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Élections communales : Bah Oury se prononce

À la fermeture des différents bureaux de vote pour les communales, tous les yeux sont braqués sur le dépouillement et les résultats tant attendus par les populations. Le 4 février, près de 5,9 millions de Guinéens se sont rendus aux urnes. Un scrutin émaillé d’irrégularités, selon plusieurs observateurs. A ce sujet, le fondateur du mouvement UFDG renouveau, Bah Oury fait sa lecture de fait sur cette journée électorale. De son constat, il dresse un bilan mitigé avant de pointer un doigt accusateur aux hommes politiques avec leurs délégations spéciales dans ce processus électoral.

Nous avons assisté ce dimanche 4 février au scrutin communal. Une première depuis plus de 13 ans. Quel bilan tirez-vous de cette journée ?

C’est une bonne chose que ces élections communales qui auraient dû intervenir depuis 2010, puissent avoir lieu maintenant, parce que c’était un déficit, dans les systèmes politiques et institutionnels de notre pays. C’est une bonne chose, malgré les défaillances, malgré le manque de confiance que la population a, à l’égard du politique de manière générale, que nous avons pu avoir ces élections communales. Ceci dit, le taux d’abstention est très très élevé. Et ça, ça prouve qu’il y a de difficultés, qu’il y a de travail à faire. Il y a un travail d’explication, de sensibilisation pour que nos populations se rendent compte qu’il s’agit de leur propre avenir et que les élections communales, ce sont les populations qui prennent en charge leur propre destin pour construire leurs collectivités. Mais, malheureusement, dans le cadre du système politique actuel, il y a certains responsables qui confondent ces élections communales avec les élections présidentielles. Il ne s’agit pas d’élire un président de la République, il s’agissait d’élire des gouvernements locaux pour 342 circonscriptions électorales de la République de Guinée. Malheureusement, ils ont phagocyté ce débat pour permettre aux uns et aux autres de savoir quelles sont les missions dévolues à leur collectivité au lieu de penser à tel où à tel. Ceci dit, avec le temps, les choses vont se corriger, et au renouveau (UFDG renouveau), nous allons continuer à impulser la dynamique pour que les gens qui sont les plus nombreux et majoritaires dans ce pays prennent en charge leur propre destin en s’organisant et en ayant un projet politique qui puisse rassembler l’ensemble du peuple guinéen dans les prochaines semaines et prochains mois.

Selon vous, qu’est-ce qui expliquerait cette grande abstention des citoyens à ce scrutin?

Je pense que les systèmes des politiques guinéens concentrent tout sur le pouvoir exécutif. Depuis 13 ans, nous n’avons pas eu des élections communales dans le pays. Et même si on remonte plus loin, depuis pratiquement 1990, nous n’avons jamais eu des élections communales qui puissent être crédibles, transparentes, apaisées, pour que les Guinéens puissent se prononcer et sachent que, ce sont eux-mêmes qui peuvent changer le sort à travers les équipes bien constituées et plus responsables. Ça pris du temps. Maintenant, actuellement en 2018, c’est un nouveau départ. Vous savez, lorsqu’on ne s’entraine pas, et on veut faire course, parfois, on peut mal prendre la course. Cette fois-ci, il y a une course qui est engagée, mais elle est mal enclenchée. On espère que d’ici 5 années, d’ici les 5 années prochaines, les choses vont être beaucoup plus renforcées et nous aurons le temps d’expliquer aux uns et aux autres et entre temps, avec la proportionnelle, ça oblige les uns et les autres à travailler. Je pense que de ce point de vue, c’est une innovation qui permettra de contribuer à apaiser les choses et à permettre à la population d’avoir une meilleure compréhension de ce qu’une commune, un élu et les responsabilités qui leur sont dévolues.

Ce scrutin a été entaché d’irrégularités, comme la détection des bureaux de vote fictifs, l’ingérence de certains chefs de quartiers dans le processus par endroits, le bourrage des urnes… Est-ce que votre mouvement UFDG renouveau va reconnaître les résultats ?

Pour le moment, il faut voir le processus. La pire des choses a été d’avoir des délégations spéciales qui ont gouverné nos communes pendant plus de deux années, en se partageant le pouvoir entre le RPG et l’UFDG de Cellou Dalein. Ça été la pire des choses. Parce qu’au niveau de ces délégations spéciales, les gens ont pris goût au pouvoir et ils n’ont plus chercher à acquérir une légitimité auprès de la population. Ceux qui ont de la légitimité les obligent à avoir des stratégies de confiscation du vote en organisant la fraude, en intimidant et en cherchant comment vaincre les autres de la manière la plus irrégulière. C’était prévisible. Ce n’est pas le fait d’avoir mis en place des délégations spéciales pendant deux années, qui veulent que coûte que coûte se perpétuer au pouvoir contre vents et marées. Et là, ce qui s’est passé, il ne faut pas s’en étonner. Je ne jette pas la pierre sur un seul camp et je sais que tous, ceux qui étaient dans les délégations spéciales ont cherché par tous les moyens à se succéder à eux-mêmes et briguant le processus normal des élections.

Quel est le message que vous avez à l’endroit non seulement des futurs maires, mais aussi aux citoyens guinéens ?

Je crois que c’est un nouvel apprentissage politique pour tout le monde. Ceux qui veulent s’investir de manière durable en politique, devront nécessairement changer, avoir une autre attitude vis-à-vis des populations. Comme je dis, on a connu 60 années d’indépendance, ils n’ont pas amené une gouvernance qui puisse permettre aux Guinéens d’espérer de vivre dans de meilleures conditions. Les soixante prochaines années démarrent maintenant. Ceux qui veulent dans quelques temps être parmi ceux qui comptent publiquement dans ce pays, devront profondément changer et j’ai espoir que les choses iront dans le bon sens. Je ne veux pas qu’on perde beaucoup de temps. La mauvaise gouvernance ne peut que générer le comportement du point de vue de la transparence reste à désirer. Cela vous ne pouvez pas jeter la pierre dans un seul camp. Tous les camps traditionnels ont été d’une manière ou d’une autre parmi ceux qui ont organisé cette dynamique de fraude et chacun bat la zone où il estime, il peut se permettre de faire ce que bon lui semble.

Moussa Thiam

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