Gouvernance en Guinée : le Premier ministre Kassory Fofana s’est-il fait taper sur les doigts par le président Alpha Condé ?

Le jeu politique est fait d’anticipation, hélas, aussi de tromperie. L’amour y est absent et seuls comptent les intérêts et le repositionnement permanent. Fort d’une longue expérience de lutte, le président qui a même aujourd’hui du mal à se départir de son manteau de militant, est passé maître dans cet art.
Ainsi, veillant au grain, le professeur , peut se faire toujours imprévisible. Le premier ministre, son « agneau dans la peau du lion », le sait pourtant par expérience.
Le couple exécutif serait-il dans la tourmente due au choc des ambitions, au leadership ?
C’est du moins l’explication qu’on pourrait donner aux déclarations du chef de l’Etat présidant jeudi 27 décembre 2018 le conseil ordinaire des ministres au palais Sekhoutouréyah. Visiblement, le patron de l’exécutif est loin d’apprécier entre autres, la gestion des crises sociopolitiques par le PM Ibrahima Kassory Fofana. Il l’a fait savoir à tous les membres du gouvernement y compris le principal concerné dans un ton inhabituel cachant mal sa colère. Non, c’est peu dire, le président était dans tous ses états hier, nous confie une source qui a vécu les faits.
Le locataire du palais Sekhoutouréya, qui tenait à marquer les limites au sein du couple de l’exécutif, aurait fermement rappelé que « la Guinée est un régime présidentiel et non parlementaire ». Autrement dit, c’est lui qui décide en sa légitime qualité de président élu, patron de l’exécutif. Il a ainsi intimé au locataire de la primature et ses hommes de se référer dorénavant à lui avant toute décision.
Les nombreuses sorties médiatiques de Monsieur Kassory Fofana dérangent-t-elles son patron ? Avait-il pris de décisions en dehors de ses prérogatives ? Serait-il trahi par son impatience ou son optimisme béat de briguer la magistrature suprême ?
Autant d’interrogations qui nécessitent des réponses à ce rappel à l’ordre du président de la République. D’aucuns au nombre des observateurs, parlent même de « guerre de leadership » à l’orée échéances électorales prochaines, législative et présidentielle.
Cette intervention inhabituelle du président présage-t-il la fin d’une collaboration ? Cela rabattrait davantage les cartes et le président tacticien pourrait s’en faire l’économie.
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