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Saisies d’armes de guerre à Wanindara chez Elhadj Abdoulaye Sow : « il avait construit un forage pour le quartier, construit une morgue à la mosquée et avait même refait la peinture »

Des armes de guerre ont été saisies, jeudi 17 mars 2022, par la gendarmerie à Wanindara dans la maison d’un commerçant. Au cours de cette opération, Elhaj Abdoulaye Sow, « propriétaire » des lieux avait réussi à tromper la vigilance des agents. Pendant qu’il est en cavale, plusieurs membres de sa famille sont aux arrêts.

Selon la gendarmerie, il s’agit d’une carabine 43 de fabrication russe avec 71 cartouches (saisie dans une armoire dans une chambre), un PA TT30 avec 126 cartouches, un PMAK avec 39 cartouches retrouvées dans une valise, une arme CALIBRE 12 avec 55 cartouches, deux couteaux et une hache, trois boîtes chargeurs PAMK, TT 30 et calibre 43.

C’est un sujet qui continue à défrayer la chronique. La découverte d’une quantité importante d’armes à Wanindara, quartier réputé chaud pendant les manifestations, est sur toutes les lèvres. Sur les réseaux sociaux, les images tournent en boucle et certains ne se gênent pas de donner un autre sens à cette saisie d’armes, parlant de « complot » ourdi pour flouer l’opinion sur les véritables enjeux du moment.

Qui est réellement Elhaj Abdoulaye Sow, présumé propriétaire des armes saisies ? La maison dans laquelle la découverte a été faite est-elle sa propriété ? Pour répondre à toutes ces questions, Africaguinee.com a creusé pour édifier davantage l’opinion dans cette rocambolesque affaire.

Située à quelques mètres du marché de Wanindara, la maison de M. Abdoulaye Sow n’est pour le moment accessible. Une équipe de gendarmes y est postée pour assurer la sécurité des lieux jusqu’à nouvel ordre. Aux alentours de cette maison où des armes ont été retrouvées, c’est une atmosphère calme qui règne. Rares sont les voisins de monsieur Sow qui acceptent commenter le sujet. Mais tout le monde ne peut être réticent au même moment.

AC, c’est le sobriquet qu’on attribue à notre source qui a bien voulu nous édifier. Sa maison fait face à celle de M. Abdoulaye Sow, considéré comme une « paria » aux yeux de certains habitants. Rappelant que « l’homme est un inconnu connu », AC déclare être surpris d’apprendre que son « bon voisin » est le détenteur d’une grande quantité d’armes de guerre trouvées dans sa maison.

« Je connais très bien Elhaj Abdoulaye Sow. C’est devant moi qu’il a construit sa maison. C’était au temps de Lansana Conté. Mais je ne peux vous dire avec exactitude l’année. Il était gentil avec ses voisins. Pour preuve, il avait construit un forage pour le quartier, construit une morgue à la mosquée et avait même refait la peinture. Pour vous dire vrai, il n’avait pas mis du temps à construire sa maison parce qu’il était vraiment riche. C’est quelqu’un qui me respectait beaucoup. Mais en aucun cas, je n’ai jamais soupçonné qu’il pouvait faire des affaires louches. J’ai été surpris et étonné d’apprendre qu’il avait des armes de guerre dans sa maison », a déclaré AC.

Refusant de clouer au pilori son ancien « bon voisin » Addoulaye Sow qui est en cavale, AC poursuit : « Je n’ai jamais été dans sa boutique mais j’ai appris que c’est un grand commerçant. Comme c’est un monsieur riche, peut-être qu’il avait des armes pour se défendre (en cas d’attaque). A un moment donné, lorsque son commerce était florissant, ce sont des gardiens qui assuraient la sécurité de sa résidence. Mais ces derniers temps, sa fortune avait baissé. Il n’avait plus de vigiles. Ça a été une surprise pour moi de voir qu’on sort des armes de guerre chez lui », a fait savoir AC.

Craintes de représailles

Aujourd’hui avec les préjugés qui se font sur le quartier Wanindara, notre interlocuteur qui vit avec la peur au ventre craint des représailles. « Si on n’arrive pas à faire la part des choses, on risque  de mettre tout le monde dans la même assiette. Le rôle de l’autorité consiste à faire la part des choses pour ne pas faire du tort aux innocents. On ne doit pas dire que tout le monde est mauvais à Wanindara », a lancé AC qui soutient que son voisin Abdoulaye Sow est un homme pacifique et très attaché à la religion musulmane. « Il n’est pas arrogant. C’est un monsieur qui n’aime pas les problèmes. Je vous informe qu’il a été à la Mecque et c’est quelqu’un qui aime les études coraniques ».

Une dette de 140.000 euros

Si pour certains, Abdoulaye Sow est un citoyen gentil et généreux, le chef de quartier de Wanindara trouve le contraire. M’Biran Manet soutient d’abord que la maison attribuée à Abdoulaye Sow n’est plus sa propriété.

« J’ai reçu deux à trois décisions de justice m’informant que mon citoyen n’est plus propriétaire de la maison où il se trouve. Que désormais le bâtiment appartient à un de ses partenaires à qui monsieur Sow doit une valeur de 140 milles euros », a révélé le chef de quartier.

S’abstenant de tout commentaire en ce qui concerne la saisie d’armes faite chez Abdoulaye Sow, le président du conseil de quartier de Wanindara a rappelé que des jeunes entretenus par celui qui est cavale s’en sont toujours prix aux gendarmes déployés pour faire respecter la décision de justice.

« Souvent les gendarmes m’informaient que dans l’exécution de la décision de justice, qu’ils ont toujours été confrontés à une bande de jeunes qui se comportaient mal. Je ne sais pas comment des jeunes pouvaient renvoyer les pick-up de la gendarmerie ?», s’interroge M’Biran Manet.

Pour enfoncer le clou, notre interlocuteur qui soutient que seuls les militaires doivent avoir les armes, se dit surpris et non surpris de la saisie d’armes faite chez un habitants de son quartier.

« Je suis surpris et pas surpris. Vous savez je suis un citoyen de l’Axe Bambéto- Cosa. Ici tout peut arriver », a fait savoir M’Biran Manet qui n’est pas prêt à pardonner à ceux qui avaient incendié sa maison.« On est venu brûler chez moi en pleine journée. Donc sur l’Axe là, je ne suis surpris de rien. Je le dis en tant que chef de quartier », a laissé entendre M’Biran Manet.

En attendant l’épilogue de cette affaire, plusieurs habitants de Wanindara vivent dans l’anxiété. Car, ils craignent des représailles.

Source: Africaguinee.com

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