Remaniement en France : voici tous les nouveaux ministres du Gouvernement d’Elisabeth Borne III

Le casse-tête du remaniement touche à sa fin: l’Elysée doit annoncer jeudi après-midi la nouvelle équipe gouvernementale avec la promotion de Gabriel Attal à l’Education et une surprise, l’arrivée à la Santé d’Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Elisabeth Borne.
La Première ministre est arrivée peu après 16H30 à l’Elysée pour mettre la dernière main à la liste des ministres avec Emmanuel Macron. Mais le casting s’est précisé avant même l’annonce formelle, qui sera suivie vendredi matin par un Conseil des ministres.
Bruno Le Maire à l’Economie, Gérald Darmanin à l’Intérieur, Sébastien Lecornu à la Défense, et même Olivier Véran, un temps donné partant, comme porte-parole du gouvernement: dans l’ensemble, les poids lourds devraient rester à leur poste à l’issue de ce remaniement qui reste limité.
Mais le changement à la tête des deux ministères-clés que sont l’Education et la Santé, sur des dossiers prioritaires du second quinquennat du président, semblent indiquer qu’Elisabeth Borne a réussi en partie son pari.
Ministres et conseillers décrivaient depuis lundi une bataille feutrée entre elle, qui espérait renouveler au moins ces deux postes pour asseoir son autorité, et lui, qui ne voulait qu’un remaniement marginal pour conserver la cartouche d’un grand chambardement pour des temps plus difficiles.
«L’objectif politique des deux têtes de l’exécutif a été atteint», estime un cadre du parti présidentiel Renaissance. «Elle redonne du souffle et s’entoure d’alliés. Il a de meilleures incarnations politiques sur ses priorités tout en se gardant l’opportunité d’un deuxième ajustement pour la campagne des européennes.»
Jeudi matin, le ministre sortant de la Santé, François Braun, semblait encore en passe de réussir à sauver son fauteuil, et s’était présenté sur le plateau de BFMTV, «plus que jamais» à «la tâche».
Bergé aux Solidarités
Finalement, il va être remplacé par Aurélien Rousseau, 47 ans, un proche d’Elisabeth Borne qui, avant de passer un an à Matignon, dirigeait l’Agence régionale de Santé d’Ile-de-France.
A l’Education nationale, c’est le départ d’un autre ministre de la société civile, nommé en 2022 sur volonté d’Emmanuel Macron: Pap Ndiaye va céder sa place au ministre délégué sortant du Budget, Gabriel Attal, 34 ans, étoile montante de la Macronie.
L’historien, souvent critiqué par ses collègues pour sa difficulté à imprimer sa marque sur des dossiers importants, avait reçu le soutien du chef de l’Etat la semaine dernière après avoir été accablé par la droite et l’extrême droite pour sa charge contre CNews.
«Première leçon pour la rentrée: on ne critique pas impunément Vincent Bolloré», propriétaire de la chaîne info, a déploré le patron du Parti socialiste Olivier Faure.
Le député Renaissance Thomas Cazenave va succéder à Gabriel Attal aux Comptes publics.
Issu lui aussi de la société civile, le ministre des Solidarités Jean-Christophe Combe va avoir comme successeure la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Aurore Bergé.
Le député La France insoumise Hadrien Clouet a immédiatement critiqué le choix d’une figure qui «s’est notamment distinguée en votant contre l’allongement du congé pour enfant décédé». «On sent tout de suite la fibre sociale et humaniste. La rentrée sera chaude», a-t-il lancé sur Twitter.
Olivier Klein quitte aussi le gouvernement, et son ministère sera scindé en deux: le maire divers gauche de Dunkerque, Patrice Vergriete, au Logement et la députée Renaissance de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple Macron, à la Ville, dossier d’autant plus sensible après les émeutes urbaines.
Autre député qui va faire son entrée, le MoDem Philippe Vigier va être nommé aux Outre-mer à la place de Jean-François Carenco. Son arrivée permet de maintenir les équilibres politiques avec le départ prévu de la ministre déléguée chargée des Personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq, également membre du parti centriste de François Bayrou.
La secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, va elle quitter l’exécutif après avoir été épinglée pour sa gestion du Fonds Marianne.
Dîner à l’Elysée, apéritif pour marquer la fin d’une session parlementaire particulièrement agitée: les derniers jours ont parfois pu virer au supplice pour les ministres dans l’incertitude.
Rentrée difficile
«Ce ne sont jamais des moments très agréables», mais «il faut toujours les traverser avec le maximum de calme, d’esprit du collectif et de respect», a concédé Emmanuel Macron mercredi soir devant les parlementaires qui le soutiennent.
Le président a fixé à son camp la feuille de route de la rentrée à dérouler avec «audace», «innovation» et une ligne «rassembleuse»: «innover» pour répondre aux émeutes, «inventer une écologie de progrès et de solutions» et se saisir du sujet explosif de l’immigration pour ne pas laisser «les extrêmes se nourrir».
Or le gouvernement ne dispose toujours pas d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Après l’épreuve du feu des retraites l’hiver dernier, Mme Borne va de nouveau batailler à coups de «49.3» pour faire adopter le budget 2024 face à des oppositions déterminées à en découdre.
Autant d’échéances sur lesquelles la Première ministre pourrait donc trébucher, après avoir déjà échappé de peu à une motion de censure sur les retraites.
Libreopinionguinee