Sommet Trump Poutine : Pas de cessez-le-feu ni d’accord en Alaska, Poutine est-il le grand gagnant ?

Donald Trump et Vladimir Poutine se sont séparés vendredi en Alaska sans rien dévoiler d’un possible plan de paix pour l’Ukraine, tout en multipliant les déclarations engageantes et les gestes amicaux. Mais en réalité, rien n’a filtré de leurs discussions. En revanche, les images d’un président russe redevenu un interlocuteur crédible sur la scène internationale demeurent. Cependant, au moment où se tenait cette rencontre, affirme Kiev, l’armée russe lançait encore 85 drones et un missile sur l’Ukraine.
Si les deux dirigeants ont expliqué lors d’une courte conférence de presse avoir eu des discussions fructueuses, et avoir réalisé de vrais progrès, tout en multipliant les déclarations engageantes et les gestes amicaux, cela reste extrêmement flou. D’ailleurs, les journalistes présents n’ont pas eu la possibilité de poser des questions à Donald Trump et Vladimir Poutine, au terme de leur rencontre si attendue à Anchorage, en Alaska, rapporte notre envoyé spécial sur place, Pierrick Leurent.
Les objectifs de chacun ont-ils été atteints ? Malgré l’accueil tout en démonstration de puissance militaire réservé au président russe, avec des avions de combat de pointe rangés auprès du tapis rouge et survolant les deux hommes au moment des retrouvailles sur le tarmac, Donald Trump n’a pas obtenu ce qu’il souhaitait. Le milliardaire de 79 ans, qui ne cesse de se présenter comme un potentiel prix Nobel de la paix, voulait arracher un cessez-le-feu, ce n’a donc pas été le cas. Le président américain avait aussi promis des sanctions supplémentaires contre la Russie en cas d’échec, ce n’est plus à l’ordre du jour. Et côté accords économiques entre les deux puissances mondiales, c’est le néant également.
Je n’ai vu aucun signe qui indique qu’on se rapproche de la fin de cette guerre. On est en droit de se demander si tout cela en valait la peine.
Et si le républicain aime se présenter en négociateur hors pair, mais il n’a obtenu aucune concession de son homologue russe. Malgré un ton bravache et des menaces de « conséquences très graves » pour la Russie, proférées avant les retrouvailles en Alaska, si le Kremlin ne mettait pas fin à la guerre. Il reste « très peu », de points à régler pour trouver une issue à la guerre déclenchée il y a plus de trois ans par l’invasion russe de l’Ukraine, a tout de même assuré le locataire de la Maison blanche. « L’un d’entre eux est probablement le plus important », a-t-il ajouté… sans préciser lequel. Une absence de résultat qui montre les limites de la diplomatie par la flatterie souligne le Washington Post. Et qui montre aussi les revers d’une certaine admiration du dirigeant américain pour son pendant russe.
Vladimir Poutine réhabilité sur la scène internationale
Pour Vladimir Poutine, en revanche, le succès est total. Avec ce sommet digne d’une visite d’État, il se retrouve réhabilité sur la scène internationale et redevient un interlocuteur valable, alors même que ses troupes poursuivent leur offensive en Ukraine. Un ressenti partagé en Russie, où les experts cités dans les médias soulignent l’absence de menaces de sanction et le prestige récolté par le Kremlin. Tapis rouge pour Vladimir Poutine, sourires et poignées de main répétés, trajet inattendu avec Donald Trump en tête-à-tête dans sa voiture présidentielle… les images sont reprises à satiété par la télévision russe.
Rien qui semble, en tout cas, avancer en direction d’une résolution du conflit à court terme. Même si Donald Trump a persisté à donner des signes d’optimisme dans une interview donnée à Fox News, dans la foulée de la rencontre. En conclusion, Donald Trump a estimé qu’il pourrait revoir « très bientôt », le président russe. Ce à quoi Vladimir Poutine a réagi en lançant, en anglais, « la prochaine fois à Moscou », sur un ton léger, tandis que Volodymyr Zelensy déplorait que les soldats russes « continuent à tuer le jour des négociations. »
Trump s’est entretenu avec Zelensky et des dirigeants européens
Car parallèlement au sommet en Alaska, des bombardements russes ont affecté les villes de Soumy (nord-est) où un marché central a été touché. Les villes de Zaporijjia et Dnipro ont également été frappées. L’armée russe a lancé 85 drones et un missile sur l’Ukraine durant la nuit de vendredi à samedi, a affirmé Kiev, qui informe par ailleurs en avoir abattu 61. Et les combats le long de la ligne de front continuent.
Alors forcément, côté ukrainien, pas de grande surprise sur l’absence de tout accord de cessez-le-feu. En revanche, la déception provient des mots de Donald Trump, qui, au lieu de mettre la pression sur Vladimir Poutine, a renvoyé la balle à l’Ukraine. Au micro de Fox News, il a appuyé sur le fait que l’obtention d’un cessez-le-feu « dépendait vraiment du président » Volodymyr Zelensky.
Donald Trump a tout de même rendu compte de son entrevue avec Vladimir Poutine au président ukrainien et à certains dirigeants européens, a annoncé une porte-parole de la Commission européenne. Cet appel, auquel ont notamment participé la présidente de la Commission Ursula von der Leyen, le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, a duré « un peu plus d’une heure », selon cette même source. Kiev a également informé qu’une visite du président ukrainien était prévue à Washington lundi pour discuter du réglement du conflit.
Libreopinionguinee avec RFI