SOIXANTIÈME ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE DE LA GUINÉE : OÙ EST PASSÉ LE GÉNÉRAL LANSANA CONTÉ ?
IL n’était pas le plus lucide de sa tribu, il n’était pas non plus le plus visionnaire des présidents que notre pays a connus mais il avait dit sans ambages, le cœur sur la main et la main sur le ventre parlant d’Alpha Condé : « Méfiez-vous de cet homme et surtout il ne faut l’élire, il ne fera rien pour vous. C’est un aventurier qui passera son temps à piller le pays » Soyons cléments : « Un aventurier à la recherche d’un standing de vie meilleure ».
Comprenne qui pourra. Si par hasard on lui demandait des précisions, le Général restait enfermé dans sa voix rocailleuse, l’air irrité. Alpha Condé a-t-il donc voulu faire payer au Général Lansana Conté le prix des sa prévision ? Une prévision qui sonne aujourd’hui plus qu’une vérité aux yeux des millions des Guinéennes et Guinéens.
Du rond-point de Tombo au rond-point de l’Aéroport international de Gbessia, Alpha Condé a pris le soin, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’indépendance de notre pays, fêté cette fois-ci dans la capitale Guinéenne à Conakry d’exposer les photos des hommes politiques Africains.
De Jomo Kenyatta à Nelson Mandela en passant par Ahmed Sekou Touré, Thomas Sankara, Ahmed Ben Bella, Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Barry Diawadu, Barry Ibrahima dit Barry III et Diallo Telli pour ne citer que ceux-là. Arrêtons-nous un instant sur ces images. Si certaines comme celle de Mandela prône une Afrique démocratique, sans distinction de race, de sexe ou de religion a contribué à gagner les cœurs des fêtards, celles de Sankara et Lumumba les « Che Guevara Africains» à leur ragaillardir face à l’avenir, quatre autres images leur plongent dans la tristesse et dans la réflexion. Elles sont celles d’Ahmed Sekou Touré, Barry Diawadou, Barry III et Telli Diallo.
Ils sont quatre Guinéens tous de même pays, même religion, même culture ajoutons même civilisation qui se regardent droit dans les yeux 60 ans après. Les trois derniers furent tous assassinés par le premier, Ahmed Sekou Touré. Barry Diawadou fusillé, Barry III pendu et Diallo Telli mort d’inanition quelque part dans une cellule de Camp Boiro.
Restons toujours sur ce qui est plus frappant pour ne pas dire plus choquant, ce qui a finalement terni la fête et qui a provoqué une onde de choc dans la capitale. C’est la négation du Général Lansana Conté dans les pages de l’histoire de notre pays par Alpha Condé.
« Le succès est toujours un enfant de l’audace. L’échec aussi » disait l’autre. Alpha Condé en décidant de biffer et de gommer le Général Lansana Conté sur les pages d’histoire de la Guinée à quelques mois des élections législatives et avec une ambition non voilée de rester au pouvoir au-delà de la fin de son mandat non renouvelable a pris un risque énorme.
Cela, même s’il estime aux yeux de la presse étrangère que 80% des Guinéens ne savent ni lire ni écrire et ne comprennent rien. En tout cas pas la langue de Molière. Mais comprennent t- il les gestes ? L’avenir le dira.
ELHADJ BAH CHEF DE BUREAU DU LEJOURGUINEE AU BENELUX ET MEMBRE DU CLUB PRESS EUROPE