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Négociations avec le SLECG, Tibou tranche : « Aujourd’hui, je souscris que nous sommes dans l’incapacité de trouver une solution, tel que voulu par le syndicat »

Invité d’une radio à Conakry, le ministre conseiller personnel du président de la république, Tibou Kamara, n’a pas mâché ses mots. Il a décortiqué l’adresse à la nation du Chef de l’Etat et le round des négociations avec le syndicat. Des extraits :

M. Aboubacar Soumah n’a pas rejeté l’idée d’une trêve sociale mais a réitéré leurs revendications légitimes. Je pense que la discussion que nous avons amorcée a contribué, si ce n’est pas apporter des solutions, mais a quand même créé les conditions du dialogue et de la confiance parce que souvenons-nous d’où nous venons. Déjà que le Chef de l’Etat a reçu, en personne, l’équipe de M. Soumah, pour écouter leur désidérata, pour moi, c’est un acte de bonne volonté et une ouverture vers une solution. Ensuite, il a été rétabli dans ses droits. Un point inscrit sur les deux jugés non-négociables dans la plateforme qui nous a été présentée. Mais aujourd’hui, ce point-là a été satisfait.

Mieux, au moment où l’augmentation a été consentie, ceux qui étaient en fonction mais qui, entre temps, étaient partis à la retraite, pourront également bénéficier des 40%. Mais je précise, pour la compréhension de l’opinion, que ces 40% sont acquis dans des accords antérieurs mais que le SLECG rejette. Et 10% des 40% ont été payés fin février 2018. La nouveauté, c’est qu’il y aura un rappel pour ceux qui étaient en fonction mais qui, entre temps, étaient à la retraite. Donc, il y a une volonté ferme et implacable du gouvernement de payer les 30%. Là où il y a des divergences, c’est par rapport au moment de payer les montants. L’Etat, compte tenu de ses difficultés de trésorerie, a proposé un échelonnement. Le syndicat a demandé qu’il soit payé ici et maintenant. Et le chef de l’Etat a reconnu que leurs revendications sont légitimes mais a demandé à quel moment il faut payer.

Donc, je pense qu’il faut situer le contexte. Dans d’autres accords, un engagement d’honneur de l’Etat aurait suffi pour mettre un terme à la grève mais compte tenu de la crise de confiance, le syndicat indique qu’un accord et un engagement ne suffisent pas. Mais ils veulent plutôt des actes concrets.

Je ne dirais pas que cette situation m’échappe. Mais je dirais que j’étais conscient dès le départ qu’il y avait des difficultés réelles, qui n’auraient pas permis de parvenir à un accord. Donc, le contexte explique aujourd’hui la difficulté d’aller vers une solution. Ce n’est pas l’incapacité de l’équipe de médiation, ni la mauvaise foi de la partie en face. Dans certaines négociations, la parole d’honneur suffit. Mais dans ce contexte précis, le syndicat estime qu’ils ont trop patienté. Par conséquent, ils ne peuvent pas se contenter d’un engagement ou de la parole de l’un d’entre nous. Ensuite, sur les 30% nous avons proposé l’échelonnement. Nous sommes d’accord de faire des efforts. Mais eux estiment qu’ils veulent leur argent ici, et maintenant. Pour l’ensemble des travailleurs, c’est 51 milliards par mois, soit 600 milliards par an. Ce qui n’est pas inscrit dans le budget. C’est pourquoi, pour résoudre la crise actuelle et pour prévenir celle à venir, nous avons demandé la trêve. C’est un partenariat que nous demandons, et non un refus de faire face à nos engagements.

Depuis le début de cette crise, c’est une succession de malentendu. Des engagements ont été pris, c’est vrai mais est-ce que le Chef de l’Etat avait été consulté avant ? Quand les engagements ont été pris, est-ce qu’on lui avait fait le compte-rendu ? Manifestement non. Puisque lui-même l’a dit devant eux, et publiquement, qu’il n’avait pas eu la bonne information, lui permettant de prendre des décisions pertinentes et opportunes. A mon avis, il n’y a pas eu une communication réelle entre ce qu’on a dit au syndicat et ce qu’on a dit au Chef de l’Etat. Donc, on ne peut pas dire, à ce stade, qu’il n’a pas respecté son accord puisqu’il n’en a pas pris. Il n’y a aucune raison de douter de sa parole.

Pour conclure, je pense qu’on trouvera une solution, entre guinéens. Ce n’est pas une course contre la montre. L’essentiel est de bien faire les choses et à temps. J’appelle M. Soumah à poursuivre les négociations. Il n’y a pas d’ultimatum à discuter. Si on avait cette solution, il l’aurait eue.

Aujourd’hui, je souscris que nous sommes dans l’incapacité de trouver une solution, tel que voulu par le syndicat. Cela doit être clair dans l’esprit de tout le monde. L’Etat est incapable, compte tenu de sa trésorerie, de faire face aux 30%, immédiatement. Par contre, la volonté politique ne souffre d’aucun doute. Nous sollicitons un échelonnement et si la situation s’améliore, il n’y a pas de raison que la richesse créée ne soit pas repartie équitablement. Pour répondre à votre question, il y a eu une mauvaise gestion de ce problème, nous en payons aujourd’hui le prix et nous souffrons des conséquences malheureuses. Dès le début, le problème a été mal géré. Et d’une manière générale, je pense qu’il faut régler le problème de coordination au sein du pourvoir, de manière à ce que lorsqu’un problème est posé, on en discute pour trouver une démarche consensuelle et puis, ensemble, trouver une solution. On ne peut pas se comporter dans la majorité comme une équipe de rivaux ou d’adversaires. Il faut que nous allions de l’avant et que nous comprenions que chacun a sa place dans le rôle qui lui est dévolu. C’est en cela que chacun sera jugé. Et non, dans un one man show personnel, cela est impossible. Et si on considère que la réussite des uns, c’est l’échec des autres, on n’ira nulle art. J’insiste, quand un problème est posé, le minimum c’est de se concerter et ensuite, envisager une solution consensuelle. Ce qui se passe aujourd’hui, ce n’est pas l’affaire d’un gouvernement, ni celle d’un ministre en particulier mais c’est l’affaire de toute la Guinée », a-t-il expliqué.

Libreopinionguinee.com avec Guineenews 

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