ultérieure entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine. Tout comme la question de la protection de la langue russe en Ukraine, que Moscou désire aussi soulever.

La peur de l’usine à gaz

Outre ce rendez-vous demeurant à l’état d’hypothèse, deux éléments incitent encore à prendre son mal en patience. Car même en imaginant les négociateurs aboutir à un accord satisfaisant pour les deux parties prochainement, encore faudrait-il le vote des deux parlements puis, côté ukrainien, sa validation par un référendum promis – et de façon répétée – par Volodymyr Zelensky à son peuple.

Et Kiev n’a pas fini de tendre le dos. En effet, au moment où la communauté internationale cherche à sortir de sa dépendance aux hydrocarbures russes, le fumet d’une possible usine à gaz flotte toujours dans l’air. Comme l’analyse le Financial Times, la confiance placée dans la diplomatie soudain plus coulante du Kremlin est très modérée tant on craint qu’il s’agisse d’une manoeuvre dilatoire pour gagner du temps et se refaire avant de tenter de se relancer sur le front.

Il faut dire que là aussi, la Russie semble sur le reculoir. L’Ukraine dit avoir repris Irpin, dans les faubourgs de sa capitale, tenir en respect son ennemi à Soumy, avoir dégagé Mykolaïv au sud et désormais cibler la libération de Kherson. Des assertions qui doivent peut-être beaucoup à un triomphalisme de circonstances auquel l’Ukraine a autant intérêt que son envahisseur. Une chose est certaine en tout cas: la balade (de santé) militaire que Moscou avait rêvée fin février a déjà fait long feu, 33 jours plus tard.

Libreopinionguinee Avec BFMTV

 

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