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Resco Camara devant le juge : « j’ai appelé Sékouba, il n’a pas décroché. J’ai appelé Tibou Kamara, il n’a pas répondu »

Les audiences criminelles se poursuivent au Tribunal de Première instance de Dixinn. Ce lundi, 23 avril 2018, le dossier du commandant Sékou Resco Camara et du Général Nouhou Thiam, anciens membres de la junte militaire qui a pris le pouvoir à la mort du président Lansana Conté, a été appelé en premier lieu.

Ces deux officiers, respectivement ancien gouverneur de Conakry et ancien chef d’état major général des armées, sont accusés d’avoir commis, le 23 octobre 2010 à l’encontre de 15 citoyens, des infractions de racisme, d’ethnocentrisme, de régionalisme, de menaces, séquestration, abus d’autorité, crimes et délits commis dans l’exercice de leur fonction. Des infractions prévues et punies par les articles 313 et suivants du Code Pénal guinéen.

Les accusés, aussitôt appelés à la barre par le président du tribunal Mangadouba Sow, la défense a pris la parole pour soulever des exceptions liées à la procédure de ce dossier. « Nous demandons l’annulation de cette procédure en déclarant cette action irrecevable par absence d’autorisation préalable. Il s’agit là, d’un dossier qui concerne un officier général de l’armée et un officier supérieur de l’armée. Au sens de l’article 48 du code de justice militaire, on ne peut pas porter plainte contre un officier général sans l’autorisation du chef de l’Etat. Et pour les officiers supérieurs, on ne peut pas porter plainte contre eux sans l’autorisation préalable du ministre de la défense. Ensuite, il n’y a pas eu d’acte de saisine du tribunal criminel. Et les Organisations Non Gouvernementales à savoir L’OGDH et la FIDH qui ont porté plainte ne sont pas habilitées à le faire », ont entre-autres soulevés maître Mohamed Bérété et maître Mohamed Traoré de la défense.

Dans sa réplique, la partie civile par la voix de maître Hamidou Barry, a rappelé au tribunal qu’ils ne sont pas « dans un tribunal militaire pour se soumettre à ces obligations préalables soulevées par la défense. Et les faits commis sont des infractions de droits commun et non des infractions d’ordre militaire. Alors, on vous demande de rejeter purement et simplement ces exceptions et d’ordonner l’ouverture des débats au fond ».

Prenant la parole, le procureur Alphadjo Barry a réitéré les mêmes propos lancés par le conseil de la partie civile. «Les faits commis sont des infractions de droit commun et non d’ordre militaire », a fait observer le procureur.

Après ce tiraillement, l’audience est suspendue pendant une trentaine de minutes pour procéder à la délibération. A la reprise, le président du tribunal Mangadouba Sow a rejeté ces exceptions tout en appelant Sekou Resco à venir s’expliquer à la barre.

Devant le tribunal, l’ex gouverneur de la ville de Conakry a nié en bloc les faits qu’on lui reproche. Selon lui, il n’a jamais prononcé ce jour des propos ethniques, mais plutôt il a tenté de calmer la situation. « Je n’ai jamais prononcé des propos de nature ethnique. Je suis un officier assermenté. Ce jour, les gens brulaient des pneus dans toutes les communes de Conakry. Je faisais la sensibilisation à Matoto et à Bambéto. Lorsque j’étais à Matoto, j’ai appris que des gens ont été arrêtés et ils ont été déposés à l’escadron numéro deux de Hamdallaye. Je suis venu sur les lieux, j’ai trouvé Aboubacar Sidiki Camara dit ‘’De gaule’’. Ce dernier m’a dit que ces gens ont attaqué le cortège présidentiel de Sékouba Konaté. J’ai dis à De gaule de les libérer. Il n’a pas obéit. Je suis allé trouver le président Sékouba Konaté pour plaider afin que ces gens soient libérés. Arrivé là-bas, j’ai trouvé Tibou Kamara qui est en train lui aussi de plaider pour que les enfants arrêtés soient libérés. Le général Sékouba m’a donné l’instruction de venir libérer les enfants. Arrivée à l’escadron, De gaule a refusé. Directement j’ai appelé Sékouba, il n’a pas décroché. J’ai appelé Tibou Kamara, il n’a pas répondu. J’ai quitté les lieux pour aller continuer mes sensibilisations » a-t-il expliqué.

En outre, Sékou Resco Camara a laissé entendre qu’il ne connaît rien de cette affaire et tout ce qui a été dit à son encontre, c’est pour juste le salir. « Je ne m’attendais pas à être appelé à la barre par ces victimes, mais plutôt j’attendais leurs remerciements » a-t-il dit librement à la barre.

Pour la suite des débats, le dossier a été renvoyé au lundi 25 juin 2018.

Source  Guineematin

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