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Renouvellement du bureau de l’INIDH, la caporalisation des institutions continue !

L’Institution Nationale Indépendante des Droits de l’Homme renouvelle son bureau ce jeudi. Une fois encore, l’entourage proche du Chef de l’Etat semble jeter son dévolu sur cette institution constitutionnelle, l’une des rares à conserver encore un semblant d’indépendance en Guinée. Décidément, les manœuvres s’accélèrent dans l’optique de 2020.

Elle avait été accouchée aux forceps, c’est connu. La loi organique portant organisation et fonctionnement de l’INIDH, soumise au président de la République pour promulgation avait été substantiellement modifiée dans les couloirs de l’exécutif, en violation de la législation guinéenne et des ‘’Principes de Paris’’.

Première conséquence de cette filouterie politico-juridique, la plénière du jeudi 29 mars, convoqué par un communiqué de la présidence de la république est totalement illégale. En effet si la mouture adoptée par le CNT en 2011 prévoit bien un mandat de trois ans, renouvelables deux fois consécutivement ou non, la version tronquée et officiellement publiée réduit ce mandat à deux ans renouvelables une fois pour quatre des cinq membres du bureau de l’INIDH. Quant au président de l’institution, l’article 10 de la loi organique L 008/CNT/2011 prévoit un mandat unique de trois ans.

Si donc le mandat de Mamady Kaba, président sortant, a expiré depuis le 11 février dernier, il convient de noter que les autres membres du bureau de l’INIDH officient en toute illégalité depuis plus d’un an, au vu et au su de cette même présidence de la République !

La deuxième conséquence, de loin la plus effarante, est la nomination par le gouvernement de 15 membres sur les 32 que compte l’institution. En outre le texte adopté par le Conseil National de la Transition prévoit que ces 15 fonctionnaires ont des voix consultatives ; le texte de la duperie leur attribue des voix délibératives. Bravo donc pour l’indépendance conférée par la Constitution à cette institution !

C’est autant dire que l’élection d’un homme lige, ou plutôt d’une femme du pouvoir ne sera qu’une formalité ce jeudi. A en croire quelques indiscrétions du palais, la mystérieuse pressentie, dame Morgan, serait une proche de Hadja Saran Daraba, mère du tout-puissant ministre directeur de cabinet de la présidence.

Comme à la HAC où trône une militante du parti au pouvoir, comme au Conseil Economique et social, à la CENI, à la l’Assemblée Nationale, à la Cour des Comptes, à la Cour Constitutionnelle, ou encore à la Médiature de la République, l’opération de phagocytage des institutions avance bien. Aucune voix de la société civile ni aucune barrière politique ne semble se dresser contre cette caporalisation de des composantes de l’Etat par le seul exécutif. Les calendriers court-termistes de ces derniers les empêcheront, une fois encore, de faire barrage à cette cannibalisation annoncée de la seule institution guinéenne qui osait encore dire non à la mal gouvernance.

Comme le disait le célèbre Général d’armée américain, Douglas MacArthur, « les batailles perdues se résument en deux mots : trop tard ! »

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