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Coup d’État au Mali :  » la France a condamné avec la plus grande fermeté cette mutinerie »

Des soldats maliens ont tiré des coups de feu et pris le contrôle, mardi matin, du grand camp militaire de Kati, dans la proche banlieue de Bamako, suscitant l’inquiétude des pays voisins comme de la communauté internationale. Les raisons de ce coup de colère n’étaient pas immédiatement claires.

La situation se tend au Mali. Des militaires ont pris, mardi 18 août, le contrôle d’une garnison proche de Bamako, suscitant l’inquiétude des voisins du Mali tout comme de Paris et Washington quant à un éventuel renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta. Le chef de l’État est déjà confronté depuis deux mois à une contestation sans précédent depuis le coup d’État de 2012.

La Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), médiatrice au Mali, a affirmé dans un communiqué suivre « avec une grande préoccupation » la situation, « avec une mutinerie déclenchée dans un contexte sociopolitique déjà très complexe ». L’organisation appelle « les militaires à regagner sans délai leurs casernes » et « rappelle sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

La Cédéao « condamne vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ». Inquiets également, les États-Unis ont souligné, par la voix de leur émissaire pour le Sahel, Peter Pham, qu’ils « s’opposent » à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal, « que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité ».

« Des militaires en colère ont tiré en l’air »

En milieu d’après-midi, la situation restait confuse dans la capitale malienne et dans sa banlieue. Une chose est sûre : des militaires ont pris le contrôle dans la matinée du camp Soundiata Keïta, situé à Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako. « Des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l’air. Ils étaient nombreux et très nerveux », a expliqué un médecin de l’hôpital de la ville.

Les raisons de ce coup de colère n’étaient pas immédiatement claires. Ces militaires ont ensuite bouclé les accès de la garnison. Un soldat faisant partie de ceux ayant pris le contrôle du camp a affirmé qu’ils détenaient « plusieurs hauts gradés de l’armée, arrêtés par les frondeurs ».

Plusieurs chancelleries occidentales ont fait état de l’arrestation de personnalités politiques, dont des ministres, mais elles n’ont pas pu être confirmées de sources officielles, pas plus que celles concernant les hauts gradés. Ni la présidence, ni les services du Premier ministre n’avaient encore communiqué en milieu d’après-midi sur la situation. Celle-ci est « toujours volatile à Bamako », a indiqué l’ambassade de France, en répétant ses consignes de prudence.

De son côté, la France a condamné avec la « plus grande fermeté » cette mutinerie, selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères. « La France partage pleinement la position exprimée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) dans le communiqué qu’elle vient de faire paraître et qui appelle au maintien de l’ordre constitutionnel et exhorte les militaires à regagner sans délai leurs casernes », ajoute le Quai d’Orsay.

« Une situation sociale délétère »

Après l’annonce de la prise de contrôle du camp de Kati, des manifestants se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance de Bamako, épicentre de la contestation depuis juin, pour réclamer à nouveau le départ du président Keïta. Des manifestants ont incendié le cabinet d’avocats du ministre de la Justice, Kassoum Tapo.

Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion. À cela s’ajoute une « situation sociale délétère », selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5-Juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

AFP

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